Talitha Koumi

Les dimensions de la foi

Qu’est-ce la foi ? Comment se manifeste-t-elle ? Quel est son objet ? Comment naît-elle ? Quels sont ses obstacles et ses mises à l’épreuve ? Que produit-elle ? Ces deux épisodes évangéliques de guérison d’une femme et de résurrection d’une fillette nous aident à réfléchir à ces grandes questions. (Marc 5,21-43)

 

Les gestes de la foi 

Ce qui m’a frappé d’abord dans ce texte sont les gestes de la foi : le corps participe à la démarche. C’est une dimension un peu étrange à notre protestantisme réformé qui a tout intériorisé.

Ici le corps, de la tête aux pieds et aux mains, en passant par les genoux est impliqué.

Jaïrus, le chef de la synagogue qui vient auprès de Jésus pour lui demander de guérir sa fille, se jette à ses pieds. « Il le supplie avec insistance » : je l’imagine l’interpeller avec force gestes et paroles. .

La femme malade depuis 12 ans d’une perte de sang se met, elle aussi, à genoux devant Jésus, après l’avoir touché et senti que l’Esprit saint la guérissait.

Quant à Jésus, il communique non seulement avec les paroles, mais aussi avec des gestes : il impose les mains sur la tête de la fillette, la prend par la main pour la tirer de son lit et de la mort et lui donne à manger.

Aujourd’hui, à travers la rencontre entre chrétiens de différentes Eglises, nous pouvons redécouvrir certains gestes de la foi : se mettre à genoux, lever les mains pour chanter et louer, faire le signe de la croix, se donner la main ou mettre les mains sur la tête ou sur l’épaule, échanger le « saint baiser ».

Parfois certaines expressions peuvent nous mettre mal à l’aise. Parfois, cela nous fait du bien et devient même une nécessité, particulièrement dans les moments de peine.

Nous ne sommes pas de purs esprits, mais des êtres de chair et de sang. Découvrir que les hommes et les femmes de la Bible communiquaient de manière non verbale nous encourage.

 

L’objet de la foi 

Qu’avaient-ils compris, Jaïrus et cette femme, de la personne de Jésus ? Ils avaient entendu qu’il guérissait et qu’il ne rejetait personne qui venait à lui avec sincérité. Ils avaient deviné que Dieu agissait en lui.

Leur foi était avant tout une confiance. Pas tellement une connaissance de qui est Jésus en vérité.

Or il nous faut lire tous les récits de l’Evangile à la lumière de l’événement de Pâques.

Qu’est-ce à dire ?

Dans sa Pâques, Jésus est passé de la mort à la vie. Ressuscité il est présent parmi nous et agit comme il agissait sur les routes de Galilée et de Judée.

En lisant ces récits nous savons ce que Jaïrus et la femme malade ne savaient pas encore : à savoir que Jésus est ressuscité. Sur la croix, il a porté nos maladies et pardonné nos fautes.

Il vit parmi nous quand nous l’invoquons et vivons dans l’amour. Elevé à la droite de Dieu, il règne, quoiqu’encore de manière cachée. Il nous connaît et participe à tout ce que nous vivons. Il nous donne l’Esprit saint sans mesure pour que nous marchions, comme lui, dans l’amour.

Tout cela nous le connaissons et le confessons chaque dimanche dans le Credo qui est la plus belle des prières après le Notre Père, car il nous centre sur qui est Jésus en vérité.

Comme il est beau de dire ensemble le Credo au moins une fois par semaine ! Comme il est important de le savoir par cœur, surtout dans les moments de peine !

La foi est donc à la foi une confiance et une connaissance.

Or notre connaissance de Jésus est bien plus grande que celle de Jaïrus de la femme malade !

Est-ce que notre confiance l’est aussi ?

Suivons maintenant ce récit pour découvrir les dimensions de la foi !

 

La foi, c’est 

Un accompagnement

Jaïrus est venu à Jésus et l’a imploré de venir dans sa maison. Jésus ne dit rien, mais, est-il écrit « part avec lui ».

La foi, c’est croire qu’il « part avec nous » quand nous venons à lui. Il nous accompagne, même s’il reste silencieux. Et, si nous savons écouter, même son silence devient un message de sa part.

 

Une relation

La foi, c’est une relation qui sauve. A la femme qu’il guérit Jésus dit : « ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal ».

Le salut est la communion avec Jésus.

Cette relation demeure même quand nous ne sommes pas guéris dans nos corps ou dans nos âmes.

Cette relation est donc plus importante que la guérison. Par conséquent il faut orienter la demande de guérison vers le salut, la communion avec Jésus.

C’est ce que nous faisons quand, une fois par mois, nous prions pour les malades après la sainte cène, dans cette chapelle de Saint Loup.

Nous accueillons le désir de guérison de ceux qui demandent la prière, nous prions pour leur guérison, mais surtout nous invoquons l’Esprit saint pour qu’il habite le cœur de chacun et donne le salut.

Que la foi soit une relation personnelle se voit aussi dans le deuxième récit.

En touchant le vêtement de Jésus par derrière, de manière incognito, on devine que la foi de la femme était imparfaite.

Une force sort alors de Jésus lequel s’écrit au milieu de la foule : « qui a touché mon vêtement » ?

Etonnement des disciples : la foule le presse de tous côtés et il demande cela ! La raison de cette question est simple : Jésus connait le cœur de cette femme. Par cette question il l’appelle à entrer en relation avec lui.

N’ayons pas peur de Jésus ! Il ne fait de mal à personne !

Pourquoi chercher à être guéri en dehors d’une relation personnelle avec Jésus. Pourquoi avoir peur de cette relation ?

C’est la question que je me pose quand on cherche toutes sortes de moyens pour sortir de la souffrance.

Par ces moyens nous risquons de paralyser notre foi, car cet élément constitutif de la vie chrétienne qu’est la confiance en lui est mis sous le boisseau.

C’est dans la communion avec lui que nous avons à vivre et user de toutes choses. Jésus nous veut libres, conscients et responsables devant lui.

 

Un chemin

La foi est une attitude continue, pas une action unique. « Crois seulement » dit Jésus à Jaïrus, alors que ce dernier avait fait une démarche de foi. Il doit continuer à croire. La foi ne s’arrête pas en chemin lorsqu’une épreuve ou des contradictions surviennent.

La foi persévère et espère contre toute espérance. Même devant la mort. Devant les dures paroles des messagers – « Ta fille est morte. Pourquoi déranger encore le Maître ? » – Jaïrus aurait pu désespérer.

Devant la moquerie des gens de la maison qui ne croyaient pas aux paroles de Jésus – « l’enfant n’est pas morte, elle dort » – Il aurait pu se résigner

La foi croit que la mort n’aura pas le dernier mot. Elle ne se laisse pas enfermer dans des conventions, ni dans un respect humain mal placé, ni dans une révolte, ni dans une tradition.

La foi est un chemin, un voyage où l’on persévère.

 

Ensemble

La foi se vit ensemble, en communion avec un peuple : la foule qui accompagne Jésus et Jaïrus.

Mais elle se vit aussi et surtout à deux ou trois, avec les « Pierre, Jacques et Jean » que Jésus met sur notre chemin.

Avec ces compagnons de route, elle se vit dans la discrétion et elle résiste au sensationnel : Jésus fait sortir les gens pour ressusciter la fillette. Seuls quelques uns y assistent.

Pas de voyeurisme spirituel… Il y a des moments où il faut garder son mobile avec son appareil photo dans la poche !

La foi nous conduit ensuite à rendre grâce avec la communauté et à servir Dieu dans nos frères et sœurs.

Je connais une personne qui a été guérie suite à des prières, et qui, par la suite, n’a pas cru pas en Jésus. Sa guérison ne l’a pas tourné vers communauté. Or sans la communauté, la foi ne peut progresser.

 

Envoi

Méditons et prions ce récit en demandant à Dieu de renouveler notre foi !

Qu’il ouvre les yeux de nos cœurs pour percevoir sa présence sur nos chemins !

Qu’en toutes choses nous mettions la confiance en Jésus en premier !

Que jamais nous ne désespérions de son amour, mais que dans les moments de peine, nous sachions qu’il nous aime encore davantage !

Que nous avancions ensemble, nous encourageant les uns les autres et nous fortifiant dans la foi !

Confiance, quel beau mot d’Evangile !

Un mot essentiel que tu nous donnes, Seigneur.

Met-le dans mon cœur et sur mes lèvres !

Que j’en respire et en vive !

Tu es la racine de toute confiance.

J’ai besoin de la recevoir de toi

Afin de la mettre d’abord en toi

Et être encouragé dans les épreuves.

Fais-moi vivre de ta confiance, Seigneur.

Tu l’as vécue en t’abandonnant au Père.

Oui, verse l’Esprit de confiance

Pour que je marche avec toi et en toi.

Alors, enraciné dans ta confiance,

Je pourrai avoir confiance en moi,

La donner à mes frères et sœurs

Et apporter encouragement et espérance.

 

Tableau de Berna


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