Medecine preuves

Covid-19 et médecine basée sur les preuves ou médecine basée sur l’expérience ?

Les questions controversées des traitements précoces et du repositionnement des médicaments (voir mon étude ici) posent une autre question : celle de la méthodologie. Après en avoir discuté avec plusieurs médecins, je me risque à écrire ces quelques lignes. D’ailleurs je retrouve un questionnement analogue dans le champ de compétence qui est le mien, en particulier celui du lien entre la théologie universitaire, le terrain ecclésial et la spiritualité.

D’après ce que j’ai compris en méthodologie, si l’on veut faire une bonne synthèse, il faut, au préalable, des bonnes analyses. Dans le domaine médical, ces dernières sont les essais contrôlés randomisés par placebo en double aveugle qui fournissent des informations précieuses. Mais leurs résultats peuvent aussi être biaisés. Je l’ai constaté en étudiant notamment le débat autour de l’Ivermectine.

D’autre part on ne peut tirer des conclusions générales à partir d’un seul essai. Il faut les confronter à d’autres essais et les intégrer dans des méta-analyses, lesquelles peuvent aussi être orientées comme je l’ai constaté également sur la question de l’Ivermectine.[1]

Un médecin de première ligne avec une longue expérience de terrain m’a écrit ceci après un entretien sur cette question : « En fait tu as mis le doigt sur un problème de fond qui sépare les communautés médicales en deux camps retranchés depuis des années ; les académiques et ceux sur le terrain. Ce problème a un nom : EBM, Evidence based medicine.

Pour les scientifiques purs et durs, seul ce qui a été prouvé peut être utilisé, avec tout le temps des études qui sortent et qui disent tout et son contraire. Pour les médecins sur le terrain, qui utilisent parfois des médicaments en indication « off label », c’est une limitation ridicule et nous avons opposé à cette idée un autre EBM : Experience based medicine.

C’est irréconciliable malheureusement, du moins pour le moment et nous en sommes encore à l’âge de pierre qui prétend que tout ce qui n’a pas encore été prouvé n’est pas vrai ou utilisable. Inutile de dire que les vieux généralistes ont de la peine avec les limitations d’EBM, mais que les jeunes y sont souvent formatés, du moins au début ».

Deux approches difficilement réconciliables pour ce médecin qui n’a pas mis des gants pour affirmer cette tension entre le terrain et l’université ! Certes, dans l’idéal, il ne faudrait pas opposer une médecine basée sur des preuves à une médecine basée sur l’expérience. Pour arriver à un discernement pour le bien des patients, elles devraient se compléter, voire s’interpeler.

Il paraît évident qu’il faut tenir compte à la fois des études scientifiques et des observations de terrain, du bon sens et des études statistiques, etc… Tout est relié et tous doivent absolument coopérer, quels que soit leurs champs de compétences. [2] Cependant, dans les faits je constate du mépris chez ceux qui dénigrent l’expérience des médecins de première ligne utilisant des médicaments repositionnés.

La médecine, autant un Art qu’une Science

Un autre médecin avec lequel je corresponds ajoute une autre dimension : la médecine académique est devenue « défensive » : « le problème, m’écrit-il, n’est pas de rechercher ce qui peut être le plus bénéfique au patient, mais de « se couvrir », pour que personne ne puisse rien vous reprocher. Et pour se couvrir, Il faut avoir son regard tourné vers le rétroviseur, puisque l’« Evidence based medicine » ne peut que s’appuyer sur ce qui est dans le passé ».

Selon lui, cette médecine défensive écarte complètement l’attitude empirique qui consiste, face à une situation nouvelle, à tenter de nouvelles approches, lesquelles, par définition, ne peuvent être basées sur des preuves. Dans ce sens, des cadres du CHUV (Lausanne) et des HUG (Genève) ont déclaré au journal L’Illustré qu’on introduirait des médicaments repositionnés lorsque leur efficacité aurait été démontrée (sous-entendu, par d’autres…).

Alors que plus de 800 études scientifiques indiquent une action positive de ces médicaments[3] et que des milliers de médecins les utilisent de par le monde, le journaliste de l’Illustré conclut de manière péremptoire et sur la base d’interviews de seulement quatre médecins : « Un enseignement majeur se dégage : toutes les pistes suscitant un espoir de traitement ou d’amélioration, même les plus ténues, sont explorées avec le plus grand intérêt et la plus grande rigueur scientifique avant, malheureusement, d’être abandonnées ». [4]

Comme je le relevais dans un autre article, le mépris des traitements précoces et le rejet des médicaments repositionnés fait partie du « narratif » officiel de la gestion de la pandémie. Il s’oppose à un autre narratif lequel provoque une dissonance cognitive. Entre les deux il y a un langage de sourds et il est difficile d’en débattre avec écoute et respect réciproques.[5]

« L’Evidence Based Medicine oublie l’essentiel : la médecine n’est pas une science, c’est un Art. L’être humain ne peut être réduit à une simple équation et c’est l’expérience de l’examinateur qui fera la juste prescription. Comme disait Hippocrate, le médecin voit la maladie à travers son patient et le patient ne peux être isolé du monde environnant. Bien sûr que le médecin doit tenir compte des études scientifiques mais pas seulement, il doit tenir compte avant tout de son expérience et du patient en tant qu’individu et être vivant dans un environnent qui lui ai propre », m’a écrit le Dr Arturo Perez qui s’insurge contre la position unilatérale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Dans sa prise de position au sujet de l’Ivermectine, par exemple, l’OMS ne tient en effet aucunement compte des observations de terrain, mais se fonde uniquement sur l’« Evidence based medicine ». Elle donne une interprétation sélective de certaines études randomisées pour « déconseiller d’utiliser l’Ivermectine pour traiter la COVID-19 en dehors des essais cliniques »[6], au détriment d’autres études et de méta-analyses qui concluent à une efficacité de l’Ivermectine.

L’efficacité d’un médicament repositionné doit en effet être indiquée à partir d’un large éventail de données et de sources scientifiques, au-delà des seules preuves issues d’essais contrôlés randomisés, comme l’illustre le diagramme ci-dessous. La recommandation de son usage se base donc sur la totalité de ces données, pas seulement sur une seule comme le voudraient ceux qui ne jurent que par l’« Evidence based medecine » ![7]

Methode medecine

Quelques observations basées sur l’expérience à partir du cas de l’Ivermectine

L’Ivermectine est un médicament antiparasitaire dont la découverte a été récompensée par le prix Nobel en 2015 pour avoir contribué à éliminer certaines maladies parasitaires grâce à la distribution de plus de 3,7 milliards de doses, dans le cadre de campagnes de santé publique depuis 1987…et ceci sans effets indésirables graves.

Depuis 2012, de nombreuses études in-vitro et in-vivo ont indiqué de puissants effets antiviraux de l’Ivermectine contre un large éventail de virus, dont le Sars-CoV-2. J’ai cherché à comprendre ailleurs « le passionnant débat sur l’Ivermectine pour le traitement contre la Covid-19 ».

Voici quelques observations basées sur l’expérience de ceux qui l’ont utilisée. En Suisse romande, le Dr. Arturo Perez a écrit dans un « tweet » : « Après avoir traité plus de 300 patients avec I’IVM, AZT, Z, Vit C et D, je déplore une hospitalisation…Face à mes patients, les études scientifiques, mon expérience et mon patient guident mon ordo ».[8]

Question posée au Professeur Nagao, du Japon : « Vous avez soigné plus de 500 patients atteints du Covid. Est-ce que vous avez eu des cas de patients qui ont pris de l’Ivermectine, se sont sentis mieux, mais dont l’état s’est dégradé après » ? Réponse de Nagao : « Non, aucun ».[9]

Aux USA le Dr. David Chesler a soigné plus de 250 résidents de sept maisons de retraite avec de l’Ivermectine. A l’heure du bilan, le taux de mortalité des patients traités par son collègue qui n’avait pas utilisé l’Ivermectine était d’environ 22% alors que le sien était de 3%. Une émouvante vidéo en témoigne.[10]

Et que dire de cette étude observationnelle géante (233’849 patients) sur l’impact de l’Ivermectine dans la ville de Mexico ? « Le résultat est très significatif puisqu’il est montré qu’il y a entre 62% et 76% de probabilités en moins d’être hospitalisé si vous avez accès au traitement », déclare la responsable de la santé de la municipalité de cette immense ville lors d’une conférence presse.[11]

Au Pérou, un programme de distribution de l’Ivermectine à l’échelle nationale, appelé « Mega-Operación Tayta » (MOT), a été lancé dans 25 États du Pérou en mai 2020 et a entraîné une baisse de 74 % de la surmortalité régionale en un mois.[12]

A La Misiones en Argentine, le ministère de la Santé a constaté une réduction de 75 % du besoin d’hospitalisation et une réduction de 88 % des décès grâce à l’usage de l’Ivermectine.[13]

Et comment expliquer que l’état brésilien d’Amazonas a présenté une mortalité cumulée plus de cinq fois supérieure à celle de l’état voisin de Pará ? Sinon par le soutien explicite du gouvernement de l’état de Para au traitement ambulatoire précoce, dont l’Ivermectine qui peut être achetée sans ordonnance.[14]

En Inde, face au variant Delta la meilleure arme n’a pas été la vaccination (moins de 2% de la population l’avait reçue à ce moment) mais les traitements précoces. Ce sont eux qui ont arrêté l’épisode épidémique, particulièrement dans les états qui ont utilisé l’Ivermectine.[15] Même l’OMS a dû reconnaître l’efficacité de ces traitements, tout en passant sous silence l’usage de l’Ivermectine, ce qui a conduit un groupe d’avocats indiens à porter plainte contre la directrice scientifique de l’OMS pour cette omission.[16]

Enfin, une quarantaine de témoignages de médecins de première ligne, venant de cinq continents, sont donnés sur le site de la « Journée mondiale de l’Ivermectine » (le 24 juillet 2021). Avec enthousiasme ils disent comment leur découverte de l’Ivermectine leur a permis de soigner avec succès des milliers de patients et a révolutionné leur perception de la gestion sanitaire de la pandémie.[17]

Pourquoi mettre en doute ces témoignages basées sur leur expérience quotidienne de bientôt une année ? Ne faut-il pas une bonne dose d’ignorance, de parti pris, voire d’aveuglement ?

Martin Hoegger, 4 sept. 2021

Coronavirus: autres ressources

[1]  Sur la Médecine basée sur les preuves, voir l’article de  Meier, Bernhard, Nietlispach, Fabiàn «Pièges de la médecine fondée sur les preuves». Forum Med Suisse. 2019;19(1516):254-258. https://medicalforum.ch/fr/detail/doi/fms.2019.08056; Entretien avec le Pr Gérard Reach, « Les limites de l’Evidence-Based Medicine » https://static.springer.com/sgw/documents/1418043/application/pdf/Reach_Tout+Pr%C3%A9voir.pdf Lire aussi les réflexions de l’équipe de TrialSites, en lien avec la gestion de la Covid-19 :  https://trialsitenews.com/ivermectin-study-appears-fraudulent-but-not-a-surgisphere-moment/?utm_source=Contextly&utm_medium=ChannelEmail&utm_campaign=Ivermectin&utm_content=Notification

[2] Telle est l’approche de deux collectifs de médecins qui veulent promouvoir l’Ivermectine : le « Front Line COVID-19 Critical Care Alliance » (FLCCC – aux USA). https://covid19criticalcare.com/ et le « British Ivermectin Recommendation Development Group » (BIRD – en Grande Bretagne). https://bird-group.org/.

[3] https://c19early.com/

[4] « Covid-19: les soupçons qui font polémique ». https://www.illustre.ch/magazine/covid-19-les-soupcons-qui-font-polemique

[5] “Le narrative de la gestion de la pandémie ». https://martin.hoegger.org/index.php/2-uncategorised/616-narratif-pandemie

[6] Cf World Health Organization, Therapeutics and Covid-19. 31.3.2021, p. 15ss https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/340374/WHO-2019-nCoV-therapeutics-2021.1-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y

[7] Le tableau ci-dessous se trouve en : FLCCC Alliance, Summary of the Evidence for Ivermectin in COVID-19. August 2021 https://covid19criticalcare.com/wp-content/uploads/2021/08/SUMMARY-OF-THE-EVIDENCE-BASE-FINAL.pdf

[8] Tweet du 10 mai 2021, sur le compte Twitter @PerezArturo3, supprimé à son insu ! Son Tweet du 24 août 2021 reprend ces données.

[9] Cf. https://twitter.com/GabinJean3/status/1426910867799646208

[10] https://crowdbunker.com/v/iuVPliH6ub

[11] Cf https://twitter.com/GabinJean3/status/1393466173858189315?s=20 Cf. Ivermectin and the likelihood of hospitalization due to COVID-19: results of a quasi-experimental analysis based on a public intervention in Mexico City. https://osf.io/preprints/socarxiv/r93g4/?s=09

[12] Chamie-Quintero, Juan and Hibberd, Jennifer and Scheim, David, Sharp Reductions in COVID-19 Case Fatalities and Excess Deaths in Peru in Close Time Conjunction, State-By-State, with Ivermectin Treatments (January 12, 2021). https://ssrn.com/abstract=3765018

[13] https://www.pagina16.com.ar/ivermectina-brindan-resultados-parciales-de-monitoreo-en-el-uso-ampliado-en-pacientes-positivos/

[14] Emmerich FG. Comparisons between the Neighboring States of Amazonas and Pará in Brazil in the Second Wave of COVID-19 Outbreak and a Possible Role of Early Ambulatory Treatment. Int J Environ Res Public Health. 2021 Mar 24;18(7):3371. https://www.mdpi.com/1660-4601/18/7/3371

[15] Cf. https://blog-gerard.maudrux.fr/2021/05/28/inde-covid-et-ivermectine-suite/

[16] Health Policy watch, 181.6.2021. Indian Bar Association Rebukes WHO Chief Scientist Over Ivermectin Guidelines for COVID Treatment. https://healthpolicy-watch.news/indian-bar-association-rebukes-who-chief-scientist-over-whos-ivermectin-guidelines-for-covid-treatment/

[17] Cf. https://worldivermectinday.org/


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