watanabe soichi the coming of the holy spirit

La prière: exigences et exaucement

« Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera » (Jean 15,16) Jésus dit ces paroles alors qu’il vient de prendre son dernier repas avec ses disciples. Il vient aussi de leur laver les pieds. Après ces deux actes où il a montré tout son amour, il leur donne son testament.

Si l’on est attentif aux dernières paroles que prononce un père alors qu’il est sur son lit de mort, quelle portée auront les dernières paroles d’un Dieu ?

Jésus leur parle et leur demande de vivre ses paroles. Vivre ses paroles, c’est faire son commandement.

Ce commandement, il l’appelle nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Si ses disciples vivent ainsi, il continuera à être présent au milieu d’eux, comme il l’a été en ce soir avant qu’il soit livré aux mains de ses bourreaux. Voilà ce qui a caractérisé les premiers chrétiens : un amour réciproque, mutuel et constant, qui rend possible la venue de Jésus au milieu de la communauté.

Ainsi s’accomplit l’espérance de tous les prophètes, à savoir que Dieu sera au milieu de son peuple: « Ne crains rien ! L’Eternel, ton Dieu est au milieu de toi comme un héros qui sauve ! » (Soph 3,16)

 

Prier en son nom

Or Jésus fait ici une promesse extraordinaire. Regardons-là de plus près. Il promet que tout ce que nous demanderons au Père en son nom, il nous l’accordera.

Quel grand de ce monde, quel roi, quel père, quel mère, quelle personne – même si elle nous aime de tout son cœur – pourrait nous promettre de nous donner « tout » ce que nous demandons ?

Seul Dieu peut parler ainsi. Ses possibilités n’ont pas de limites. Toutes les grâces sont en son pouvoir. Les grâces terrestres et les grâces spirituelles, celles qui sont possibles et celles qui ne le sont pas.

Voyons ce que Jésus veut dire par ces paroles :

a) D’abord il nous dit comment prier. « En mon nom ». Trois petits mots qui font la différence et qui donnent des ailes à notre prière. Nous n’allons pas auprès du Père en notre nom propre, mais en son nom. C’est comme s’il nous disait : je suis ton frère et je vais auprès de mon Père pour parler de toi auprès de lui. C’est lui qui règle les choses avec le Père, comme un ambassadeur. Il nous représente auprès de lui, lui explique notre situation. Jésus connaît notre situation, les besoins que nous avons, car il les a vécu quand il était sur terre. Il veut notre bien, notre vie. Il sait que le Père ne peut rien lui refuser. Il est son fils et il est aussi Dieu.

 

Prier ensemble

b) Jésus nous invite à demander ensemble, pas seulement seul. C’est une petite révolution, car nous avons été habitués à prier seul, à ne pas partager avec les autres ce qui nous tient à cœur ou ce qui nous pèse. Dans le même texte cité ci-dessus le prophète Sophonie le disait aussi: il annonce qu’un « reste de gens humbles et pauvres cherchera refuge dans le nom du Seigneur ».

Chercher refuge dans le nom du Seigneur, c’est le prier ensemble. Pas seulement seul, mais ensemble, nous mettre d’accord. C’est ainsi que la communauté fraternelle se construit : lorsque j’ouvre consciemment mon cœur au frère ou à la sœur. Lorsque je fais le vide en moi pour accueillir sans jugement et arrière pensée ce que le frère me confie. Et lorsque nous apportons ensemble ce qui a été partagé au Christ, après nous être mis d’accord entre nous.

Le soir, il est nécessaire de prier ensemble, avant de nous coucher.

La petite sœur Thérèse de Lisieux a dit : « J’aime beaucoup les prières communes car Jésus a promis de se trouver au milieu de ceux qui s’assemblent en son nom, je sens alors que la ferveur de mes sœurs supplée à la mienne ». « Unies en Lui, nos âmes pourront en sauver beaucoup d’autres car ce doux Jésus a dit : « Si deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ».1

Et si tu es seul. Si tu n’as personne avec qui partager et prier, la première chose à demander au Seigneur est quelqu’un avec qui partager et prier. Demande le avec foi, dans le nom de Jésus, qui connaît ce besoin de partage et de relations vraies qui est dans ton cœur. Car lui-même a vécu ainsi, suscitant autour de lui l’amitié spirituelle, entraînant dans son sillage tant d’hommes et de femmes qui portent les fardeaux les uns les autres.

 

Prier dans la lumière

c) Un autre point très important. Prier en s’assurant la présence de Jésus, fruit de l’amour réciproque et de l’unité. Pour bien demander et obtenir, il faut qu’il y ait cette présence de Jésus, qui ne s’établit entre nous que si les relations entre nous sont vraiment clarifiées, mises en lumière. Pour pouvoir prier ensemble, il faut au moins être deux. On ne peut faire une prière communautaire seul.

Mais il ne suffit pas d’être ensemble pour que notre prière soit écoutée par le Père. Il faut être ensemble « dans le nom de Jésus ». Et ceci, nous expliquent les Pères de l’Eglise, signifie être réunis dans son amour, dans l’amour réciproque, dans un pardon qui implique une amnistie totale, un regard nouveau sur le frère et la sœur, comme si nous le rencontrons pour la première fois.

S’il y a cette communion de cœur, de pensée et d’âme (qui est la vocation à laquelle le Christ nous appelle quand il prie pour que « tous soient un »), alors Jésus met dans notre cœur et sur nos lèvres les mots qui vont droit au cœur du Père.

Et alors ont peut tout lui demander. Et nous obtiendrons tout.

L’amour réciproque et l’unité obtiennent tout, même ce qui nous paraît impossible.

L’amour obtient tout, c’est vraiment ce que Jésus promet lorsqu’il dit : « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

 

Exaucement et non-exaucement

d) Mais il se peut que vous me demandiez : « J’ai demandé, et redemandé, au nom du Christ, mais je n’ai rien obtenu ».

C’est possible. Ailleurs Jésus nous dit d’autres choses sur l’exaucement de la prière :

Par exemple, il dit que l’on est exaucé si l’on « demeure » en lui, c’est-à-dire dans sa volonté. Pour réaliser le chef d’œuvre que le Père a pensé pour nous, il nous invite à faire sa volonté, instant après instant, en marchant un pas après l’autre, sans nous préoccuper du lendemain. Il nous invite à l’aimer et à la chercher en tout, même à le rencontrer dans les moments difficiles de notre vie.

De plus, Dieu ne veut pas seulement en vue de nous faire de petits cadeaux, mais il a en vue la plénitude de notre bonheur. Et cette plénitude s’obtient en vivant les paroles de Dieu. Il ne suffit pas d’y penser ou de méditer la Parole. La Parole est à vivre.

Vivons-nous sa Parole ? La joie de Dieu au milieu de nous, c’est de nous donner grâces sur grâces. Malheureusement, le plus souvent, c’est nous qui lui lions les mains.

Vivons en demandant au Christ un ou des compagnons de route et de prière. N’attendons pas plus longtemps. Prenons ce soir cette résolution, si nous ne l’avons pas encore fait. C’est possible à tout âge.

J’aimerais terminer avec cette histoire de trois enfants qui m’a été transmise :

« Un jour, nous étions en train de regarder la télévision lorsque notre maman est venue nous dire qu’une de nos amies de six ans avait été portée d’urgence à l’hôpital à cause d’une appendicite et qu’elle devait être opérée. Alors tous ensemble nous nous sommes rappelés de la parole de Jésus et nous avons demandé à Dieu au nom de Jésus que l’opération se passe bien. Le soir même nous avons appris que notre amie s’était tout à coup arrêtée de pleurer, qu’elle s’était mise à jouer dans son lit et que, quand le médecin était venu pour l’opérer, il avait dit que ce n’était pas nécessaire pour l’instant, même s’il faudrait bien le faire plus tard. Nous avons demandé à la maman de notre amie à quelle heure elle s’était arrêtée de pleurer. C’était juste le moment de notre prière. Nous avons éprouvé une grande joie en voyant que Dieu nos avait exaucé et que s’il voit qu’une chose est bonne pour nous, il nous la donne ».

1 Cf C. Lubich, Le Christ au milieu des siècles, p. 190.

Image : Soichi Watanabe (Japonais, 1949-), La venue du Saint Esprit, 1996.


Publié

dans

par

Étiquettes :