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Communautés sans églises.

Fête patronale de l’Eglise orthodoxe érythréenne, à LausanneIl y a quelques temps, un film retraçait l’histoire des initiatives xénophobes « Schwarzenbach », qui visaient les migrants du Sud de l’Europe. Max Frisch écrivait alors : « nous sommes allés chercher des travailleurs, mais des êtres humains sont venus en Suisse ». Ceux-ci sont aussi des croyants avec leurs communautés de foi et de prière.

Certains appartiennent à d’autres religions. Beaucoup partagent la foi chrétienne, si bien que l’œcuménisme, cette recherche de l’unité des chrétiens, s’est aujourd’hui élargi à bien d’autres Eglises.

Les célébrations de la Parole à la cathédrale de Lausanne, qui permettent aux Eglises, chaque premier dimanche du mois, d’animer une célébration selon leur propre tradition, en donnent un témoignage éloquent. Depuis plusieurs années l’Eglise orthodoxe serbe célèbre la veille de Noël, le 6 janvier. Les communautés philippine, lusophone, hispanophone, chinoise, hongroise, maronite, érythréenne, éthiopienne, etc…ont participé à une ou plusieurs reprises. Parfois des célébrations œcuméniques les rassemblent. Je me souviens qu’une des célébrations les plus denses réunissait treize communautés africaines.

Mais ceci n’est que la pointe de l’iceberg : Dieu seul sait le nombre de communautés chrétiennes issues de la migration dans les villes européennes ! Rien que dans la région lausannoise on en compterait une centaine ! Un signe de ce fort besoin communautaire qu’éprouvent les migrants. Leurs communautés jouent un rôle essentiel pour l’intégration et le lien avec leur pays d’origine. Pour les accueillir, les paroisses ouvrent généreusement leurs portes et leur fournissent les locaux dont elles on besoin.

Mais il y a aussi des étonnements. Comme l’histoire suivante. Un dimanche, j’ai célébré le culte dans le temple de la Croix d’Ouchy. A l’issue du culte, je lis un article de 24h de l’édition de samedi : « L’Eglise de la Croix d’Ouchy menacée de démolition ». A midi, je participais au repas de fête de l’Eglise orthodoxe érythréenne. Environ 500 personnes ont prié durant toute la nuit et la matinée. Cette Eglise cherchait un lieu de culte, car le temple de Saint Luc, où elle se réunissait à quinzaine, devait être transformé en un centre culturel. Plusieurs autres Eglises orthodoxes – il y en a une dizaine dans notre canton – recherchent aussi un bâtiment.

Sans parler des autres communautés linguistiques. Savez-vous quel est le lieu où le plus de protestants se réunissent chaque dimanche à Lausanne ? La Maison du Peuple ! Huit communautés africaines et latino-américaines y font retentir leurs chants rythmés, matin et après-midi. La Maison du Peuple…de Dieu !
D’un côté, des communautés sans églises….et de l’autre des églises avec de moins en moins de communauté… Quel paradoxe ! Mais pour le dépasser, suffit-il de transformer ou de démolir des églises ?

Dossier sur les Eglises issues de la migration


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