Feu 1er aout

L’exigence d’honnêteté

Je publie l’allocution que la commune du Mont sur Lausanne m’a demandé d’apporter au soir du premier août, fête nationale helvétique. J’y réfléchis en particulier sur nos obligations morales, en particulier l’honnêteté, dans cette période si particulière.

Au mois d’avril dernier ma femme et moi avons organisé une matinée de permaculture dans notre jardin au chemin de la Millière avec une quinzaine de personnes.

La Permaculture est une manière de cultiver la terre en l’enrichissant. Mais c’est bien plus ! C’est un style de vie respectueux des rythmes de la nature.

J’étais heureux qu’à cette occasion des gens de la paroisse et des gens d’autres associations puissent se rencontrer, en particulier les personnes engagées dans Jardimont.

En plus d’apprendre une nouvelle technique et de la mettre en pratique en creusant deux buttes de terre, nous avons pu vivre un temps très apprécié de convivialité alors que les rencontres à cette époque étaient plutôt rares, à cause des circonstances que vous savez.

Bien sûr la permaculture fait partie du mouvement écologique actuel porté par beaucoup de personnes et auquel les jeunes sont sensibles. L’écologie nous a ouverts à l’importance de notre relation avec la nature et au respect de la biodiversité.

Mais l’écologie, c’est bien plus que réduire les émissions de CO2 ou de se battre contre le réchauffement climatique ou encore de déplorer la fonte des glaciers suisses ou des glaces de l’Arctique.

Le mot écologie vient du terme grec Oikos, qui signifie maison.

L’écologie c’est aussi prendre soin de notre maison commune. C’est prendre soin de l’être humain, fine pointe de la création. C’est aussi nous soucier de nos relations les uns avec les autres.

C’est pourquoi l’on parle d’écologie intégrale.

Si nous avons à considérer la nature comme notre sœur, nous avons aussi à voir en chaque personne un frère ou une sœur.

Nous avons à être les « gardiens de nos frères et sœurs » comme l’ont affirmé les responsables des cultes juifs, chrétiens et musulmans en France, en regard de la situation sanitaire actuelle.

Aimer son pays c’est d’abord exercer cette responsabilité envers nos prochains, en particulier en pratiquant l’honnêteté.

Dans son roman si actuel La Peste, Albert Camus affirme que l’honnêteté est la pierre angulaire de toute pandémie. Il met ces paroles surprenantes dans la bouche du Dr Rieux : « Il ne s’agit pas d’héroïsme dans tout cela. Il s’agit d’honnêteté. C’est une idée qui peut faire rire, mais la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté ».[i]

Honnêteté des autorités politiques et sanitaires, ainsi que des médias qui doivent communiquer les informations essentielles pour former son jugement personnel.

Honnêteté des entreprises et des investisseurs qui ne doivent pas chercher d’abord leurs profits.

Honnêteté de la recherche scientifique qui doit toujours rester ouverte à d’autres informations.

Être le gardien de son frère et de sa sœur c’est aussi prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que le virus se propage.

Rassurez-vous, je ne vais pas faire un plaidoyer pour ou contre la vaccination !

Je suis convaincu que la position actuelle des autorités en Suisse est bonne. Contrairement à celles de la France : elles ont choisi de ne pas rendre la vaccination obligatoire. Celle-ci doit rester une décision volontaire, non pas une obligation.

Cependant je suis convaincu qu’il y a pour chacun une double obligation morale. Celle, d’abord, de prendre soin de soi-même en cherchant à s’immuniser le mieux possible.

La deuxième obligation est de prendre soin de son frère et de sa sœur, en particulier les plus vulnérables. De devenir le gardien de son frère et de sa sœur, comme l’ont affirmé les autorités religieuses de la France.

À chacun de voir comment s’immuniser au mieux : par le vaccin ou par d’autres moyens prophylactiques dont on ne parle pas assez.

L’important est de respecter la conscience et la décision de chacun dans un domaine très délicat qui appartient à notre intimité et qui est de l’ordre du secret médical.

L’important est non de restreindre et de contrôler notre liberté, mais de l’exercer avec responsabilité en nous rappelant que si nous sommes libres, nous ne devons pas utiliser cette liberté pour faire n’importe quoi.

En conclusion, si je devais résumer le message chrétien, je dirais que Jésus est venu pour nous dire deux choses. La première est que nous sommes tous aimés de Dieu qui est le Père de tous, sans exclusion.

La deuxième chose découle de la première : si Dieu est Père de tous, alors nous sommes tous frères et sœurs.

Nous avons tous à nous considérer ainsi, en n’excluant personne et en ne jugeant personne.

Si nous gardons à l’esprit ces deux vérités que la foi chrétienne propose à l’humanité entière, je pense que nous serons, chacun à notre niveau et avec le degré de responsabilité que nous exerçons, des acteurs vivants pour construire une société juste, ouverte et accueillante.

Une société où chacun saura prendre soin de notre sœur la nature et où chacun cherchera à être le gardien de son frère.  

C’est ce que je nous souhaite en ce jour de fête nationale.

C’est aussi ma prière.

Merci de votre attention !

[i] Cf. Duclert Vincent, « Faire son métier d’homme ». L’engagement d’Albert Camus », Cités, 2021/1 (N° 85), p. 101-106.  https://www.cairn.info/revue-cites-2021-1-page-101.htm


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