Jésus nous apporte la « Vie ». « Je suis venu pour que les brebis aient la vie et l’aient en abondance ». (Jean 10,10)
De quelle vie s’agit-il ? Pas un supplément de vie ajoutée à la nôtre. Il n’est pas venu apporter des années de plus à notre vie, mais de mettre de la vie – sa vie – dans nos années.
Sa vie, « la vie éternelle » ne se trouve ni dans la science, ni dans la technique, ni dans la médecine, ni dans la psychologie. Toutes ces sciences sont utiles pour notre bien-être et nous avons à en user. Mais la vie que Jésus est venu apporter est autre chose. Elle n’est pas à notre portée, ni à notre disposition, elle ne s’achète pas.
La vie que Jésus nous apporte est participation à sa vie de Fils de Dieu, elle est une entrée dans la communion intime avec le Père. C’est la vie même de Dieu que Jésus veut nous communiquer, parce qu’il est lui-même la vie.
Et qu’est la vie de Dieu ? Nous le savons, c’est l’amour.
C’est par amour que le Fils de Dieu est venu vivre au milieu de nous. Il nous apporté une étincelle de l’immense brasier d’amour qui en Dieu et il désire que nous soyons brûlés à cet incendie.
Notre vie terrestre, nous le savons, arrivera pour chacun de nous à son terme. Nous ne savons pas combien de temps il nous reste à vivre. Combien de mois, combien d’années ?
Mais je crois qu’il y a en nous – en chacun de nous – ce désir de réaliser quelque chose de grand, de beau et de saint, dans notre vie. Et plus le temps passe, plus le moment de notre départ approche, plus ce désir s’avive. Mais comment le réaliser ?
Quand Jésus dit : « je suis la vie…, je suis venu pour que mes brebis aient la vie en abondance », il veut parler de cette vie qu’il partage avec son Père, une vie qui ne meurt pas.
Une vie jaillissante dont la transfiguration sur le mont Tabor et la résurrection au matin de Pâques sont le signe.
C’est par cette Vie-là que nous pouvons transformer notre vie terrestre.
Pour bien vivre la vie qui nous reste et en faire quelque chose de beau et de grand, nous avons à greffer en elle cette Vie supérieure qui est Jésus lui-même.
Sources où puiser la vie en abondance
Allons à nouveau, en esprit, aux sources du Jourdain, il y en a plusieurs. Je vois plusieurs sources où puiser cette vie :
La foi et notre baptême, qui signifient notre adhésion de cœur au Christ. Se souvenir que nous avons été baptisés, c’est inviter toujours à nouveau Jésus à vivre en nous, à lui demander dans une prière continuelle de verser en nous l’eau de son amour, de son Esprit.
La sainte Cène qui est notre nourriture et les Paroles de Jésus. Parmi celles-ci une parole les résume toutes : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Jésus nous a tellement aimés qu’il a donné sa vie pour nous. Et il nous demande de nous aimer avec la mesure de son amour.
Si nous voulons faire quelque chose de beau et de grand dans le peu de temps qui nous reste à vivre – car la vie ici-bas n’est qu’un souffle, qu’une herbe qui grandit le matin et périt le soir, il ne faut pas chercher bien loin la source de la vie en abondance.
La vie est dans cet amour concret que je peux offrir à la personne qui passe dans l’instant présent de ma vie. Maintenant et instant après présent, jusqu’au dernier instant ici-bas qui me fera basculer dans l’Eternel présent du Christ.
Recevoir la vie en abondance dans l’instant présent
La vie, la vraie vie est là, dans ce frère, cette sœur qui sont assis à côté de moi, derrière ou devant moi. La vie en plénitude est dans cet enfant malade pour qui je me fais du souci, la vie en abondance est dans cette personne âgée que je vais visiter, la vie sans mesure est dans ce patron, cet employé, ce maître d’école, ce collègue, ce conjoint, ce policier, ce médecin que je vais rencontrer aujourd’hui ou demain.
Pour ne pas laisser passer l’occasion de la vie qui nous reste, aimons-les avec la mesure de Jésus. En faisant le vide de nous-mêmes, en aimant comme Jésus nous a aimés, nous permettons alors à Jésus de venir au milieu de nous.
Voici donc la chose grande, belle, extraordinaire et sainte que nous pouvons réaliser à chaque instant : donner la possibilité au Ressuscité de surgir au milieu de nous.
Et lorsqu’il est là, que vouloir de plus. Il est vie et vie en plénitude et abondance. Nous le sentons, nous le ressentons par les sens, par la joie et la paix qui nous habitent et qui imprègnent aussi nos relations les uns avec les autres.
C’est maintenant, dans l’instant présent qui passe, que Jésus désire nous rapprocher de Lui, en nous faisant entrer dans l’intimité du Père pour partager sa vie avec nous.
Nous ne comprendrons jamais assez la valeur de l’instant présent. Si je vis le présent en restant dans l’amour – ce qui est toujours la volonté de Dieu sur nous, sur chacun de nous – Dieu est là et la plénitude de sa grâce nous est offerte.
Souvent nous nous évertuons à chercher mille chemins pour parvenir à Dieu, à être meilleurs et à progresser dans la vie chrétienne.
Mais Jésus est déjà là avant que nous le cherchions. S’il est Ressuscité, il est l’éternel présent et il nous attend sur nos chemins, lui qui est le Chemin. A chaque instant de la vie qu’il nous donne, il attend de pouvoir travailler avec nous.
Toujours il se présente à nous dans l’instant présent. Mais trop souvent nous ne le rencontrons pas, car nous sommes repliés sur nous-mêmes. Alors Jésus sait aussi se présenter dans les instants difficiles, dans les circonstances douloureuses et inévitables de la vie.
Il vient alors frapper à notre porte non comme quelqu’un qui nous veut du mal. Il n’est pas un voleur qui vient dérober et faire du mal, mais le bon berger qui veut nous conduire vers la vie en plénitude.
Chiara Badano
C’est ce qu’a compris une jeune fille, qui s’appelle Claire Badano, dont je viens de lire le témoignage de vie. Atteinte d’une grave maladie, elle avait accepté dans une grande foi son départ qu’elle sentait imminent. Voilà ce qu’elle écrit peu de temps avant sa mort : « Est-ce que j’arriverai à être fidèle à Jésus ? Je me sens tellement petite et la route est si dure à parcourir ; je me sens si souvent submergée par la douleur. Mais c’est mon époux qui vient à ma rencontre, n’est-ce pas ? Ici tout le monde demande un miracle (et tu sais combien je le désire…) mais moi, je n’arrive pas à le demander. Peut-être cette difficulté vient-elle de mon impression que cela n’entre pas dans sa volonté …Jésus a permis cette épreuve, mais c’est grâce à lui si je réussis à l’accepter…Il y a peu de mérite de ma part. »
Par sa foi et son amour, Claire s’est en allée dans la vie. Jésus a manifesté en elle la vie en abondance, parce qu’elle a cru en lui et l’a aimé. Nombreux furent les personnes dont la vie a été renouvelée grâce à son témoignage
Ce qui transforme tout, ce qui donne la vie pleine, ce qui accomplit le miracle, c’est l’amour, ce n’est que la confiance dans l’amour de Dieu.
Alors comment vivrons-nous? Fixons-nous dans l’instant présent, avec toutes ses joies, ses imprévus, ses peines et les engagements qu’il demande. Et s’il nous semble que l’instant nous échappe et que nous n’avons pas assez aimé, ne nous décourageons pas!
Souvenons-nous que nous pouvons recommencer et que nous ne sommes jamais seuls, car Jésus est toujours là et veut nous emporter vers les sources tranquilles et les prés d’herbe fraîche.
Prière
La perle de grand prix, le trésor caché,
Où les chercher, Seigneur ?
Est-ce au fond de mon âme,
Où tu verses ton Esprit ?
Est-ce dans les Écritures
Où ton Verbe me parle ?
Est-ce dans la prière et le chant
Où tu nous unis aux anges ?
Est-ce dans le pain et le vin
Où tu nous rassembles en toi ?
Est-ce dans ton Eglise
Où tu enseignes ta sagesse ?
Dans toutes ces sources, je t’ai trouvé.
Mais la perle et le trésor
Pour lesquels je donnerais tout,
C’est l’amour réciproque et continuel :
Il éclaire mon âme,
Il me fait comprendre les Ecritures
Il fait chanter mon cœur,
Il nous rassemble dans l’unité.
Il nous donne la vraie sagesse,
Et cet amour a un nom : le tien, Jésus !