Ane Rameaux

Le message de l’ânon des Rameaux

Pour cette fête des Rameaux, j’aimerais parler d’un des protagonistes important de cette journée. Bien sûr il y a Jésus, les disciples et la foule. Mais que veut nous dire l’ânon? Il porte Jésus ! En somme il représente la vocation de chaque chrétien: porter Jésus au monde! Devenir christophore! 

 Commençons par voir ce qu’en dit le récit: 

– Le Seigneur en a besoin, dit Jésus: Jésus revendique le droit royal de la réquisition de moyens de transport, un droit connu dans toute l’Antiquité

– Puis le récit cite la prophétie de Zacharie : « Voici ton Roi ; modeste, il monte une ânesse, et un ânon, petit d’une bête de somme » ( Zacharie 9). Jésus est un roi de paix et de simplicité. 

– Jésus veut que son cheminement soit compris selon les promesses de l’Ancien Testament, qui, en lui, deviennent réalité. Il agit et vit dans la Parole de Dieu, et non selon des programmes et des désirs qui seraient siens. Son cheminement est un cheminement à l’intérieur de la Parole de Dieu

– « Ils firent monter Jésus » sur l’ânon. Comme David a fait monter Salomon sur sa mule au moment où celui-ci accède au trône. Jésus est le vrai fils de David.

 

La présence de l’ânon qui porte Jésus a un sens plus profond. Il symbolise la vocation du chrétien lui-même, d’être lui aussi porteur du Christ.

Devenir « Christophore », porteur du Christ, comme Saint Christophe. L’ânon est un des premiers christophores !

Comment devenir christophore ? Comment l’Esprit vient-il dans nos vies ?

A partir de ce récit des Rameaux, j’aimerais dire que nous pouvons devenir christophores :

– en servant nos frères et sœurs (une spiritualité diaconale),

– à chaque fois que nous nous rencontrons à deux ou trois, ou plus (une spiritualité communautaire),

-lorsque nous célébrons le Christ, en particulier lors de la sainte cène (une spiritualité eucharistique)

– lorsque nous suivons la simplicité du Christ (une spiritualité « kénotique »)

 

1. Une spiritualité diaconale 

Le Christ nous attend dans les frères et les sœurs que nous voulons servir. Il a parlé aux propriétaires de l’ânon. Ceux-ci n’ont pas opposé de résistance quand les deux disciples leur ont dit : « Le Seigneur en a besoin ». Croyons, nous aussi, que le Christ parle au cœur des personnes que nous rencontrons, avec qui nous vivons et travaillons, que nous aidons ou qui nous aident.

A nous aussi le Christ dit : « Le Seigneur en a besoin » :

– Il a besoin de toi, avec tes limites et tes faiblesses. Chacun a quelque chose à apporter, chacun est unique.

– Il aime les petits pas, les petits commencements, les fidélités dans les petites choses à vivre dans l’instant présent, la vigilance en toutes choses.

– S’il choisit les choses humbles, cela signifie que les grands et les riches de ce monde doivent utiliser leur pouvoir pour servir, défendre les petits et les pauvres.

– Il a besoin de toi pour apporter la foi, pour annoncer la paix au monde. Tu es sa bouche pour annoncer, son bras pour relever, son oreille pour écouter, son cœur pour aimer, ses yeux pour regarder.

 

 2. Une spiritualité communautaire

Comme le Christ avait envoyé ses disciples deux par deux, il en envoie aussi deux pour chercher cet âne. Pourquoi cette insistance de Jésus sur le « Deux ou trois ». C’est que, pour lui, deux ou trois, c’est le commencement d’une vie d’Eglise.

Nous sommes « Christophores ensemble ». Le Christ est apporté aux hommes par notre unité et notre amour réciproque. Pentecôte n’a pas été une expérience individuelle, mais communautaire. C’est ensemble que nous vivons la visite de l’Esprit saint. A chaque rencontre, à chaque célébration nous pouvons nous attendre à une nouvelle effusion de l’Esprit saint.

 

 3. Une spiritualité eucharistique

L’Eglise naissante a vu dans la scène de la foule qui acclame Jésus par des « Hosanna » et par « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » la représentation anticipée de ce qu’elle fait dans la liturgie.

Dans la Didachè (écrite vers l’an 100) apparaît l’Hosanna avec le Maranatha. Le Benedictus a aussi été très vite inséré dans la liturgie : pour l’Eglise naissante, le dimanche des Rameaux n’était pas une chose du passé.

De même que le Seigneur était alors entré dans la Ville sainte, montant l’ânon, ainsi l’Eglise le voyait arriver à nouveau toujours sous les humbles apparences du pain et du vin.

 

4. Simplicité: une spiritualité « kénotique »

Jésus entre à Jérusalem sur un âne. Il choisit l’animal des peuples nomades pauvres. Simplicité de Jésus, qui contraste avec le triomphe de l’empereur victorieux entrant à Rome.

Toute sa vie est marquée par cette simplicité : sa naissance dans une étable, sa vie de famille dans la maison de Nazareth. Sur les chemins de son pays, comme un pèlerin de S. Jacques il marchait sans s’alourdir de beaucoup de bagages. Il n’utilisait pas un langage compliqué et abstrait, mais des images, des comparaisons tirées de la vie familiale, agricole. Il nous a donné une prière que tous peuvent dire et comprendre : quand vous priez, dites « Notre Père, qui es aux cieux ». Mais c’est dans le derniers moments de sa vie que sa simplicité s’est manifestée pleinement. Il s’est dépouillé de sa divinité, jusqu’à mourir nu sur une croix.

Pourtant cachée derrière cette simplicité, c’est bien l’égal de Dieu qui entre à Jérusalem. Jésus a conscience qu’il accomplit la prophétie de Zacharie, qui 500 ans avant, annonçait que le Messie entrerait à Jérusalem sur un âne. Il sait que cet âne l’attend dans le village vers lequel il envoie deux de ses apôtres. Il se désigne comme le Seigneur, un nom qui était réservé à Dieu lui-même. La foule l’acclame comme « Celui qui vient », comme celui qui va inaugurer un temps nouveau : le temps du Messie.

Cette foule c’est aussi la communauté des chrétiens, qui aujourd’hui dans le monde entier célèbre le Rameaux. C’est nous ici rassemblés dans cette Eglise. Comme Jésus est entré à Jérusalem, il continue de venir à nous, car il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Mais comment vient-il à nous aujourd’hui ? De la même manière comme il est venu il y a deux milles ans : par la simplicité.

Simplicité de quelques gouttes d’eau de son baptême. Simplicité du pain et du vin à travers lesquels il se donne en nourriture. Simplicité d’une prière qui cherche à parler à Dieu sans peur. Trois mots suffisent : pardon, merci, s’il te plaît.

Mais si on ose les dire du plus profond du coeur, c’est une révolution en nous-mêmes, qui commence : la plus profonde et la plus durable des révolutions. Simplicité d’une parole qui dit : excuse-moi, j’ai fait une erreur, plutôt que de trouver 36 excuses.

Oui, Jésus vient à travers toutes ces formes de simplicité.

Chaque année je me rends à la communauté de Taizé. A chaque fois je suis frappé par la simplicité des lieux. Je me souviens de l’assiette en plastique et de la seule cuillère à soupe pour chaque repas. Je me souviens de l’Eglise de la Réconciliation, où l’on s’assied à même le sol, mais qui nous touche par sa beauté et son atmosphère. Et les temps de silence alternés aux chants que l’on répète simplement.

Comment pouvons-nous accueillir le Christ. Y a-t-il une condition ? Oui, il y en a une et elle s’appelle la simplicité.

Frère Roger, le prieur de Taizé écrivait : « Ce qui rend heureuse une existence, c’est d’avancer vers la simplicité : la simplicité du cœur, et celle de notre vie… Quand la simplicité est associée à la bonté du cœur, un être humain même tout démuni peut créer un terrain d’espérance autour de lui. »

La simplicité du coeur, comme une voie vers le bonheur ? Parmi les premières paroles de Jésus sur la terre, nous trouvons celles-ci : « Heureux les cœurs simples…heureux ceux qui sont doux et bons pour les autres… »

Les premières paroles sont les plus importantes. Si Jésus parle de bonheur, cela signifie qu’il croit qu’il est possible. Il sait que les hommes peuvent être heureux et que le malheur n’est pas leur condition normale.

Alors faisons-nous un coeur simple et résolu et allons de l’avant !

 

Une prière 

Tu es entré dans Jérusalem assis sur ânon.

Ce geste nous appelle au service et la simplicité

à la communion et à la célébration.

 

Aujourd’hui tu entres dans nos vies

quand nous te servons dans nos frères et sœurs.

Donne-nous de te découvrir en chacun !

 

Aujourd’hui tu parles à nos cœurs

quand nous vivons dans ta simplicité.

Donne-nous de pratiquer ton style de vie !

 

Aujourd’hui tu t’infiltres parmi nous

quand nous nous réunissons en ton nom.

Donne-nous de vivre les uns pour les autres !

 

Aujourd’hui tu nous unis à toi et au Père

quand nous prenons ensemble ton repas.

Donne-nous de te célébrer avec joie autour de ta table !

 

Faisons un instant de silence pour nous demander :

  • T’avons-nous servi dans prochains ?
  • Avons-nous pratiqué ta simplicité ?
  • Avons-nous recherché la communion ?
  • T’avons-nous célébré avant toutes choses ?

Seigneur, nous avons besoin que tu nous remettes sur ton chemin :

Viens et pardonne !

Viens et libère !

Viens et transforme !

Donne-nous ton Esprit de service et de simplicité !

Verse en nous ton Esprit de communion et de célébration !


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