Jésus entre à Jérusalem : simplicité et non-violence

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Simplicité

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Jésus entre à Jérusalem sur un âne. Il choisit l’animal des peuples nomades pauvres. Simplicité de Jésus, qui contraste avec le triomphe de l’empereur victorieux entrant à Rome.

Toute sa vie est marquée par cette simplicité : sa naissance dans une étable, sa vie de famille dans la maison de Nazareth. Sur les chemins de son pays, il marchait sans s’alourdir de beaucoup de bagages.

Il n’utilisait pas un langage compliqué et abstrait, mais des images, des comparaisons tirées de la vie familiale, agricole.

Il nous a donné une prière que tous peuvent dire et comprendre : quand vous priez, dites « Notre Père, qui est aux cieux ».

Mais c’est dans les derniers moments de sa vie que sa simplicité s’est manifestée pleinement. Il s’est dépouillé de sa divinité, jusqu’à mourir nu sur une croix.

Pourtant, cachée derrière cette simplicité, c’est bien l’égal de Dieu qui entre à Jérusalem. Jésus a conscience qu’il accomplit la prophétie de Zacharie, qui, 500 ans avant, annonçait que le Messie entrerait à Jérusalem sur un âne.

Il sait que cet âne l’attend dans le village vers lequel il envoie deux de ses apôtres. Il se désigne comme le Seigneur, un nom réservé à Dieu lui-même. La foule l’acclame comme « Celui qui vient », comme celui qui va inaugurer un temps nouveau : le temps du Messie.

Cette foule, c’est aussi la communauté des chrétiens qui aujourd’hui dans le monde entier célèbre les Rameaux. C’est nous ici rassemblés dans cette église. Comme Jésus est entré à Jérusalem, il continue de venir à nous, car il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Mais, comment vient-il à nous aujourd’hui ? De la même manière comme il est venu il y a bientôt deux mille ans : par la simplicité.

Simplicité de l’eau de notre baptême. Simplicité du pain et du vin à travers lesquels il se donne en nourriture. Simplicité d’une prière qui cherche à parler à Dieu sans peur.

Trois mots suffisent en effet : pardon, merci, s’il te plaît. Mais si l’on ose les dire du plus profond du coeur, c’est une révolution en nous-mêmes, qui commence : la plus profonde et la plus durable des révolutions.

Simplicité d’une parole qui dit : excuse-moi, j’ai commis une erreur, plutôt que de trouver 36 excuses.

Oui, Jésus vient à travers toutes ces formes de simplicité.

J’ai toujours été frappé par la simplicité de certaines communautés, comme celles de Taizé ou de Pomeyrol, en Bourgogne et en Provence. Je m’y suis souvent rendu avec des jeunes.

Simplicité de l’assiette en plastique et de la seule cuillère à soupe pour chaque repas. Je me souviens de l’église de la Réconciliation, où l’on s’assied à même le sol, mais qui nous touche par sa beauté et son atmosphère. Et les temps de silence alternés aux chants que l’on répète simplement.

Comment pouvons-nous accueillir le Christ ? Y a-t-il une condition ? Oui, il y en a une et elle s’appelle la simplicité.

Frère Roger, le prieur de Taizé écrivait : « Ce qui rend heureuse une existence, c’est d’avancer vers la simplicité : la simplicité du cœur, et celle de notre vie… Quand la simplicité est associée à la bonté du cœur, un être humain, même tout démuni peut créer un terrain d’espérance autour de lui. »

La simplicité du coeur, comme une voie vers le bonheur ? Parmi les premières paroles de Jésus sur la terre, nous trouvons celles-ci : « Heureux les cœurs simples…heureux ceux qui sont doux et bons pour les autres… »

Les premières paroles sont les plus importantes. Si Jésus parle de bonheur, cela signifie qu’il croit qu’il est possible. Il sait que les hommes peuvent être heureux et que le malheur n’est pas leur condition normale.

Alors j’aimerais vous dire une première chose : « faites-vous un coeur simple et résolu et allez de l’avant ! »

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Non-violence

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Jésus entre dans Jérusalem sur un âne. A l’époque l’âne est un symbole de paix. Jésus est le roi humble et pacifique. Le nouveau Salomon, qui a refusé d’utiliser la violence. Cette foule qui l’acclame ce jour, Jésus refusera de l’utiliser pour qu’elle prenne les armes afin de chasser l’occupant romain.

Quand les gardes romains viennent l’arrêter, Jésus dira à l’un des siens qui a pris son épée : « Remets ton épée en place, car tous ceux qui prennent l’épée, périront par l’épée. »

Quel curieux conquérant qui entre dans Jérusalem. Son armée ? Une foule qui met des vêtements et des branches d’arbre sur son chemin. Quelle révolution va-t-il apporter dans cette ville ? Cette ville dont le prophète Jérémie disait : « C’est la ville envahie tout entière par la brutalité. Elle fait jaillir sa méchanceté comme une fontaine fait jaillir ses eaux. On n’y entend parler que de violence et d’oppression. » (6,7)

Quelle est cette révolution : est-ce la révolution non-violente ? Une révolution qui va conduire des milliers, des millions de ses disciples à donner leur vie, comme Jésus et pour Jésus. La face de la terre en sera transformée, et cette métamorphose continue aujourd’hui.

Notre monde aujourd’hui est rempli d’une violence qui fait peur. Celle que l’on voit à la Télévision ou sur internet : la guerre ou le terrorisme. Mais également celle du racket que les jeunes peuvent rencontrer tout à coup, au détour d’un chemin ou au coin d’un magasin. Celle qui se vit à l’école ou après l’école entre élèves.

Peut-on résoudre les problèmes autrement que par la violence ? Voilà une question qu’il faut sans cesse se poser. Un jour, j’ai participé à une rencontre avec des jeunes appartenant à des religions différentes. Ils se sont mis d’accord pour vivre la « Règle d’or », présente dans toutes les religions, qu’elles soient chrétienne, juive, musulmane, bouddhiste, etc…

Cette règle dit : Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent. Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent. Concrètement, ils ont voulu vivre le respect réciproque, l’ amour inscrit dans le coeur de tout homme.

Cela signifie :

– aimer tous, en s’oubliant soi-même et en un pensant aux autres, sans discrimination vis-à-vis de qui a des idées différentes des siennes ou de qui appartient à une race, à une ethnie, à une religion autre que la sienne.

– aimer en premier, sans attendre que l’autre fasse le premier pas.

– aimer même les ennemis, en oubliant les offenses du passé, en apprenant à pardonner, en nous disant avec respect ce que nous pouvons changer et améliorer.

Durant cette rencontre, ces jeunes ont essayé de commencer à vivre cette règle d’or. Petite goutte de paix dans un océan de violence. Est-ce illusoire ? Est-ce que cela va changer quelque chose ?

La question nous est posée : est-ce que je veux, est-ce que je peux vivre cette règle d’or qui est inscrite dans la conscience de chacun ? Il est toujours possible de faire le premier pas, de commencer. Si je n’y arrive pas : l’instant d’après, le jour après m’est donné pour recommencer.

Et puis nous ne sommes pas seuls. Les chrétiens savent que Jésus a vraiment vécu la règle d’or. Il l’a donnée sous sa forme positive : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent ». Ce qui est plus exigeant que la forme négative.

Il est en effet plus exigeant de faire quelque chose pour autrui que de s’abstenir. Jésus a vécu cette règle, qui pour lui résume toutes les paroles de Dieu, tout ce que Dieu attend de nous. Il l’a vécue jusqu’au bout, en pardonnant même à ceux qui l’ont crucifié. Il a été le juste, l’innocent. À cause de cela, Dieu l’a ressuscité. Il est avec nous tous les jours et il vient à notre aide, si nous décidons de faire le premier pas vers l’autre, si nous cherchons à surmonter la violence.

Voilà la non-violence de Jésus. Voilà à quoi il nous appelle. Un mot le résume – mieux que le mot non-violence : c’est le mot amour. Jésus nous en a donné l’exemple. Il nous invite à l’imiter.

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Prière

Seigneur,

Nous voulons monter avec toi à Jérusalem

Pour retourner vers ton Père et notre Père.

Marcher par quatre chemins :

La Parole et le prochain,

La vie communautaire et la cène.

Marcher à l’écoute de ta Parole

Par laquelle tu renouvelles tout.

Marcher en servant chaque prochain

Dans lequel tu nous attends. 

Marcher avec les amis que tu nous donnes

Pour vivre ta visite parmi nous.

Marcher en nous nourrissant de ton pain

Que tu offres à ta table.

Viens, Esprit saint,

Mets en nous la simplicité et la paix

Pour que nous montions vers Jérusalem

En pèlerin du Christ !


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