Le paralytique, la Lectio divina et moi.

Ce récit de guérison d’un infirme (Actes 3,1-10) a été approfondi lors de la dernière rencontre du groupe de « Lectio divina » qui se réunit au Mont sur Lausanne, avec le livret de l’École de la Parole en Suisse romande, sur le thème « Sauvés ! Chemins de guérison chez Luc, le médecin ».

D’autres textes de guérisons sont proposés dans ce livret, ainsi que plusieurs prières. Un document précieux qui permet de mettre des mots d’espérance et de confiance…sur nos maux !

Après ce message, j’ai demandé à l’une des participantes de donner un bref témoignage sur ce qu’elle reçoit à travers ce groupe.

Je voudrais intituler ces quelques lignes ainsi : « le paralytique, la Lectio divina et moi ».

Tout d’abord quelques mots sur ce texte !

Le paralytique et ses amis

Ce paralytique a besoin chaque matin d’être amené à l’une des portes du Temple de Jérusalem. Il a besoin de ses amis pour le porter. (Mais sont-ils vraiment ses amis ?) Il ne peut se suffire à lui-même. Il est l’image même d’une personne dépendante.

Il me rappelle un autre paralytique amené par quatre amis aux pieds de Jésus, à travers le plafond d’une maison.

Ces amis symbolisent toutes les personnes qui prient pour nous : intercéder, seul ou à plusieurs, pour un ami ou même p0ur un ennemi, est semblable au geste de ces hommes qui apportent chaque jour ce paralytique à la Belle Porte.

J’admire la persévérance de ces amis. Depuis combien de temps ?

Moi aussi je suis ce paralytique et j’ai besoin d’amis qui prient pour moi. Je sais que plusieurs avaient prié pour moi pour que je devienne un chrétien conscient et engagé. Aujourd’hui encore, alors que je le suis devenu depuis plus de 45 ans, j’ai toujours besoin d’intercesseurs.

Comment prions-nous pour nos amis, nos voisins, les membres de nos familles qui ne connaissent pas encore personnellement Jésus ? J’aimerais attirer votre attention sur une initiative de l’Église anglicane intitulée « Thy Kingdom Come » – « Que ton règne vienne » !  https://www.thykingdomcome.global/fr

Elle invite à une démarche très simple : à prier pour cinq personnes durant les 10 jours entre l’Ascension et Pentecôte. Voulez-vous vous joindre à cette initiative ? Alors prenez un moment pour noter les noms de cinq personnes pour lesquelles vous allez prier tous les jours durant dix jours. Vous verrez comment votre relation avec eux va changer et comment vous aurez sans doute un accès différent auprès d’eux afin de témoigner de votre foi dans le Messie mort et ressuscité !

Mendier l’Esprit

Ce paralytique est aussi un mendiant. Il s’attend à recevoir quelque chose de la part des apôtres, mais il recevra bien au-delà de ce qu’il a pu rêver et imaginer.

Pierre et Jean ne lui donnent ni or, ni argent, mais ce qu’ils ont de plus précieux : la vive présence de Jésus. Le don c’est Jésus lui-même qui est présent là où deux trois sont réunis en son nom (Mat 18,21). Il est le héros parmi nous, comme le dit le prophète Sophonie : « Le Seigneur, ton Dieu, est au milieu de toi. C’est lui le héros qui remporte la victoire ». (3:17-20)

Il faut toujours s’en souvenir : Jésus est parmi nous tous les jours depuis sa résurrection et nous avons à vivre de manière consciente sa présence en nous accueillant les uns les autres comme il nous accueille, et surtout en nous pardonnant si nécessaire et aussi vite que possible.

Et pour cela nous avons besoin avant tout de l’Esprit saint. Sur ce point, nous sommes tous des mendiants. On peut traduire en effet la première béatitude « Heureux les pauvres en esprit » ainsi : « Heureux les mendiants de l’Esprit » ! Mendier continuellement l’Esprit saint, telle est notre humble condition. Ayons l’humilité de le reconnaître et de rencontrer chaque mendiant en lui donnant quelque chose de nous-mêmes !

Même le roi Charles III est ce mendiant selon l’Évangile, comme nous avons pu le voir hier, lors de la cérémonie du couronnement. Il était revêtu d’une simple chemise de lin pour recevoir l’onction, moment « sacré » caché aux yeux de tous, où l’Esprit saint a été invoqué sur lui. Sans l’Esprit saint, il ne peut répondre à la vocation de suivre Jésus qui est «venu pour être servi mais pour servir. » Vocation qui est celle de nous tous !

Ce récit et la lectio divina

J’aimerais, en conclusion et comme je l’avais annoncé, mettre ce récit en relation avec la démarche de la « Lectio divina », la lecture spirituelle des Écritures. Cette lecture est « divine », car son objet est la Parole de Dieu.

Voici quatre brefs points :

  1. Les amis

Comme le paralytique avait besoin d’amis, nous avons besoin d’amis avec lesquels lire et comprendre la Parole de Dieu. A chaque Lectio divina vécue dans un groupe, je suis frappé de voir combien la lecture et la compréhension des autres m’aide et m’éclaire.   

2. Le mendiant

Chaque Lectio divina commence toujours par une invocation de l’Esprit saint. Nous sommes mendiants de l’Esprit saint qui a inspiré les Écritures et qui nous fait entrer dans leur vrai sens. Sans lui,  leur lecture reste hermétique. Et au lieu d’y rencontrer le Christ vivant, nous trébuchons sur leurs difficultés.

3. Debout

A l’instant même où Pierre a prononcé le nom de Jésus et l’a pris par la main, le paralytique s’est levé (le verbe de la résurrection !) et a bondi de joie. Je pratique la Lectio divina depuis plus de 30 ans et je peux témoigner qu’elle est à chaque fois, pour moi, un événement de résurrection dont le fruit est joie et paix.

4. Entrer dans le temple

Les apôtres étaient venus pour participer au sacrifice quotidien de l’après-midi dans le temple. Les gens se rassemblaient pour recevoir la bénédiction du prêtre à l’issue de ce rituel (Celle de Nombre 6 : « Que le Seigneur te bénisse et te garde… »). Mais le paralytique reçoit cette bénédiction par le nom de Jésus et franchit la porte du temple où les infirmes ne pouvaient pas entrer. Par grâce, il entre dans la présence de Dieu.

Lire les Écritures dans l’esprit de la Lectio divina, c’est entrer dans le jardin de la présence de Dieu, c’est « Dieu qui retourne se promener dans le Paradis terrestre », comme le disait joliment Saint Ambroise (Épître 49,3).

Une prière

A l’issue de la dernière rencontre sur ce texte, j’ai médité sur la parole de Pierre au paralytique : « Regarde-nous ! » (Actes 3,4). Et j’ai écrit cette prière :

Seigneur, je cherche ton regard,

comme je cherche aussi celui de mes frères.

Tourne ton regard vers moi et souris-moi,

car tu es le premier à chercher mon regard !

.

Si ceux qui se tournent vers toi rayonnent de joie,

toi aussi tu te réjouis quand nous te répondons.

Comme à la bien-aimée du Cantique, tu nous dis :

« Viens, montre-moi ton visage ! Il est si beau ».

.

Merci, Seigneur, de nous aimer et de nous chercher

au point de t’être donné entièrement,

et d’être défiguré par une couronne d’épines !

Ressuscité, tu appelles maintenant chacun par son nom.

.

Témoignage de Maryline sur la Lectio divina

En pensant à la « Lectio divina », trois choses me viennent à l’esprit

La première : le calme. Un calme que je trouve bienfaisant et propice à ma réflexion.

Dans ma vie parfois trop remplie ou agitée cela me fait du bien d’avoir un moment où je me pose. Je mets une soirée à part pour ma relation avec Dieu.

J’en ressort apaisée.

La deuxième : la lecture et la prière. Je m’imprègne du texte avec la lecture proposée par la Lectio Divina.

Il est plus facile pour moi ensuite de me laisser guider pour écouter Dieu mettre en lumière où le texte du jour me rejoint dans ma vie personnelle.

J’en ressort avec une parole qui m’accompagne pour la semaine. Une parole réconfortante ou encourageante. Cela peut aussi être une parole qui me remet en question ou m’interpelle mais c’est toujours positif.

La troisième : l’écoute des autres. A chaque fois je suis étonnée par une parole ou une réflexion et je découvre la richesse du texte.

Il faut aussi dire qu’on est un chouette groupe. On vient d’Églises protestante, catholique ou évangélique. Que ce soit par les explications des animateurs ou dans les moments de partage, je trouve qu’il y a toujours quelque chose à apprendre.

J’en ressort enrichie.

Pour finir mon témoignage, je voudrais dire que j’ai du plaisir à y revenir et je vous invite à venir découvrir ces soirées.

Image : Nicolas Poussin, « Saints Pierre et Jean guérissant le boiteux », 1655

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