Le pèlerinage vers la maison de Dieu (Psaume 84)

« Heureux ceux qui trouvent leur force en toi, ils trouvent dans
leur cœur des chemins tout tracés ».

Cette parole du Psaume 84 est chantée par un poète, qui vit le pèlerinage vers Jérusalem. En Israël, il y avait plusieurs fêtes de pèlerinages : en particulier à Pâques (au printemps) et pour la fête des Tabernacles (en automne). Les tribus montaient vers la ville de la paix pour rencontrer le Dieu de la paix et la partager entre elles. Jésus a aussi marché sur les chemins de pèlerinage avec sa famille et ses disciples pour participer à ces fêtes. 

Aujourd’hui, les vieux chemins de pèlerinage sont de nouveau parcourus par de nombreux pèlerins. Même les protestants s’y mettent. Il y a quelques années j’ai passé une semaine à Trondheim, en Norvège, où finit le chemin de Saint Olav, dans la cathédrale de Nidaros. j’ai découvert une nouvelle pensée protestante du pèlerinage, qui veut dépasser les critiques de Luther sur cette pratique. 

Deux chemins importants passent à travers notre canton : celui de Saint Jacques et celui de qui conduit à Rome, depuis Cantorbéry. Leur lieu de croisement se trouve à la cathédrale de Lausanne. C’est pourquoi elle est si grande et qu’elle était le premier lieu de pèlerinage de Suisse, avant la Réforme.

« Heureux ceux qui trouvent leur force en toi, ils trouvent dans
leur cœur des chemins tout tracés ».

Notre psalmiste décide de se mettre en marche, car il porte en lui la nostalgie du souvenir de Dieu dans le temple. Il pense aux « demeures tant aimées » du Seigneur, où il a vécut la présence de Dieu. Décidant d’y retourner, il se remet en route vers Jérusalem.

Depuis qu’Adam et Eve ont été chassés du paradis, nous portons tous en nous cette nostalgie. Nous sommes tous étrangers et voyageurs sur cette terre. Pas loin de ma maison, se trouve un chalet où l’on peut lire en grosses lettres sous l’avant-toi : « Nous en sommes en chemin vers notre demeure éternelle ». Chose intéressante, cette maison se trouve aussi là où les deux chemins se croisent: celui vers Saint Jacques de Compostelle et celui vers Rome

Cependant, aujourd’hui nous avons oublié que nous sommes de passage ici-bas, en route vers Dieu, source et but de notre vie. Nous vivons à une époque marquée par l’activisme et par l’efficacité. Certains considèrent comme inutiles les jours de repos, superflus les moments de prière. 

Commencer un chemin de pèlerinage vient contester cette logique effrénée. En se mettant en route avec peu de choses, on décide de vivre autrement. On découvre que le plus important est de suivre ce que Dieu veut dans le moment présent de notre vie. Et ce qu’il attend de nous, c’est que nous soyons présents à Lui et que nous rencontrions en chacun un Visage. Sans cette attention à Lui et les uns aux autres, nous ne sommes que des machines. 

Jésus, le pèlerin accompli

Jésus, le Fils de Dieu, a lui aussi marché sur les chemins de pèlerinage. Comme tout enfant d’Israël, il est monté à Jérusalem avec sa famille, chaque année, pour participer aux grandes fêtes. L’Évangile de Luc raconte qu’à douze ans, il monte avec ses parents pour la fête de la Pâque, et qu’il reste au Temple pour écouter et interroger les docteurs de la Loi. Déjà, il manifeste son amour pour la maison de son Père.

Tout au long de sa vie publique, Jésus participe encore à ces fêtes : il enseigne au Temple, prie, guérit et révèle que Dieu ne demeure plus seulement dans un sanctuaire de pierre, mais dans sa propre personne. Il est désormais le vrai Temple, le lieu où le ciel et la terre se rencontrent.

En Jésus, le sens du pèlerinage s’accomplit pleinement. Il est lui-même le chemin qui conduit au Père. Marcher à sa suite, c’est entrer dans le vrai pèlerinage : celui du cœur, de la foi et de la transformation intérieure. Avec lui, chaque pas devient prière, chaque halte devient rencontre, chaque épreuve devient promesse de vie.

Ainsi, le Psaume 84 ne décrit pas seulement le voyage d’un croyant de l’Ancienne Alliance vers Jérusalem : il annonce déjà le pèlerinage spirituel de tout disciple du Christ. Nous aussi, « nous sommes en chemin vers notre demeure éternelle », comme le dit l’inscription du chalet de mon village, là où Dieu essuiera toute larme de nos yeux.

Chaque jour, même si nous ne faisons pas physiquement un pèlerinage, posons-nous cette question : où en sommes-nous dans notre discernement de la volonté de Dieu ? Et dans l’émondage de notre vie : est-ce que Jésus me demande de renoncer à quelque attachement ? Si nous avons conscience que nous progressons sur le chemin de l’Evangile de la compassion, remercions-en Dieu. Si nous avons l’impression d’être en panne, remercions le aussi, car il nous donne l’instant présent pour recommencer avec lui en mettant notre passé avec ses échecs dans sa miséricorde. Prenons un moment pour nous poser ces questions. Elles sont nécessaires pour goûter au bonheur du pèlerin qui chante: 

« Heureux ceux qui trouvent leur force en toi, ils trouvent dans
leur cœur des chemins tout tracés ».

Méditation donnée à gîte El Gire, sur le chemin de Saint Jacques. Montpreveyre, 5 nov. 2025

Voir ici sur la spiritualité du pèlerinage


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