chemin du pardon

Pardonner, un chemin

Un premier constat : le pardon est avant tout une œuvre de Dieu. C’est lui qui pardonne neuf fois sur dix dans la Bible. Comment ? A travers la mort du Christ, préfiguré par le sacrifice pour le pardon dans le culte israélite.

Nous le redisons avec les paroles du Seigneur chaque fois que nous célébrons son repas : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour une multitude, pour le pardon des péchés » (Mat 26,28).

Le pardon est donc d’abord à recevoir : « Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Cor 5,20).

 Chaque journée est à commencer et à terminer à genoux par cet accueil de la grâce de Dieu. De même chaque culte commence par l’annonce du pardon à tous ceux qui se tournent vers Jésus-Christ. Et au cœur du culte, le pardon est reçu dans la cène !

Dieu est celui qui pardonne sans cesse. Tous les péchés sont pardonnés sauf celui contre le Saint Esprit (Mat 12,31) que commet celui qui refuse avec obstination d’accueillir l’Esprit de vie : il se coupe de la source d’eau vive. Ces paroles de Jésus sont terrifiantes, mais celui qui invoque l’Esprit peut être assuré qu’il n’a pas commis ce péché.

Si Dieu est celui qui pardonne sans cesse, nous aussi, créés à son image, avons à pardonner 77×7 fois, c’est à dire toujours et toujours (Mat 18,22).

Mais si le pardon est immédiat chez Dieu – au moment où nous nous tournons vers lui dans la foi et la repentance il nous pardonne – le pardon, pour nous, est un chemin.

Un chemin souvent difficile, parfois impossible à suivre pour certains !

Cependant nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. Jésus lui-même nous trace un chemin. Voici quelques étapes sur lesquelles j’essaye de marcher moi-même.

D’abord, Jésus m’appelle à faire une démarche auprès de celui qui m’a offensé. Il faut que celui-ci entende ma blessure : « Si ton frère t’a fait du mal, va et reprend-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » (Mat 18,15). Si l’offenseur s’obstine, il faut avertir d’autres personnes, voire l’Eglise, dit la suite du texte.

Toute cette démarche doit être accompagnée par une prière fervente et communautaire, car ce n’est que Dieu qui peut susciter la repentance et la force du pardon : « si deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit à mon Père qui est aux cieux, cela leur sera donné » (Mat 18,19). Et dans ce contexte, la bonne chose à demander est la grâce de la réconciliation, ainsi que la force de marcher sur ce chemin du pardon, en recommençant sans cesse (Mat 18,21).

Un premier signe – le plus important à mon sens – que je suis sur ce chemin c’est que je prie pour ceux qui m’ont fait du mal. Prier pour mes ennemis, bénir ceux qui disent du mal de moi, cela signifie concrètement ne pas murmurer à leur sujet et refuser de me laisser entraîner par la critique.

Et quand le ressentiment remonte à la surface, le présenter tout de suite à Jésus en lui demandant de l’arracher de mon cœur.

Ensuite aller de l’avant, comme Jésus qui est passé au milieu de ceux qui ont voulu le jeter en bas d’un précipice. « Il continua son chemin », dit l’Evangile (Luc 4,30). C’est aussi ce que j’ai à faire : continuer mon chemin en « secouant la poussière de mes pieds », c’est à dire en refusant d’être paralysé par le négatif, et en confiant le chemin de mes ennemis à la miséricorde de Dieu (Luc 9,5).

Je terminerai par cette confidence : c’est au moment de la Sainte Cène que ma prière pour le pardon à recevoir et à donner est la plus ardente, en particulier au moment du chant de l’Agnus Dei : « Christ, agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, aie compassion de nous et donne-nous ta paix » !


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