Jerusalem.B.gassenbauer

Pentecôte à Jérusalem

Voici une homélie que j’ai donnée en 2009. C’était après un séjour en Terre sainte et à Jérusalem où j’avais vécu la fête de la Pentecôte. En la relisant, à la lumière de la situation actuelle, j’ai désiré la partager en la mettant en ligne.

« Priez pour la paix de Jérusalem » (Psaume 122). Le Conseil œcuménique des Eglises invite ses Eglises membres et organisations partenaires à se joindre à une semaine de prière et d’action pour une paix juste en Palestine et Israël. Comme  je reviens de Terre sainte, j’aimerais vous partager quelques points forts de ce que j’ai vécu.

Avec ma femme Chantal et un couple d’amis, nous avons non seulement fait du tourisme ou visité les lieux saints, mais aussi rencontré « les pierres vivantes ». Chrétiens palestiniens à Bethléem, où à deux reprises nous avons été invités à un repas : chez un prêtre catholique, puis dans une famille grecque-orthodoxe. Nous avons aussi prié avec les protestants du Collège biblique de Bethléem.  Aller là-bas pour rencontrer les chrétiens des différentes Eglises est, à mon sens, une contribution pour la paix. En hébreu, comme en arabe, le mot paix a le sens d’un équilibre des relations.

Nous avons aussi visité des hommes de dialogue, passionnés par la rencontre et la réconciliation, comme le Père Emile Shoufani de Nazareth, qui a emmené juifs et arabes (chrétiens et musulmans) à Auschwitz, afin que les arabes sentent dans leur cœur la blessure du peuple juif. J’évoque aussi Salim Munayer, responsable du mouvement « Musalaha » (réconciliation en arabe), qui fait un remarquable travail de réconciliation entre jeunes israéliens et palestiniens en les invitant à faire l’expérience du désert sur un dos de chameau.      

 

Pentecôte juive                                                                               

Nos amis juifs n’étaient pas oubliés. C’était le temps de Pentecôte et nous avons participé à la fête juive de Shavouot, dont j’aimerais vous partager mon expérience. Je crois que je n’ai jamais vécu une fête de Pentecôte aussi intense et arrosée. En fait je l’ai vécue à quatre reprises.

D’abord, la fête juive. Elle commençait le jeudi soir. Cette nuit s’appelle Leil Tikoun, la nuit de la réparation et les juifs pratiquants étudient toute la nuit, en réparation du fait que le peuple a dormi au pied du Sinaï pendant que Moïse recevait la Loi. La fête juive de Pentecôte (ou Shavouot) est donc la commémoration du don de la Loi. Dans toutes les Synagogues il y a des activités, des enseignements. En passant devant elles, on entendait les gens parler et chanter.

C’est sans doute durant cette nuit d’études que le Saint Esprit est descendu sur les disciples ! Un Midrash raconte un cas de juifs pieux, qui étudiaient avec une telle ferveur, qu’au-dessus de leurs  têtes, des petites flammes se mettaient à danser…… 

Vers la fin de la nuit, avant que le soleil ne se lève, ils vont à pied au Mur Occidental. Nous nous sommes également levés à 4h du matin pour nous y rendre. Alors toute l’esplanade devant le Mur se remplit avec des familles entières. C’était une vue inoubliable. Avec des sœurs de la communauté de Grandchamp, nous avons lu le livre de Ruth, qui est lu dans ce cadre (car Pentecôte est aussi la fête des récoltes).

 

Une eucharistie inoubliable

Nous nous sommes ensuite rendus à la communauté des sœurs de Sion, qui habitent à Ecce Homo (là où se trouvait le palais de Pilate) et nous avons participé à l’Eucharistie. Nous étions sur la terrasse où on a la plus belle vue sur Jérusalem et le Mont des Oliviers. Les textes et les prières ont été ceux de Pentecôte.

Le soleil se levait sur Jérusalem, à l’est nous voyions les lieux saints musulmans où des milliers de croyants étaient en prière, car on était vendredi, jour de prière pour l’Islam, et à l’ouest des milliers de juifs rassemblés pour cette grande fête de pèlerinage. Et, au milieu, nous étions ce petit nombre sur une terrasse, symbole des chrétiens  en terre sainte, une petite minorité, dont la vocation est d’être grain de sénevé, levain dans la pâte. Ouvriers appelés à la foi, la paix et au dialogue.

Le lendemain, nous avons participé à la célébration d’une communauté messianique, qui se réunit le shabbat. C’était une grande joie de pouvoir célébrer en hébreu le repas du Seigneur avec eux. Enfin le dimanche de la Pentecôte chrétienne, j’ai participé au culte de l’Eglise luthérienne. Culte magnifique avec deux chorales et une assemblée nombreuse.

 

« Arrosés »

Après avoir participé à ces fêtes, j’ai eu l’impression d’avoir été abondamment arrosé. Je me suis alors souvenu du Mont Hermon, dont nous avions vu les dernières neiges de printemps, lorsque nous étions en Galilée. Plusieurs coulées de neige descendaient encore du sommet, et chacune donnait l’eau si nécessaire dans cette région aride. Un psaume parle de la bénédiction du Seigneur au milieu de son peuple, comme de la rosée qui descend du mont Hermon (133). Il me semblait que ces diverses coulées de neige représentaient ces différentes communautés que nous avions visitées.

Dans chacune, qu’elle soit petite ou grande, ancienne ou récente, il y a l’eau vive de la relation fraternelle, la vie de l’Esprit. Il me semblait également qu’il y avait comme un appel venant d’en Haut pour reconnaître une présence de l’Esprit  dans chacune. De mettre aussi en valeur tout ce qu’il y a de beau chez tous et de nous entraider à avancer sur nos chemins.

Enrichi et fortifié par la foi et la prière de ces différentes communautés, j’ai à nouveau réalisé combien il est important de soutenir les chrétiens de Terre sainte par nos prières. C’est pourquoi je vous inviterai, tout à l’heure à nous associer à une prière où les responsables des Eglises de Jérusalem invitent les Eglises du Monde à prier avec eux.

 

« Les escaliers de l’unité »

Nous avons commencé à le faire à la fin de notre séjour à Jérusalem. Après avoir rencontré tant de personnes différentes, entendu tant de points de vue et constaté tant de blessures, nous nous sommes rendus vers un escalier qui se trouve en dessous du Mont Sion. Un long escalier de pierre qui a résisté à l’usure du temps et qui date de l’époque de Jésus. C’est par là – selon une tradition – que Jésus descendit au dernier soir, après son dernier repas, lorsque « les yeux levés au ciel » rempli d’étoiles, il se mit à prier : « Père qu’ils soient un pour que le monde croie que tu m’as envoyé ».

En écho  à cette prière unique que Jésus a prononcée avant de mourir et qui est comme son testament spirituel, prière pour l’unité de tous, si grande et profonde, que seul le Père a comprise pleinement, nous avons alors prié pour tous ceux que nous avons rencontrés.. La vue au loin du mur qui divise tragiquement Jérusalem nous a conduit à prier de manière fervente pour la paix, la justice et la réconciliation sur une terre où le Dieu de pardon et de miséricorde a marché. (lire ici une méditation sur ces escaliers)

Et s’il a marché sur cette terre, il y a deux mille ans, c’est dans le but de faire de toutes les  terres des espaces où il peut s’infiltrer dans la mesure où amour et justice nous animent.

 

Une prière

Père céleste, Nous te rendons grâce et nous te louons pour le don que tu nous a fait de ton fils unique Jésus – sa naissance à Bethléem, son ministère en terre sainte, sa mort sur la croix, sa résurrection et son ascension. Il est venu pour racheter cette terre et le monde. Il est venu en Prince de la paix. Nous te remercions pour chacune des Eglises et des paroisses qui, dans le monde entier, prient avec nous en cette journée pour la paix. Notre cité sainte et notre terre ont profondément besoin de paix.

Dans ton mystère insondable et ton amour pour tous, fais que la puissance de ta rédemption et de ta paix transcende toutes les barrières culturelles et religieuses et emplisse les coeurs de tous ceux qui te servent ici, des deux peuples – israélien et palestinien – et de toutes les religions.

Envoie-nous des dirigeants politiques prêts à consacrer leur vie à l’établissement d’une paix juste entre leurs peuples. Donne-leur le courage de signer un traité de paix qui mette fin à l’occupation imposée par un peuple sur un autre, accorde la liberté aux Palestiniens, donne la sécurité aux Israéliens et nous libère tous de la peur. Fais qu’ils comprennent le caractère sacré de ta cité et qu’ils l’ouvrent à tous ses habitants – palestiniens et israéliens – et au monde.

Sur la terre que tu as sanctifiée, libère-nous du péché de la haine et du meurtre. Libère les âmes et les cœurs des Israéliens et des Palestiniens de ce péché. Apporte la libération à la population de Gaza soumise à des épreuves et des menaces sans fin.

Nous plaçons notre confiance en toi, Père céleste. Nous croyons que tu es bon et que ta bonté l’emportera sur les maux de la guerre et de la haine qui frappent notre terre. Nous appelons ta bénédiction en particulier sur les enfants et les jeunes: fais que leur angoisse et leur crainte du conflit fassent place à la joie et au bonheur de la paix. Nous prions aussi pour les personnes âgées et celles qui sont handicapées, pour leur bien-être et pour la contribution qu’elles peuvent apporter à notre avenir commun.

Nous prions, enfin, pour les réfugiés dispersés dans le monde à cause de ce conflit. Que Dieu donne aux politiciens et aux gouvernements responsables de leur sort la sagesse et le courage de trouver des solutions convenables et justes. Tout cela, nous te le demandons au nom de Jésus. Amen.

 

Aquarellle de Jérusalem, par Beni Gassenbauer

 


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