Esprit saint

Une maison pour une «Pentecôte intérieure et continuelle» – Jean 20,19-23

Une maison est un lieu de rencontre entre personnes. Un lieu où chaque personne est reconnue, dans son unicité. Mais elle peut devenir un lieu d’isolement. Dans mon quartier beaucoup de maisons sont cachées derrière une haie de thuyas.

Je me souviens de la petite révolution vécue il y a quelques années quand les jeunes de la paroisse qui se réunissent au rez de notre maison, avaient coupé les thuyas de la propriété et planté à la place des vignes et de la lavande !

Une maison peut être un lieu d’isolement, mais elle peut aussi devenir un lieu d’affrontement, quand il y a du tapage, des parfums de grillades exotiques ou des danses effrénées.

Dans les deux textes de l’Evangile de Jean et des Actes des apôtres, il est question d’une maison où les apôtres se réunissent.

C’est sans doute la même que celle où Jésus avait partagé son dernier repas avec les siens.

Celle qu’on a appelé le « Cénacle » ou « la Chambre haute ».

 

Une autre maison, celle du Père.

Dans leur maison, les disciples s’étaient barricadés par peur de leurs ennemis. Mais Jésus vient et il fait sauter les verrous de la peur, de la tristesse et de la colère pour mettre dans leur cœur sa joie.

Ce qu’il a fait le soir de sa résurrection, son Esprit le fera 50 jours plus tard à Pentecôte.

Il continue à le faire lorsque nous sommes réunis en son nom.

L’œuvre de l’Esprit saint c’est de mettre dans nos maisons une autre atmosphère.

D’y faire goûter celle de la « Maison du Père ».

La maison du Père, c’est l’Esprit saint, qui est le « milieu de vie » divin.

L’Esprit unit les personnes du Père et du Fils et il les distingue. Il scelle la communion entre les personnes et établit leur distinction.

L’Esprit est une personne de communion. Il ne conduit ni à l’isolement, ni à l’affrontement.

Auparavant dans l’Evangile, Jésus a dit qu’il nous préparera une place dans la maison du Père (Jean 14,3).

C’est une autre manière de nous dire que nous aurons tous part à l’Esprit saint.

L’œuvre de l’Esprit est de diversifier.

Chacun a une place. Dans l’Eglise il y a une diversité infinie.

Dans l’Eglise, il n’y a pas d’uniforme le même pour tous.

Pas de prêt à porter spirituel. Pas d’idéologie à laquelle tous doivent souscrire.

L’Eglise est un champ de fleurs aux couleurs et aux formes infinies.

Aucune ne doit être négligée. Il faut regarder toutes les fleurs, contempler la Beauté de Dieu.

L’uniformité n’a pas de place dans la maison du Père.

Rencontrer d’autres chrétiens très différents, c’est faire une expérience profonde de l’Esprit saint.

Les rencontrer en vue de construire ensemble, de témoigner ensemble du Christ mort et ressuscité, le cœur de notre foi.

C’est ce que je vis avec bonheur depuis quelques temps avec le projet « Jesus Celebration 2033 », où nous visitons des Eglises très différentes dans plusieurs pays.

Au cœur de chaque Eglise, je perçois le pouls du Christ ressuscité et le souffle de son Esprit !

Mais sans l’Esprit saint nos différences sont perçues comme des menaces. Nous nous affrontons et restons secs et sans vie. Ce beau texte d’Irénée de Lyon, un chrétien du 2e siècle, le dit avec force :

« L’Esprit ramenait à l’unité toutes les races éloignées, et offrait au Père les prémices de tous les peuples. Voilà pourquoi aussi le Seigneur a promis de nous envoyer le Paraclet, qui nous adapte à Dieu. En effet, la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l’eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit pas d’eau, ne fructifie pas ; ainsi nous-mêmes, qui d’abord étions du bois sec, nous n’aurions jamais porté le fruit de la vie, sans l’eau librement donnée d’en haut. » (Traité contre les hérésies, L 3,17,1-3)

 

Une Pentecôte intérieure : l’Esprit touche nos émotions.

Aujourd’hui, nous lisons deux récits du don de l’Esprit. Celui des Actes des Apôtres est une « Pentecôte extérieure » : il est tout en couleurs de feu, de tempête, d’enthousiasme communicatif.

Celui de l’Evangile de Jean (20,19-23) lui, est tout en discrétions : souffle léger qui donne joie et paix.

A l’évidence, ce qui compte, ce ne sont pas les signes extérieurs, c’est la « Pentecôte intérieure », la douce effusion de l’Esprit qui refait l’unité dans la diversité, qui suscite la communion dans la divergence.

Quels sont les signes de cette « Pentecôte intérieure » ?

L’œuvre de l’Esprit saint est de toucher nos émotions les plus profondes. Il fait sauter des verrous intérieurs.

On peut découvrir cela dans le texte de l’Evangile de Jean :

D’abord, l’Esprit saint vient ôter la peur : les disciples s’étaient barricadés par crainte des autorités. (20,19)

La peur est une émotion très forte, la première émotion fondamentale.

Quand nous avons peur, appelons immédiatement l’Esprit saint dans nos prières !

Puis la venue du Seigneur au milieu des disciples chasse la tristesse, qui est la deuxième émotion fondamentale et met la joie dans les cœurs (20,20)

La joie est la troisième émotion fondamentale.

Enfin l’Esprit saint vient nous délivrer de la colère, qui est la quatrième émotion fondamentale. Il nous en délivre en donnant la force de pardonner et de demander pardon. L’Esprit saint nous donne aussi l’autorité d’annoncer le pardon (20,23), qui nous réconcilie et nous fait vivre en paix.

Tu nous visites chaque jour pour nous faire passer

de la peur à la confiance,

de la tristesse à la joie,

de la colère à la bienveillance.

Envoie, Seigneur ton Esprit !

Qu’il fasse sauter les verrous de nos cœurs,

comme tu es entré, au soir de ta Pâques,

dans la maison aux portes fermées.

Comme le Père t’a envoyé,

Envoie-nous pour être

des témoins de confiance,

des porteurs de joie

et des artisans de bienveillance.

 

Prières à l’Esprit saint

 

Epilogue : Accueillir la diversité

Comme épilogue cette petite histoire qui nous fait comprendre que l’œuvre de l’Esprit est de nous donner d’accueillir la diversité. En l’invoquant nous sommes délivrés à la fois de la colère et de la tristesse. Nous n’aurons plus peur des autres qui sont différents de nous. Et nous trouverons la vraie joie !

« Frère Bruno était en train de prier. Le coassement d’une grenouille le dérangeait. Il avait beau essayer d’oublier ce bruit, rien n’y faisait. « La peste soit de cette grenouille. Maudit soit-elle! » Il cria donc de sa fenêtre: « Silence! Je suis en train de prier. »

Frère Bruno était un saint: il fut donc immédiatement obéi. La moindre créature vivante retint sa voix, afin de créer un silence favorable à la prière du frère.

Mais un autre bruit s’immisça dans le silence de son adoration – une voix intérieure qui disait: « Peut-être Dieu tire-t-il autant de plaisir du coassement de cette grenouille que du chant de tes psaumes? » Bruno répliqua: « Qu’est ce que Dieu peut bien trouver d’agréable dans le coassement d’une grenouille? » Refusant d’abandonner, la voix reprit: « Pourquoi Dieu a inventé le bruit, tu penses? »

Bruno décida de trouver pourquoi. Il se pencha à la fenêtre et commanda: « Chantez! » Le coassement rythmé de la grenouille remplit l’air, soutenu par celui de toutes les grenouilles du voisinage, bientôt suivi par les gazouillis de tous les oiseaux de la forêt et par le babil des animaux.

Et à mesure que Bruno portait attention au son, les voix cessèrent de l’irriter, parce qu’il constata qu’en cessant d’y faire obstacle, ces voix enrichissaient de fait le silence de la nuit.

Grâce à cette découverte, le cœur de Bruno battit en synchronie avec ce qui l’entoure et, pour la première fois de sa vie, il comprit ce que voulait dire prier : aimer tous ceux qui nous sont donnés ! »

 


Publié

dans

par

Étiquettes :