Le congrès tenu à Castelgandolfo, dans les hauteurs de Rome, du 27 au 29 mars 2025 s’est conclu avec un florilège d’expériences œcuméniques. Elles témoignent de l’importance d’une spiritualité fondée sur les relations entre personnes et Églises. Cette spiritualité anime des personnes qui témoignent que l’unité entre chrétiens est possible.
Partager nos chemins de foi : le Forum chrétien mondial
Natacha Klukach représente le Forum chrétien mondial, dont le charisme est le « partage des histoires de foi », qui permet de construire des relations entre personnes de différentes confessions. « Découvrir le travail de l’Esprit-Saint dans nos vies brise les barrières », dit-elle.
Le Forum chrétien est un espace ouvert et a « quatre piliers » : l’Église catholique, le Conseil œcuménique des Églises, l’Alliance évangélique mondiale et la Fraternité pentecôtiste mondiale. Son objectif actuel est « d’élargir la table », en multipliant ces espaces et en diffusant la méthodologie de partage.
Le moment fort de la dernière assemblée à Accra (Ghana) en avril 2024 a été un pèlerinage à Cape Coast. Dans cette prison, l’Église a été complice de l’esclavage, une antithèse de l’espérance ! Durant la célébration pénitentielle qui a suivi cette visite, l’appel à l’unité des chrétiens a été lié au respect de l’image de Dieu en chacun. Il fallait se repentir du péché d’avoir brisé le corps du Christ par l’esclavage.
Une unité à trois dimensions : la Fraternité pentecôtiste mondiale
William Wilson, le président de la Fraternité pentecôtiste mondiale, donne un bref message en trois points sur la prière de Jésus dans le chapitre 17 de l’évangile de Jean. Une prière qui l’habite depuis fort longtemps :
1. L’unité doit être relationnelle, comme le Père et le Fils sont un et s’aiment.
2. L’unité doit être missionnaire, sinon elle se disperse. Pour rester ensemble, il faut être missionnaire, afin que l’Évangile puisse être partout partagé.
3. L’unité doit être spirituelle. Sans la présence de l’Esprit de Dieu, l’Église est un club. Il nous donne d’être en lien les uns avec les autres. La présence de l’Esprit nous permet d’être simultanément en unité et missionnaire. Que Dieu nous accorde cette synergie surnaturelle !
En marche dans l’unité pour célébrer les 2000 ans de la résurrection. JC2033
JC2033 est un mouvement qui invite les chrétiens à préparer et à célébrer ensemble les 2000 ans de la résurrection de Jésus-Christ. Martin Hoegger, pasteur suisse, fait partie de la petite équipe interconfessionnelle qui a visité des Églises dans plus de 50 pays. L’Église catholique a organisé le premier « Jubilé de la Rédemption » lors de l’ »Année sainte 1933″, puis en 1983. Elle organisera sans doute en 2033, un programme mondial comme pour l’année 2000.
« Pouvons-nous saisir l’occasion d’organiser le jubilé de 2033 ensemble, de manière œcuménique, dans nos villes, dans nos pays et dans le monde entier ? Ce serait merveilleux d’avoir un Jubilé œcuménique… Marchons ensemble avec Jésus au milieu de nous vers 2033… en nous accueillant les uns les autres, comme il nous a accueillis ! Il nous éclairera sur ce chemin d’unité et de témoignage si nous avançons avec lui », dit-il.
L’unité, un signe d’espérance : Ensemble pour l’Europe
Gerhard Pross, le modérateur d’Ensemble pour l’Europe, voit dans cette initiative du Jubilé de 2033 un signe d’espérance, car elle rassemble des chrétiens de toutes les Églises. Il se souvient aussi des funérailles de Chiara Lubich à la basilique de Saint Paul-Hors-les-Murs que nous avons visité hier. « C’était pour moi une très belle expérience, un signe non de tristesse, mais d’espérance ».
Il partage d’autres signes d’espérance : lors des rencontres d’Ensemble pour l’Europe qui rassemblent tant de chrétiens de divers Églises et mouvements, il voit les traits de « l’Église du futur…un signe que Dieu est à l’œuvre, à travers l’amitié entre chrétiens et responsables ». Il pense à cette foule immense dont parle le livre de l’Apocalypse. Ce dépassement des frontières entre les confessions et les spiritualités est un grand signe de l’œuvre de l’Esprit-Saint, même dans des pays où la guerre sévit, comme l’Ukraine, car « Jésus est le signe de notre espérance. Il est entré dans toutes nos fractures par sa mort et sa résurrection ».
De la tribulation à la vocation : « Somos uno »
Mayara Amaral Pazeto, du mouvement « Somos uno » au Brésil, est animée par « la patience et l’espérance dans la tribulation », dont parle la lettre aux Romains. De manière touchante, elle partage qu’on lui avait caché qu’elle était née d’une relation extra-conjugale de son père. Mais ce dernier s’est converti au Christ et cela a changé sa vie, et il est devenu pasteur pentecôtiste. A l’âge de 16 ans, elle a rencontré son père pour la première fois. Le Christ lui a alors parlé et elle est devenue une pentecôtiste convaincue et a été conduite au pardon et à la réconciliation.
« La tribulation est devenue vocation » … En fréquentant une faculté de théologie catholique, elle a découvert un appel à l’œcuménisme. Plus tard, elle est devenue membre du dialogue entre catholiques et pentecôtistes et a lancé le mouvement charismatique « Somos uno », « nous sommes un ».
Des jeunes remplis de l’amour de Dieu : Ikumeni
« Ikumeni » est un projet œcuménique latino-américain pour la jeunesse. Il propose un parcours de formation sur quatre mois et a formé 300 jeunes dans 20 pays. Dans des contextes de conflits et de polarisation, si la paix commence dans les cœurs, elle doit être traduite en actions concrètes. Dans ce mouvement on vit un oecuménisme qui se met au service des plus pauvres et fragilisés. Des liens sont aussi tissés avec des membres d’autres religions.
« Quelle merveille le Seigneur a fait pour nous, nous avons découvert des frères et des sœurs dans toutes les Églises. Le commandement de Jésus à l’unité a été rendu vivant. Ikumeni a été une bénédiction pour ces jeunes remplis de l’amour de Dieu ».
Une unité relationnelle : John 17 Movement
Joe Tosini, fondateur de « John 17 Movement », a été inspiré par le chapitre 17 de l’évangile de Jean à rencontrer, comme pentecôtiste, les catholiques, le pape François et les Focolari. Pour vivre avec eux une « unité relationnelle ». Pour lui, « le royaume de Dieu se déplace selon la mesure de la qualité de nos relations. À cause de la division, nous perdons notre saveur. Aujourd’hui, nous devons considérer un nouveau modèle : nous aimer les uns les autres, dans une profonde humilité, est le défi du siècle. »
Construire des ponts : « Rizal »
Le projet œcuménique « Rizal » aux Philippines met l’accent sur les relations, avec des activités concrètes comme des repas pris en commun et des retraites spirituelles, et en insistant sur l’importance de l’écoute réciproque et de l’accueil selon la spiritualité de l’unité. Cela a conduit également à des œuvres sociales, comme l’aide apportée aux victimes d’un typhon. Ainsi, des personnes qui se méfiaient de l’œcuménisme ont été gagnées.
Un jeune y a reçu un appel à devenir pasteur. Voyant les fruits et les ponts construits, le Conseil des Églises des Philippines et la Conférence des évêques catholiques a confié à Rizal l’animation de l’ouverture de la semaine de prière pour l’unité, l’année dernière. « Nous avons compris que lorsque nous aimons, l’unité est possible ».
Un florilège d’initiatives
Comment être témoin dans un monde sécularisé ? Un groupe de femmes hollandaises a senti que c’est la présence de Jésus-Christ parmi elles qui attire les jeunes. Pour elles, l’œcuménisme, ce n’est pas seulement célébrer ensemble, mais s’entraider concrètement.
Un groupe œcuménique au Vénézuéla est en route depuis 1986, non sans oppositions. Mais, il a persévéré en restant dans l’amour. L’Esprit de Dieu a alors pénétré le cœur des personnes critiques. Au fil des ans, les relations sont devenues de plus en plus profondes entre catholiques, protestants et pentecôtistes.
Un prêtre anglican de l’Ouganda rappelle toujours à sa communauté que la Bible invite à l’unité, pas à la discrimination et que l’unité pour laquelle Jésus a prié (Jean 17) concerne toutes les personnes.
En Irlande du Nord, à Belfast, le « 4 Corners Festival » est un moyen pour amener les gens à découvrir d’autres espaces religieux et culturels, dans une ville marquée par des divisions et des oppositions. « C’est un festival de l’Esprit saint où un œcuménisme du peuple est vécu ». Pour la 10e édition, le pape François a même envoyé une vidéo de salutations. Www.4cornersfestival.com
Anke Husberg fait partie d’une communauté œcuménique des Focolari, à Augsbourg. Cette diversité enrichit tous ceux qui participent à la vie de cette communauté. Augsbourg est la « ville de la paix » : une fête annuelle de la paix y est célébrée et un « Prix de la paix » y est décerné. Les Églises ont lancé l’initiative « Augsbourg prie pour la paix ». 100 soirées de prières ont été organisées : « Le fait de prier ensemble nous permet de faire l’expérience d’une paix profonde ».
Dans une ville de Slovaquie, les Églises organisent un chemin de croix œcuménique, le vendredi saint. Il visite les diverses églises, nombreuses. Un service d’action de grâce est aussi organisé à tour de rôle dans une église différente. De même, un festival d’art sacré, avec une bonne collaboration avec les autorités communales et régionales.
Conclusion : un bouquet de fleurs multicolores.
En conclusion, voici quelques impressions confiées par les participants sur cette belle rencontre. Elles témoignent de la vitalité d’une spiritualité qui met l’accent sur l’amour de Dieu et à y répondre en nous accueillant les uns les autres.
« Cette rencontre a été un vrai pèlerinage, une réponse de Dieu alors que je me prépare au ministère pastoral. Je demanderai à Dieu de me conduire toujours au-delà de ce qui peut nous diviser » (un protestant camerounais).
« J’ai vu dans cette rencontre un bouquet de fleurs. Chaque fleur est merveilleuse, mais un bouquet avec diverses fleurs est encore plus beau. Nous sommes ici ce magnifique bouquet que nous pouvons apporter à Dieu » (Un pasteur réformé ukrainien)
« Le dialogue implique de s’écouter réciproquement et d’ouvrir nos cœurs. Il permet de dépasser les oppositions. Il n’est pas un exercice intellectuel, mais un style de vie ». (Un prêtre des Philippines)
« Je ressens qu’on est une unique et même famille. Il y a ici une atmosphère d’amour véritable qui nous unit. Continuons à prier les uns pour les autres ». (Un prêtre copte orthodoxe d’Égypte)
« Que pouvons-nous laisser à nos enfants ? Si nous sommes une famille unie, nous devons leur laisser un bel héritage, pas les conflits et la division » (Un copte orthodoxe d’Égypte)
« Nous avons vu le visage du Christ en chacun. Notre famille s’est élargie ; nous nous sommes sentis chez nous et notre espérance a été fortifiée. Un mot peut définir cette rencontre : « édifier ». (Un pasteur anglican du Vénézuéla)
« J’ai senti l’amour en chaque visage. L’œcuménisme n’est pas une théorie, mais une réalité que Christ nous a donnée » (un responsable de jeunesse protestante en République démocratique du Congo)
« Vous nous avez montré que l’amour est le langage universel. On s’est tous compris…même avec les pasteurs »! (Une jeune pentecôtiste colombienne)
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