Jerusalem vue

Pèlerins vers et depuis Jérusalem

Ceux qui se rendent aujourd’hui à Jérusalem ne peuvent qu’être frappés de découvrir que le monde entier s’y trouve. « Vers elle, afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux », annonçait le prophète (Esaïe 2,1-5).

Vivons-nous « les derniers jours » ? (v. 1) Tant de pèlerins venant de partout et d’horizons tellement divers montent à Jérusalem !

Mais ceux qui montent à Jérusalem ont-ils conscience qu’ils sont appelés à vivre l’essentiel : se laisser réconcilier avec Dieu, faire la paix les uns avec les autres ! Ou dans le langage si imagé du prophète : « de nos épées forger des pioches, et de nos lances des faucilles » (Es. 2,4)

Comme chrétiens, nous croyons que ce que nous attendons pour la fin des temps – les nations se rendant à Jérusalem pour apprendre la paix – a été accompli par anticipation par le Christ. Par sa vie, sa mort et sa résurrection, il a déjà introduit la paix.

Bernard de Clairvaux a écrit un magnifique texte sur les « trois venues du Christ ». Sa première venue parmi nous par son incarnation, sa naissance et se vie humble est celle que nous célébrons durant le temps de l’avent.

La deuxième sera sa venue en gloire à la fin des temps. Il appelle la troisième, « la venue intermédiaire ».

« Dans la première le Christ fut notre rédemption, écrit-il, dans la dernière il apparaîtra comme notre vie, et entre temps il est notre repos et notre consolation »

Cette troisième « venue intermédiaire » advient quand on vit sa Parole. Bernard cite l’Évangile : « Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui » (Jean 15).

Dans l’Évangile de Jean, Jésus résume toutes ses paroles et tous ses commandements en une seule : le commandement de l’amour réciproque. (Jean 13)

Ce commandement nouveau – « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » – est cette « loi qui sortira de Sion » dont parle le prophète (Es 2,3).

Quand nous le vivons, Jésus vient à nous, avec le Père et l’Esprit saint.  

 

Le bonheur de Jérusalem

Mais revenons à Jérusalem avec le Psaume 122 qui appelle à prier pour le bonheur de Jérusalem :

Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem !…

Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! »

Dans l’Ancienne Alliance, les pèlerins montaient vers Jérusalem. Aujourd’hui encore le peuple juif vient en pèlerinage du monde entier pour célébrer les fêtes de l’Éternel devant ce qui reste de l’ancien Temple détruit en l’an 70 : le mur occidental ou « Kotel ».

Cependant, depuis la venue du Messie Jésus, le pèlerinage s’est inversé. Nous partons de Jérusalem avec Jésus le Ressuscité qui nous rejoint comme il a rejoint les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs.

Depuis sa résurrection, tous nos chemins, en effet, peuvent devenir des chemins d’Emmaüs, où le Ressuscité marche avec nous.

Si nous allons à Jérusalem pour prier où le Seigneur est mort et ressuscité, c’est dans le monde entier que nous devenons pèlerins, car il ne cesse de nous y envoyer comme il l’a fait pour ses apôtres : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».

Depuis sa résurrection, la paix de Jérusalem – et celle du monde entier – est sa croix, où il a réconcilié le monde avec Dieu et détruit le mur de haine :

« Oui, c’est lui qui est notre paix, lui qui a fait de ceux qui sont Juifs et de ceux qui ne le sont pas un seul peuple. En donnant son corps, il a abattu le mur qui les séparait et qui en faisait des ennemis » (Eph. 2,14)

Les disciples d’Emmaüs ont senti leur cœur brûler en eux lorsque Jésus leur expliquait les Écritures et quand il a partagé le pain devant eux.

C’est la plus belle expérience que nous pouvons faire et que nous avons à désirer de tout notre cœur si nous ne l’avons pas encore faite !

Quand nos cœurs deviennent brûlants par sa présence parmi nous, alors nous pouvons guérir nos blessures, nous accueillir les uns les autres, abattre les murs, connaître sa volonté, vivre son commandement nouveau, devenir un seul peuple de Dieu.

Oui, vraiment sa Parole nous guérit et enflamme nos cœurs, car c’est lui le Ressuscité au milieu de nous qui, à travers ses Paroles dans l’Évangile, continue à nous parler et à prendre soin de nous.

 

Sur le chemin d’Emmaüs

Après Pâques de cette année, l’initiative JC2033 – à laquelle je collabore – invite à aller à Jérusalem et à marcher sur le chemin d’Emmaüs. Ce mouvement appelle en effet les Églises à un pèlerinage vers l’année 2033, Jubilé des 2000 ans de la résurrection de Jésus.

Sur ce chemin d’Emmaüs depuis Jérusalem, nous marcherons, chrétiens venant de diverses Églises avec des chrétiens de Jérusalem, dans une grande diversité. Nous visiterons aussi les diverses communautés sur ce chemin : des communautés bénédictine, trappiste, franciscaine, charismatique, luthérienne et messianique. Et à Jérusalem nous participons, durant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, à des célébrations dans diverses Églises de la vieille ville.

Ensemble nous espérons donner un signe de réconciliation.  

Nous espérons que cette invitation à marcher sur ce chemin pour préparer le grand jubilé de 2033 apporte une modeste contribution pour répondre à la prière si intense et touchante du psalmiste :

Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! »

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à veiller : « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » (Mat 27,44)

Si nous sommes dans ces temps où des gens de toutes nations se rendent en pèlerinage à Jérusalem, que nous reste-t-il à faire sinon de veiller?

Que le Christ nous enseigne donc son style de vie : « sobriété, justice et fidélité à Dieu », (Tite 2,12) afin que nous soyons artisans de paix !

Ainsi de nos épées nous forgerons des pioches, et de nos lances des faucilles (Es. 2,4)

 

Une prière

Béni sois-tu pour tant de paroles de bonheur !

Elles viennent à nous comme un navire sur un fleuve immense.

Ce navire c’est toi, Jésus !

Ses voiles sont l’Esprit qui t’a toujours animé.

Son port, c’est l’Eglise qui nous a engendrés à la foi.

Nous nous tenons à la rive pour recevoir ses biens.

 

Sans cesse tu viens pour Israël,

peuple que tu gardes comme la prunelle de tes yeux.

Sans cesse tu viens pour les nations

que tu appelles à te célébrer.

 

Tu es notre justice et notre paix,

notre amour et notre vérité,

notre joie et notre salut.

Avec les anges

et tous ceux qui vivent dans ton amitié,

nous chantons ta sainteté :

Saint, saint, saint….


Publié

dans

par

Étiquettes :