Quelques figures de jeûneurs: Moïse, David, Elie et Daniel

Commençons ce parcours sur le jeûne dans l’Ancien Testament par quelques héros bibliques, qui ont tous jeûné. Parfois de manière spectaculaire ! Nous étudierons plus particulièrement Moïse, David, Elie et Daniel.

Le jeûne surnaturel de Moïse

« Moïse resta là avec le Seigneur quarante jours et quarante nuits, sans rien manger ni boire. Il écrivit sur les tablettes de pierre les dix paroles, fondement de l’alliance ». (Exode 34,28)

Ce récit est repris dans le livre du Deutéronome qui dit que Moïse a fait un deuxième jeûne absolu (ni nourriture ni boisson) de 40 jours après l’épisode du veau d’or (9,9-18) et avant de recevoir à nouveau les tables de la Loi.

Les commentateurs, rabbins et pères de l’Église, disent que ce sont deux jeûnes surnaturels, nourris et abreuvés de la présence de Dieu.

Jésus a aussi fait un jeûne de 40 jours au début de son ministère, mais il ne nous est pas dit qu’il n’a rien bu, comme Moïse. Pour la lettre aux Hébreux, comme « une gloire plus grande que celle de Moïse revient à Jésus » (Hébreux 3,2-6), son jeûne a sans doute aussi été absolu.  

Comme Moïse se prépare à recevoir par le jeûne la révélation de la loi divine sur le Sinaï, Jésus jeûne avant de donner le sermon sur la montagne qui radicalise et intériorise cette loi (Matthieu 5-7).

Les jeûnes passionnels de David

La grandeur d’âme de David se révèle dans le fait qu’il jeunait et priait pour ses adversaires malades : « Quand mes adversaires étaient malades, je manifestais ma tristesse, je me privais de nourriture, sans cesse je priais pour eux » (Psaume 35,13).

Il pleure et humilie son âme par le jeûne, mais ses adversaires l’insultent : « La passion que j’ai pour ta maison me consume. Les insultes qui te sont destinées retombent sur moi. J’ai pleuré, j’ai jeûné, cela me vaut encore des insultes » (Psaume 69,11).

David a commis l’adultère, et un enfant est né de cet adultère. L’enfant tombe malade et va mourir. Il jeûne et prie pendant 7 jours, mais cela n’a pas changé le jugement de Dieu sur l’acte de David (2 Samuel 12,15-18). Ses serviteurs s’inquiètent. Ils n’osent pas lui annoncer la mort de son fils. Mais, après l’avoir su, David reprend une vie normale, à la surprise de son entourage.

« Ses serviteurs l’interrogèrent : « Que signifie cette façon d’agir ? Lorsque ton fils était encore vivant, tu jeûnais et tu pleurais, et maintenant qu’il est mort, tu te relèves et tu te remets à manger ! » – « Mais oui, répondit David, tant que mon fils était vivant, j’ai jeûné et pleuré, me disant : “Qui sait ? Le Seigneur se montrera peut-être indulgent à mon égard, et il permettra que l’enfant survive.” Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Jamais je ne pourrai le faire revenir à la vie ! C’est moi qui irai le rejoindre, ce n’est pas lui qui reviendra vers moi. »

David voulait-il faire pression sur Dieu ? L’attitude de David est touchante. S’il peut jeûner et prier avec persévérance pour ses ennemis, à combien plus forte raison le fait-il aussi pour son fils.  

Le jeûne itinérant d’Elie

Comme Moïse, le prophète Elie a jeûné pendant 40 jours. Comme à Moïse aussi, Dieu s’est révélé à lui sur le Mont Horeb. Comme Moïse, Elie s’est engagé corps et âme pour ramener le peuple élu à Dieu, alors qu’il s’était tourné vers les idoles. 

La différence entre Moïse et Elie est que le premier a fait un double de jeûne de 40 jours et que le jeûne d’Elie n’est que suggéré. De plus son jeûne est itinérant. Elie est le précurseur des marches de jeûne qui sont aujourd’hui tendance : « Élie se leva pour manger et boire, puis avec les forces trouvées dans ce repas, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu ». (1 Rois 19,8).

Mais les deux restent des hommes avec leurs faiblesses et leurs transgressions. Sur la montagne de la transfiguration, en revanche, Jésus est entouré par Moïse et Elie, et il rayonne une lumière éblouissante, comme « Fils bien-aimé », qui les transcende par sa divino-humanité.

Les diètes et le jeûne pénitentiel de Daniel

On a appelé « jeûne de Daniel », deux épisodes de la vie de Daniel, où il s’est abstenu de manger de la viande et de boire du vin pendant dix et de 21 jours. Il n’a pris de des légumes et de l’eau. A vrai dire, l’expression « jeûne de Daniel » – aujourd’hui populaire – est impropre, car en fait il s’agit d’une diète ou d’un régime alimentaire, mais pas d’un jeûne, qui implique l’abstention de nourriture.

Au chapitre 1, Daniel et ses trois compagnons font une diète de dix jours et leur mine est bien meilleure que les autres jeunes gens du palais royal. Physiquement mais aussi spirituellement et intellectuellement, car « Dieu accorda aux quatre jeunes gens du discernement et de vastes connaissances dans les domaines de la littérature et de la sagesse. Daniel était capable en outre de comprendre le sens des visions et des rêves ». (1,17)

La deuxième diète a précédé une vision donnée à Daniel par Dieu. Elle a duré trois semaines : « À cette époque, moi, Daniel, j’observai les rites de deuil pendant trois semaines. Je ne mangeai aucune nourriture raffinée, ni viande ni vin n’entrèrent dans ma bouche, et je renonçai à me parfumer, jusqu’à ce que ces trois semaines soient entièrement passées » (10,2-3)

Dans ces deux textes, la diète permet à Daniel de mieux accueillir les dons de Dieu, d’être plus réceptif à ses messages. Elle montre aussi l’importance du régime alimentaire et de modérer notre consommation de viande d’alcool…Un vrai défi aujourd’hui où l’on n’en a jamais autant consommé !

Cependant le livre de Daniel contient un vrai jeûne. Rappelons que le peuple Juif est déporté depuis 70 ans et Daniel, homme fidèle à Dieu, au lieu de se lamenter, prend du temps pour étudier la Parole de Dieu et découvre la prophétie de Jérémie qui annonce le retour du peuple juif 70 ans après :

« Durant la première année où Darius, fils de Xerxès, de la dynastie mède, régna sur le royaume babylonien, moi Daniel, je consultai les livres afin de comprendre la signification de ce que le Seigneur avait communiqué au prophète Jérémie, concernant les soixante-dix années pendant lesquelles Jérusalem devait être en ruine. Je me mis à jeûner et, vêtu d’habits en étoffe grossière, la tête couverte de cendres, je me tournai vers le Seigneur Dieu pour le prier et le supplier ». (Daniel 9,2-3)

Ces versets sont suivis par une longue prière de repentance, une des plus belles de la Bible. Trois leçons sont à retenir dans l’attitude de Daniel : d’abord combien il est important de lire et relire les Écritures. Le temps de jeûne libère du temps pour le faire.

Puis Daniel n’est pas dans une attitude passive, quand il découvre que les 70 ans d’exil prophétisés par Jérémie sont en train de s’achever. Il aurait pu se dire : le Seigneur agit…je n’ai qu’à laisser le faire ! Au contraire, il s’engage passionnément et recherche Dieu, en jeûnant, priant, s’humiliant.

Enfin le lien entre le jeûne et la repentance est très bien exprimé dans la prière de Daniel. Si l’on ne se place pas avec sincérité en reconnaissant nos erreurs devant Dieu, il manque une dimension essentielle à notre jeûne.

« Ah, Seigneur, Dieu grand et redoutable, tu maintiens ton alliance avec ceux qui obéissent à tes commandements, et tu restes fidèle envers ceux qui t’aiment. Nous avons péché, nous avons désobéi, nous sommes coupables ; nous nous sommes révoltés, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes règles.

Nous n’avons pas écouté tes serviteurs les prophètes qui ont parlé en ton nom à nos rois, à nos chefs, à nos ancêtres et au peuple tout entier.

Toi, Seigneur, tu es sans faute ! Nous, nous ne pouvons que faire preuve d’humilité en ce jour. Nous sommes dans la honte, nous, habitants de Jérusalem, gens de Juda, et tous les autres Israélites, proches ou lointains, dispersés dans les pays où tu les as chassés à cause de leur infidélité à ton égard…

Mais toi, Seigneur notre Dieu, dans ta bienveillance, tu nous pardonnes, bien que nous nous soyons révoltés contre toi…

Seigneur, renouvelle tes bienfaits, détourne ton ardente colère de Jérusalem, ta ville, et de la montagne qui t’appartient. À cause de nos péchés et des fautes de nos ancêtres, les populations qui nous entourent couvrent d’insultes Jérusalem et ton peuple…

Seigneur, écoute-nous ! Seigneur, pardonne-nous ! Seigneur, sois attentif ! Par égard pour toi, mon Dieu, interviens sans tarder en faveur de cette ville et de ce peuple qui t’appartiennent » (Daniel 9,5…19).

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