2018 02 25 10.19.28

Transfiguration – transformation (Marc 9,2-10)

Je commencerai par un constat puis par une question. Nous sommes tous d’accord que ce monde a besoin de transformation. Mais par où commencer ? Par nous-mêmes ou par la société ? Transformer les conditions sociales pour que nous vivions mieux ? Ou bien se transformer soi-même pour que le monde peu à peu se transforme ? Ou les deux à la fois ?

Transformation, c’est en fait la traduction littérale du mot « transfiguration ». Il vient du mot grec « métamorphosis », qui a été translitéré en « métamorphose ». La métamorphose est la transformation de la chenille en papillon.

Dans le récit de la transfiguration, ce n’est pas seulement Jésus qui se transforme devant trois de ses disciples, mais c’est surtout le regard de ceux-ci sur Jésus qui se transforme. En fait ses disciples découvrent en l’espace de quelques minutes qui est Jésus en réalité : non seulement le rabbi de Nazareth, mais aussi le Fils bien aimé et glorieux du Père. (Marc 9,2-10)

Transformation du regard des disciples, donc. Ils découvrent Jésus comme celui qui est plus grand que Moïse et Elie. Celui qu’il faut écouter, car il donne sens à toute la révélation, la « loi et les prophètes » symbolisée par ces deux personnes. Jésus, le maître des deux plus grands maîtres d’Israël !

Transformation, un mot à la page aujourd’hui où tout change. Mais qui a le courage de reconnaître qu’il faut commencer par soi-même ? Se changer pour changer le monde !

Transformation, c’est aussi le thème de la prochaine conférence mondiale pour la mission et l’évangélisation du Conseil œcuménique des Eglises :

« Agir selon l’Esprit: appelés à être des disciples transformés ».

Celle-ci aura lieu à Arusha en Tanzanie, dans dix jours. Votre serviteur y participera, notamment pour partager la vision de « Jésus Célébration 2033 » qui invite les Eglises à célébrer de manière œcuménique le jubilé des 2000 ans de la résurrection du Christ.

JC 2033 est également un chemin de transformation : comment la résurrection me transforme-t-elle ? Comment transforme-t-elle nos relations les uns avec les autres, entre Eglises ? Car ce récit de la transfiguration de Jésus est clairement une anticipation de la résurrection !

 

Comment se transformer ?

Ce récit donne plusieurs clés. J’aimerais en souligner cinq. Nous nous transformons :

 En prenant de la distance

« Jésus les emmène, eux seuls, à l’écart ». (v. 2) Nous avons besoin de ces temps où nous prenons de la distance par rapport à l’entrainement du quotidien. Prendre un temps de retraite dans un lieu de l’Esprit comme ici à la Pelouse. Le temps du Carême est aussi un temps favorable pour cela, où nous encourageons les uns les autres à simplifier nos vies pour mieux rencontrer Celui qui est absolument simple, car il n’est qu’amour.

 

En prenant de la hauteur

« Sur une haute montagne ». Au sommet d’une montagne on voit un paysage autrement. Plus vaste est l’horizon. En automne dernier je suis monté sur le Grammont. Je vois cette montagne chaque jour depuis chez moi. Arrivé au sommet une toute autre vue s’ouvre devant moi : le bassin lémanique dans toute sa splendeur.

Parfois nous manquons de hauteur pour résoudre nos problèmes. Nous ne voyons qu’une partie de la réalité. Pour transformer une situation, nous avons besoin de changer de point de vue. Et pour changer de point de vue, nous avons besoin de mieux nous écouter les uns les autre.

 

En traversant la souffrance

Le récit de la transfiguration se situe entre ses deux premières annonces de la Passion du Christ. Devant ses disciples médusés il annonce en effet qu’il sera rejeté, méprisé et tué avant de ressusciter des morts.

Après être redescendu de la montagne, Jésus rencontre la souffrance humaine en la personne d’un enfant malade qu’il guérit.

L’épreuve, personne ne la désire…mais un jour ou l’autre, elle frappe à notre porte. Elle est comme un moulin à huile. L’expérience de la souffrance nous transforme en broyant nos illusions et en nous faisant habiter dans le réel. Elle produit en nous la prise de conscience que la vie est fragile et courte. Elle produit en nous l’huile de l’amour.

 

En écoutant la Parole.

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » (v. 7) Cette voix du Père nous invite à l’écoute de la Parole de Dieu. Dans chaque parole de l’Ecriture, c’est le Christ qu’il faut chercher et aimer. Prenons du temps pour l’écouter comme nous le faisons dans cette retraite, à travers les diverses étapes de la « lectio divina » : lecture, silence, méditation et prière à partir des textes !

La Parole de Dieu ne donne pas seulement des informations essentielles pour notre salut. Elle est aussi et surtout une force de transformation Parce qu’elle contient le Christ. 

 

En invoquant l’Esprit saint

« Survint une nuée qui les couvrit de son ombre ». (v. 7) Ce nuage est un des symboles de l’Esprit saint. Comme il a « couvert » Marie de « son ombre », il vient maintenant sur les trois apôtres pour leur révéler qui est Jésus en vérité et pour le faire habiter en eux. Sans l’Esprit saint rien ne se passe dans nos vies. C’est lui qui transforme notre compréhension de Jésus. Il nous faut l’invoquer sans cesse.

 

Montre-moi Jésus !

La semaine dernière, j’ai emmené deux de mes petits enfants à la cathédrale de Lausanne. A un moment, Elizabeth, trois ans, me demande : « Grand-papa, montre-moi Jésus » !

Quelle belle demande ! Alors je le cherche avec elle sur les vitraux et les sculptures de cette belle église.

Je le rencontre sur un vitrail dans les bras de sa mère Marie. J’entre dans l’espace du portail peint et je demande à Elizabeth de lever les yeux. L’enfant Jésus est dans les bras du vieux Siméon et lui tire la barbe. Tout en haut de ce magnifique portail, une sculpture le montre ressuscité, sur son trône, mettant une couronne sur sa mère qui représente le peuple de Dieu tout entier.

« Montre-moi Jésus » ! J’ai réfléchi à cette demande, ces derniers jours. Elle peut être une prière adressée à Dieu : « Père, montre-moi qui est Jésus en vérité » ! « Transforme mon regard sur lui » !

Elle peut aussi indiquer la vocation du baptisé appelé à montrer Jésus au monde. La création attend en effet « la révélation des fils de Dieu ». (Romains 8,19). Avec impatience elle nous crie : « Montre-nous Jésus ! ». Et à travers ce cri, c’est le Père lui-même qui nous appelle !

Oui, Père, transforme mon regard sur Jésus !

Montre-moi Jésus pour que je transforme le monde !

Transforme-moi pour que je le montre au monde !

Envoie bientôt Jésus transformer toutes choses !

Mais, dès maintenant, établis ton règne dans nos vies !

Que j’écoute ton Fils bien-aimé dans sa Parole !

Que je vive de ton Esprit jaillissant de mon cœur !

Que je ne vive plus pour moi-même mais pour toi !

Que je ne m’appartienne plus à moi mais à toi !

 

La Pelouse sur Bex, 24 février 2018

Tableau de Berna

 


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