Voir la vidéo à partir de la minute 42
« Qui dites-vous que je suis », cette question de Jésus posée un jour à ses disciples traverse tous les siècles. (Matthieu 16,15)
Elle est sans doute une des questions essentielles.
Ses disciples lui disent d’abord ce que pensent les gens : « un prophète ».
Mais Pierre répond : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » (v. 16)
Que Jésus soit le Messie, à la fois « vrai Dieu et vrai homme » et le cœur de notre foi chrétienne.
Une foi qui est celle de l’officier romain, qui, après le cri du Crucifié, s’écrie : « Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu » (Mat 27,54), de l’apôtre Jean qui voit en lui « la Parole devenue chair » (Jean 1,1,14), de Thomas qui lui dit: « mon Seigneur et mon Dieu » (Jean 20,28), de Paul pour qui le Christ est « Dieu béni à jamais » (Rom 9,5), son « grand Dieu et Sauveur » dont il attend l’avènement (Tite 2,13).
La divinité du Messie dans l’Ancien Testament
Que le Messie soit à la fois « vrai Dieu et vrai homme » est déjà révélé dans l’Ancien Testament. Il y a tant de textes qui le montrent. Commençons par les plus célèbres prophéties dans le livre d’Esaïe.
Le prophète annonce qu’une jeune fille « enfantera un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel. » (7,14). Emmanuel signifie « Dieu avec nous ». L’évangile de Matthieu applique ce titre au Messie (1,23).
Plus loin, Esaïe dit de ce fils : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté (reposera) sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, DIEU PUISSANT, Père éternel, Prince de la paix. » (9,5)
On peut citer aussi le prophète Michée qui annonce la naissance du Messie à Bethléem : « Et toi, Bethléem Ephrata, toi qui es petite parmi les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël et dont l’origine remonte au lointain passé, aux jours d’éternité » (5,1). D’après ce texte, le Messie est donc à la fois un homme et le Dieu éternel.
Rappelons aussi quelques psaumes. D’abord le deuxième où Dieu dit au Messie : « Tu es mon fils ! C’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui. » (2,7) Il appelle à « l’embrasser » de peur qu’il ne se mette en colère (v. 12). C’est une invitation à se soumettre au Messie. Plusieurs passages du Nouveau Testament citent ce psaume pour montrer que la divinité du Messie est annoncée par l’Ancien Testament (cf Actes 13,32-34)
Un autre psaume messianique parle de la divinité du Messie de manière encore plus forte. Il s’agit du Psaume 110 :
« Parole de l’Éternel à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. L’Éternel étendra de Sion le sceptre de ta puissance : Domine au milieu de tes ennemis ! » (v.2)
Ce psaume parle de la royauté et de la domination du Messie, désigné comme « mon Seigneur » par l’Éternel. Il est invité à siéger à la droite de Dieu, signe de sa divinité, et à régner sur ses ennemis. L’Éternel promet également de lui donner un pouvoir étendu, symbolisé par un sceptre, pour exercer sa domination.
Dans l’évangile de Mathieu, Jésus l’applique à lui-même : « Et Jésus leur dit : Comment donc David, animé par l’Esprit, l’appelle-t-il Seigneur, lorsqu’il dit : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied ? » (22,43-45)
Le Psaume 45 parle aussi clairement de la divinité du Messie « Ton trône, ô Dieu, fondé par Dieu durera à jamais. » Et il ajoute : « C’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie. » (45,7)
Le Psaume 118 annonce que « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. » (v. 22) C’est une prophétie concernant Jésus-Christ, rejeté par les autorités religieuses de son époque, mais devenu le fondement de l’Église.
La pierre d’angle est la pierre la plus importante d’un édifice, celle qui relie les murs et assure la stabilité de la construction.
Jésus-Christ, le vrai Dieu devenu vrai homme, est la pierre d’angle, le fondement sur lequel tout repose. Le rejeter provoque l’écroulement de l’Église.
La divinité du Messie au concile de Nicée
Jésus parle d’une division qu’il est venu amener autour de sa personne : les gens se diviseront à cause de lui (Mat. 10,16-22). Il appelle à chercher sa vraie identité de tout notre cœur et de toute notre intelligence.
À Pierre qui a reconnu en lui le Messie et le Fils de Dieu, il a dit : « Tu es heureux, car ce n’est pas un être humain qui t’a révélé cette vérité, mais mon Père qui est dans les cieux » (Mat 16,17).
Pour reconnaître qui est Jésus en vérité, il faut que l’Esprit saint nous éclaire.
Si nous avons des doutes sur la divinité de Jésus, Il faut invoquer l’Esprit saint. Faisons-le promptement et sincèrement. Prions dès que nous avons de la difficulté à comprendre un aspect de la personne si riche de Jésus, dont l’amour dépasse toute compréhension!
En fait, dès le début, il y avait dans l’Église des personnes qui rejetaient Jésus comme « vrai Dieu et vrai homme ». Déjà le Nouveau Testament s’en fait l’écho, en particulier la première lettre de Jean.
Au début de 4e siècle, une hérésie a été propagée dans une grande partie de l’Église par un prêtre égyptien nommé Arius. Il affirmait que Jésus n’est pas « vrai Dieu », mais qu’il est une créature. La plus sublime de toutes, mais, en réalité, une créature.
Pour y répondre, un Concile s’est réuni à Nicée, dans la Turquie actuelle, en l’an 325. 318 évêques y ont participé et ont réaffirmé, de manière non équivoque, la divinité du Messie, comme la Bible la présente.
Pour ces évêques, cette confession du Christ comme « vrai Dieu » n’était pas un exercice théologique, mais une question de vie et de mort. Plusieurs portaient sur leur visage les traces des maltraitances qu’ils ont reçues à cause de la « haine de la foi », suite à la très dure persécution de Dioclétien, parce qu’ils ont refusé de reconnaître l’empereur comme Dieu.
Pour Maurice et ses 6’000 compagnons abattus à Agaune (l’actuelle ville de Saint Maurice dans le canton du Valais), et Zénon et ses 10’000 compagnons assassinés à Rome, seul Jésus était le « vrai Dieu », pas l’empereur.
Voici ce que dit le credo de Nicée à propos de Jésus :
Nous croyons en un seul Seigneur, Jésus-Christ,
le Fils unique de Dieu,
engendré du Père avant tous les siècles,
Lumière de Lumière,
vrai Dieu de vrai Dieu,
engendré, non pas créé,
de même nature que le Père ;
par lui tout a été fait.
Reprenons ces affirmations les unes après les autres, en les reliant à la Bible :
Le Fils unique de Dieu fait écho à la réponse de Pierre à Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » (Matthieu 16,16)
Engendré du Père avant tous les siècles se fonde sur le Psaume 2 qui dit : « Tu es mon fils ! C’est moi qui t’ai engendré. » (v. 7). Il est donc « engendré, non pas créé », précise Nicée.
Lumière de Lumière : ce titre se trouve dans le prologue de Jean où il est dit que Jésus est la Parole, la vie et la lumière qui brille dans les ténèbres.
Vrai Dieu de vrai Dieu : La première lettre de Jean dit explicitement que Jésus est « le vrai Dieu et la vie éternelle. » (5,20)
De même nature que le Père : Le concile de Nicée a forgé un néologisme grec – ὁμοούσιος – pour affirmer l’égale divinité du Fils et du Père. Mais, cette idée se trouve dans la lettre aux Hébreux qui dit que le Fils est « le resplendissement de la gloire et l’expression de l’être de Dieu. » (1,3. TOB)
Par lui tout a été fait : la même lettre aux Hébreux affirme que Dieu a créé les mondes par son Fils (1,2) et le premier chapitre de Jean révèle que « tout est venu à l’existence par la Parole, et rien n’est venu à l’existence sans elle. » (1,3)
La divinité du Messie dans les écrits de la Réforme du 16e siècle
Au temps de la Réforme du 16e siècle, les réformateurs ont confessé de manière unanime la foi définie à Nicée, la considérant comme une interprétation fidèle des Écritures. Ils ont reconnu que les Pères de Nicée ont préservé le cœur du message biblique et ils se sont compris dans une continuité fidèle.
Le dogme christologique – Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme – défini à Nicée est pour eux le contexte normatif et permanent pour l’explication de la foi chrétienne.
Ils mettent l’accent sur l’importance de la personne de Jésus-Christ, en rejetant tout autre médiation que la sienne. Ils affirment « par le Christ seul » : cet exclusivisme entraîne que le dogme christologique compte encore davantage.
La divinité du Messie aujourd’hui
La foi dans le Messie, vrai Dieu qui « pour notre salut a pris chair de la vierge Marie », comme le dit le credo de Nicée, a été contestée dès le début. Comme dit plus haut, la première lettre de Jean prend position contre cette hérésie.
La foi dans le Messie « vrai Dieu et vrai homme » est « articulus stantis et cadentis ecclesiae » – l’article par lequel l’Église tient ou tombe. Une Église sans le Dieu devenu Homme, mort et ressuscité afin d’être tous les jours parmi nous et nous baptiser d’Esprit saint, ne tiendra pas, s’il n’est pas au cœur de son identité.
Cette contestation traverse les siècles. Au temps de la Réforme, le rationalisme rejetait la divinité de Jésus. Ce courant est présent jusqu’aujourd’hui dans les Églises protestantes. Il a toujours existé des théologiens incroyants. Mais ils ont des opinions personnelles et ne représentent pas la foi de l’Église. (Lire ici mon étude à ce sujet)
Aujourd’hui, en effet, la condition pour qu’une Église devienne membre du Conseil œcuménique des Églises est de confesser « Jésus-Christ, Dieu et Sauveur » et de reconnaître le credo de Nicée-Constantinople.
A l’occasion du jubilé des 1700 ans du Concile de Nicée j’ai participé à l’initiative « Pâques ensemble 2025 », portée par plusieurs mouvements, dont JC2033, mouvement auquel je collabore.
Nous avons organisé un séminaire en ligne suivi par plus de 500 personnes. Nous avons aussi visité plusieurs responsables de communions mondiales d’Églises, tels Thomas Schirrmacher, secrétaire général de l’Alliance évangélique mondiale, le patriarche Bartholomée, de l’Église orthodoxe, le pape François et Jerry Pillay, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises.
Ce qui m’a réjoui est que tous reconnaissaient la divinité du Christ, telle qu’elle a été exprimée à Nicée. Et le credo de Nicée a été récité durant de nombreuses célébrations rassemblant une grande diversité d’Eglises.
Nous pouvons donc dire que nous avons la même foi en Jésus-Christ. Cela est très important sur le chemin d’unité de témoignage qui nous conduit vers les festivités des 2000 ans de la résurrection de Jésus en 2033.
« Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelés à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous. » (Ephésiens 4,4-6)
Confesser la divinité du Messie avec la bouche et avec le cœur
Cependant, ce qu’il nous faut aussi voir est que confesser la divinité du Christ n’est pas seulement l’affaire de théologiens, mais de tout disciple de Jésus-Christ. Partout, on constate un retour de l’arianisme…pas seulement dans les Églises protestantes. Tant de chrétiens aujourd’hui n’arrivent pas à confesser Jésus comme vrai Dieu. Comme jamais, le Christ nous repose la question qu’il a posée aux apôtres : « et vous qui dites-vous que je suis » ?
Tous nous avons aussi de la peine à témoigner du caractère unique de la personne du Christ dans le pluralisme moderne. Tous nous hésitons à annoncer Jésus ressuscité, Seigneur de notre vie, de l’Église et du monde dans le dialogue interreligieux.
Tous nous avons à nous demander si nous proclamons le credo uniquement avec nos lèvres, si nous confessons Jésus Fils de Dieu comme le font les démons ? Tous nous avons à laisser retentir en nous la question de Jésus : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Luc 18,8).
Mais que se passe-t-il quand le Christ vrai Dieu et vrai Homme entre dans la vie d’une personne ? Et que cette personne se donne à lui ?
Il la transforme, l’unit à l’Église et l’envoie pour partager son expérience.
Le Christ ressuscité est un feu. Il est venu allumer un feu sur la terre. Ce feu s’allume en nous quand nous nous tournons vers lui dans la foi et la repentance.
Dans un moment, Sandrine, Nancy, Ayla et Dimitri donneront un témoignage comment ce feu s’est allumé en elles et comment le Christ les envoie pour le communiquer, à travers une action d’évangélisation à laquelle elles nous invitent. (Voir sur la vidéo du culte, à partir de la minute 59)
Laisser un commentaire