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Noël à travers les lunettes de Pâques

Si Noël est la fête la plus populaire dans nos pays occidentaux, c’est Pâques qui devrait venir en premier. Chaque dimanche est « jour du Seigneur », jour de sa résurrection.

Et Pâques a été fêté bien avant Noël dans l’histoire de l’Église !

Dans les pays orthodoxes, c’est aussi Pâques qui demeure la « fête des fêtes ».

Depuis que je collabore à l’initiative « Jésus Célébration 2033 », la résurrection de Jésus a pris une plus grande importance dans ma vie spirituelle et ma réflexion théologique. De même la spiritualité des Focolari – à laquelle je me relie – me centre sur la présence du Ressuscité parmi nous, car ce point en est la clé de voûte.

De plus en plus, je relis les Écritures à travers le prisme de « Jésus ressuscité au milieu de nous ». Également ma vie personnelle et la vie de l’Église !

Sur le chemin d’Emmaüs, Jésus ressuscité a expliqué dans les Écritures tout ce qui le concernait. Ayant fait cela, il nous invite aussi à les lire ainsi et à comprendre notre vie comme un pèlerinage avec lui qui nous accompagne « tous les jours jusqu’à la fin ».

Bref il s’agit d’acquérir la « compétence d’Emmaüs », c’est-à-dire comprendre nos vies et les Écritures à partir de Jésus ressuscité parmi nous.

 

Noël, anticipation du Ressuscité parmi nous !

Voyons comment cette « compétence d’Emmaüs » nous conduit à relire les deux récits de la nativité de Jésus, dans les évangiles de Matthieu et de Luc !

Joseph et Marie sont les premiers à faire l’expérience de « Jésus parmi nous », après que Marie ait mis au monde Jésus à Bethléem.

Ils sont les premiers à avoir vécu la célèbre parole de l’évangile de Matthieu : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (18,21).

Comme Marie, la vocation du chrétien est de « mettre au monde » le Christ, c’est-à-dire de susciter la présence spirituelle du Ressuscité. C’est notre « vocation mariale », si je peux m’exprimer ainsi !

Cette présence spirituelle du Ressuscité parmi nous est ce qui constitue l’Église. Elle commence là où deux ou trois sont réunis en son nom.

Sans Jésus parmi nous, il n’y a pas d’Église en son sens le plus profond. Sans la présence du Ressuscité, l’Église est un rassemblement sociologique comme un autre.

Si l’Église est l’espace où Jésus veut se manifester au milieu de nous, la question fondamentale est alors : quelle place donnons-nous au Christ parmi nous ?

Y a-t-il une place pour lui ou bien nos Églises sont-elles si remplies de nos préoccupations et de nos idées qu’il n’y a plus de place pour le Christ… comme les hôtelleries de Bethléem : « Il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » !

Comment s’assurer qu’il soit au milieu de nous ?

Ce ne sont ni le prestige, ni la grandeur, ni l’antiquité, ni les décisions unanimes, ni la bonne organisation d’une Église qui garantissent la présence de Jésus au milieu d’elle.

Jésus n’est pas né dans un palais à Jérusalem, ni dans la proximité du temple, ni même dans un hôtel à Bethléem, mais dans un endroit très humble, tout à fait inattendu et non conventionnel. Quelle interpellation!

 

Les effets de la présence de Jésus à Noël

Quels sont les effets de la présence de Jésus dans les textes de la nativité ?Nativite.3

Voyons cela dans l’Évangile de Luc !

Jésus parmi nous est clarté et gloire: « la gloire du Seigneur enveloppe les bergers de lumière » (2,9), mais une gloire humble et discrète, comme un nouveau-né qui ne s’impose pas.

Il suscite la confiance et ne provoque pas la peur : « N’ayez pas peur », dit l’ange aux bergers (2,10) 

Il provoque une grande joie : « Je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une grande joie » (2,10), dit encore l’ange.

Il ajoute: « Un Sauveur est né pour vous. C’est le Messie, le Seigneur« . Parce qu’il est le Messie, rempli de l’Esprit saint, il communique l’Esprit et tous ses dons (2,11)

Sa présence met en route les bergers: « allons jusqu’à Bethléem » (2,15), disent-ils. Sa présence parmi nous nous donne cet élan de la rencontre et un esprit de recherche (v. 16).

Après l’avoir découvert, les bergers, comme les mages, le contemplent et l’adorent (2,17 ; Mat 2,11).

Bref, sa présence entre Joseph et Marie provoque émerveillement et étonnement (2,18), foi et louange (2,20). Il continue à accomplir cette oeuvre merveilleuse.

On entend parfois qu’à Noël nous sommes invités à accueillir l’enfant Jésus.

Je n’aime pas cette manière de parler !

En effet ce n’est pas l’enfant Jésus que nous accueillons, mais le Fils de Dieu incarné, né de Marie qui a grandi en sagesse devant Dieu et les hommes, qui a dit des paroles de vie éternelle, guéri tant de malades, délivré tant d’opprimés, donné sa vie par amour et est ressuscité trois jours après.

Celui que nous accueillons est le Ressuscité.

Et si nous lisons les récits de sa naissance et célébrons Noël, c’est pour affirmer qu’il est à jamais au milieu de nous, comme le Ressuscité qui ne meurt plus ! Il continue à être au milieu de nous comme il l’a été entre Joseph et Marie, les bergers et les mages, les anges et les bêtes.

Que nos rapports humains soient la crèche qui accueille Jésus parmi nous ; Jésus qui veut réunir notre monde, aujourd’hui si fragmenté!

Mon souhait, en ce Noël, est qu’il soit pour tous une fête de joie profonde, dans l’engagement à donner place à la présence de Jésus parmi nous, en prenant soin les uns les autres. 

Hier je me suis demandé quels seraient les voeux que Jésus ferait pour nous. Dans la prière, il m’a semblé entendre le mot « Prendre soin ». Voici ma prière suite à ce moment :

Si tu es Emanuel,
tu vis avec nous
et marche parmi nous.
En cette saison
d’échanges de vœux,
quels vœux fais-tu pour nous ?

Dans l’Esprit saint
tu me dis une seule parole :
« Prendre soin » !

« Prends soin de ta relation avec moi,
Que silence et prière t’habitent !
Prends soin de ta relation avec autrui,
Que justice et honnêteté te guident !
Prends soin de ta relation avec toi-même,
Que sobriété et integrité t’animent !
Prends soin de ta relation avec ma création,
Que respect et émerveillement t’inspirent ! »

Je le dis à toi,
mais aussi à tous ceux
qui marchent avec toi
vers mon Père et votre Père.

Je marche au milieu de vous
et prends soin de vous
pour que devienne réelle
cette seule parole :
« Prendre soin ».

Alors gardez-moi au milieu de vous
en prenant soin les uns les autres ! »

 

 


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