He Qi mages

Une étoile pour tous.

En la personne des mages sont concentrées toutes les nations appelées à adorer leur Créateur et Sauveur. C’est pourquoi la fête de ce jour est appelée « épiphanie » : manifestation du Christ au monde. (Matthieu 2 – Esaïe 60.1-6 – Col. 3.1-6)

Comme le Prophète Esaïe l’annonçait : « Les nations vont marcher vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton lever ». Nous célébrons donc le premier appel des nations, dans lesquelles nous nous reconnaissons, puisque nous ne sommes pas d’origine juive.

Comme le disait un père de l’Eglise : « aujourd’hui, nous célébrons le jour de nos débuts ». (Léon le Grand)

 

Les mages sont parmi nous !

A Lausanne et dans toutes le villes de Suisse et d’Europe, les nations sont présentes. Rien que dans cette ville, des personnes provenant de plus de cent cinquante peuples s’y trouvent.

Lausanne n’est pas une exception. De plus en plus notre pays s’internationalise et se diversifie. Les mages sont parmi nous avec leurs dons, leurs cultures, leurs habillements, leurs langues et leurs religions.

Le prophète Esaïe appelle : « lève les yeux et regarde tout autour. Tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi, tes fils vont arriver du lointain. »

Oui ils sont là maintenant dans notre paroisse, leurs enfants sont dans nos écoles et sur nos terrains de sport, ils lient des amitiés avec les nôtres, certains marient nos filles. Ils sont là. Les voyons-nous, les accueillons-nous ?

 

Les voyons-nous ?

Pourtant le prophète nous invite à nous réjouir de leur présence au milieu de nous : « Alors tu verras, tu seras rayonnant, ton coeur frémira et se dilatera ». « Alors tu verras »…il y avait donc un temps où on ne voyait pas, un temps d’aveuglement.

Puis l’amour de Dieu a été versé dans notre coeur, bien que nous ne le méritions pas. Dans la lumière de cet amour nous voyons maintenant que chaque être humain, d’où qu’il vienne, de quelque culture, race ou religion qu’il soit est aussi aimé de Dieu.

Faisons alors de nos Eglises un Bethléem où Jésus puisse naître au milieu de nous. Un Bethléem que les mages d’aujourd’hui puissent chercher et trouver.

C’est la Parole vécue, le pardon échangé, la vive charité qui rendent Jésus présent, comme dans la crèche. Là où il y a amour et charité, Dieu est présent.

 

L’amour rend clairvoyant

Là où il y a amour et charité, il y a aussi une lumière nouvelle et un nouveau regard. L’Esprit Saint nous donne alors de voir les mages qui sont parmi nous, d’accueillir leurs cadeaux : l’or de leur culture, l’encens de leur foi et la myrrhe de leurs coutumes.

La fête de ce jour annonce que le salut de toutes les nations se fera dans le Christ. Aucune nation n’est exclue, toutes participent à la même promesse et deviennent membres du même corps, par l’Evangile et par la foi.

Cherchons à trouver de nouvelles voies pour rejoindre chacun, pour n’exclure personne de cette merveilleuse promesse. Ne soyons pas un obstacle par nos préjugés ou nos jugements, nos indifférences ou nos tiédeurs.

Mais essayons d’imaginer comment nous rendre proches. N’ayons pas peur d’ouvrir notre coeur pour rejoindre l’étoile qui est dans le coeur de chacun.

 

Une étoile dans le coeur 

Car cette étoile qui s’est levée pour les mages et qui les a conduits vers Bethléem continue à se lever dans le coeur de chaque personne qui aime.

Saint Jean nous dit que le Christ est la vraie lumière qui illumine tout homme. Chaque homme, chrétien ou non, croyant ou non, a une lueur de cette étoile dans son coeur profond, car il est créé à l’image de Dieu.

Chacun est appelé à lui obéir, comme les mages.

Au coeur de chacun, il y a un reflet de cette étoile. Chaque croyant, qu’il soit chrétien ou non, est appelé à se laisser éclairer par ce reflet, à en vivre et à en communiquer la beauté aux autres.

Sommes-nous prêts, en tant que chrétiens, à accueillir la lumière de cette étoile qui brille aussi chez les autres ? Non seulement à l’accueillir, mais aussi à reconnaître qu’elle nous apprend quelque chose de nouveau sur notre relation avec Dieu.

Réciproquement, sommes-nous aussi prêts, en tant chrétiens, à partager notre expérience du Christ, l’étoile qui nous a illuminés un jour d’une lumière intérieure tellement forte qu’elle a changé notre vie ?

Car c’est le même Dieu qui a créé la lumière, qui illumine tout homme à sa naissance et qui a versé dans nos cœurs l’amour du Christ.

Cette lumière qui nous a éclairés n’est pas réservées à quelques uns, ni à un seul peuple, mais elle est pour toutes les nations. En elle nous formons un peuple nouveau, le corps du Christ.

 

Passer de Jérusalem à Bethléem

Mais pour cela nous avons à demander à l’Esprit Saint d’ouvrir les yeux et à passer de Jérusalem à Bethléem, comme les mages.

Jérusalem et Bethléem. Qu’ont-ils trouvé à Jérusalem ? Une ville où les scribes, les prêtres et le roi veulent contrôler la spiritualité et maintenir les acquis.

Le pouvoir politique et religieux se liguent pour se protéger de toute nouveauté, pour tuer dans l’œuf les prophètes et les charismes.

Comment la lumière peut-elle se lever sur Jérusalem si la peur et le trouble règnent dans ses palais ? A chaque fois que nous nous laissons gagner par le goût du pouvoir et le maintien des acquis, nous sommes à Jérusalem et nous voilons l’étoile.

A Bethléem, que voyons-nous, en revanche ? Une maison ouverte, où l’on accueille, où l’on ne contrôle pas, où l’on ne machine pas des plans.

Une simple maison avec l’enfant, qui deviendra pour nous aussi l’Emmanuel, si nous lui ouvrons notre coeur et si nous le découvrons présent dans le coeur de chacun.

A chaque fois que nous vivons l’accueil des dons des autres semblables ou très différents, nous sommes à Bethléem. A chaque fois que nous nous intéressons aux autres semblables ou très différents, à chaque fois que nous faisons le premier pas, nous sommes à Bethléem.

Sommes nous de Jérusalem ou de Bethléem ? Le passage de l’un à l’autre est l’œuvre de chaque jour et de toute une vie. Travaillons jour et nuit. Travaillons au soleil de la joie et du bonheur. Travaillons aussi dans la nuit de la peine, car c’est dans la nuit surtout que l’on voit les étoiles.

Donne-moi une étoile

comme aux mages venus de loin.

Que je me mette en route

en quittant mes sentiers connus !

Elle n’est pas lointaine

mais dans mon cœur

et dans le cœur de chacun.

Façonné à ton image

je porte le ciel en moi.

Ôte les nuages

qui me le cache !

Fais luire l’étoile

en suscitant parmi nous

ta vive charité !

C’est dans la nuit

qu’elle se voit,

quand survient la douleur

vécue dans l’amour.

Donne-moi de l’accueillir

en chaque personne,

quelle qu’elle soit !

 

Tableau du peintre chinois He Qi. https://www.heqiart.com/


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