Chapelle sur l’île d’Egine où j’ai créé les « Perles du coeur »
Fin septembre 2014, je me trouvais sur l’île d’Egine, au large d’Athènes, là où se trouve le monastère de Saint Nectaire, un chrétien très populaire dans l’Eglise orthodoxe.
J’avais sur le cœur le fardeau de trouver un moyen pour approfondir ma vie de prière, également d’aider d’autres personnes à prier, en particulier les jeunes.
Pour « prier sans cesse », comme nous y invite Saint Paul (1 Thess 5,17), le Pèlerin russe s’est mis en route et a franchi monts et vaux pour finalement découvrir la « prière du cœur ». Dans l’Eglise catholique, il y a le chapelet du rosaire. Peut-on imaginer une aide à la prière, qui soit en harmonie avec ma spiritualité réformée ?
J’ai alors demandé à l’Esprit saint de « venir en aide à ma faiblesse » et de me donner quelques inspirations.
Un jour que je prenais le repas de midi dans un restaurant sur la place d’un petit port de cette île, j’ai été frappé par le patron de cet établissement, qui, tout en nous servant, égrenait son chapelet orthodoxe. Il le faisait avec une grande liberté. La joie se lisait sur son visage.
Durant la promenade avec mon épouse au bord de la mer, qui suivit le repas, cette image du chapelet m’est revenue. Comme c’est une pratique de piété étrangère au protestantisme, je priais l’Esprit de me donner une idée qui soit en affinité avec ma spiritualité.
Chemin faisant, dans le sable soulevé par un fort vent, l’idée prend forme petit à petit à petit et, de retour à mon hôtel, après quelques ébauches, je dessine un collier de prière qui aura quatre grosses perles et huit petites. Elles expriment quatre réalités de la prière : « ma confiance », « mes blessures », « ma lumière » et « mon chemin ».
Elles nous aideront à comprendre le sens des petits mots de la prière : merci, pardon, s’il te plaît !
Ces perles sont reliées par des petites perles longilignes vertes et par un coeur.
Douze perles pour entrer dans la présence de Dieu amour
Dans le livre de l’Apocalypse, les douze portes de la Jérusalem céleste sont douze perles. (21,21) Elles sont placées par quatre groupes de trois et portent les noms des douze apôtres (21,13s)
Le bracelet avec 4 fois 3 perles de couleurs différentes propose symboliquement douze portes pour entrer dans la présence de Dieu-amour, de l’agneau qui a donné sa vie par amour pour nous.
Un parcours de prière « par quatre chemins » !
Dans le livre de l’Apocalypse, les douze portes de la Jérusalem céleste sont douze perles. (21,21) Elles sont placées par quatre groupes de trois et portent les noms des douze apôtres (21,13s)
Le bracelet avec 4 fois 3 perles de couleurs différentes propose symboliquement douze portes pour entrer dans
la présence de Dieu-amour, de l’agneau qui a donné sa vie par amour pour nous.
Un parcours de prière « par quatre chemins » !
Folio 55 de l’Apocalypse de Bamberg – L’ange montre à Jean la Nouvelle Jérusalem, avec l’Agneau de Dieu au centre.
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Pourquoi des perles ?
– Quel est l’objet que les jeunes touchent le plus aujourd’hui ? Le Smartphone ! Je voudrais leur proposer un objet qu’ils touchent encore plus et qui sert à communiquer avec Dieu !
– Dans l’Ancien Testament, des symboles servent à éveiller la mémoire. Une petite boîte est placée sur le front de celui qui prie (Deut. 6,4). En agissant ainsi de manière très concrète, nos amis juifs n’oublient pas Dieu et sa Parole. Il faut éveiller la mémoire pour prier. A travers les choses visibles, nous allons vers les choses invisibles (Per visibilia ad invisibilia). Dans la sainte cène, à travers le pain et le vin, nous faisons mémoire de Jésus
– Un collier de perles est aussi symbole du peuple de Dieu rassemblé : « Jérusalem… lève les yeux et regarde autour de toi : tous tes enfants se rassemblent, ils seront pour toi comme un collier de perles » (Es. 49,18)
– « La sagesse a plus de valeur que des perles précieuses », dit le livre des Proverbes. « On ne peut rien désirer de meilleur. Elle aide l’homme à vivre longtemps, elle lui procure prospérité et honneur. Elle le dirige sur des chemins agréables où il avance en toute sécurité. C’est un arbre de vie pour ceux qui la pratiquent, ceux qui s’y attachent sont heureux ». (Prov. 3,15-17)
– « Il trouva une perle de beaucoup de valeur. Alors il va vendre tout ce qu’il a et achète la perle » (Mat 13,45s). Les perles du cœur nous centrent sur le cœur de l’Evangile.
– Pour aider à la prière et la méditation, beaucoup de religions utilisent des perles, comme par exemple le bracelet des sept couleurs des chakras dans l’hindouisme. Les musulmans les utilisent aussi, ainsi que diverses traditions chrétiennes.
Les perles en pierres semi-précieuses
Les perles sont belles et précieuses. La beauté nous aide dans notre foi. Pourtant « la valeur de la sagesse dépasse celle des perles » (Job 28,18) : « On trouve beaucoup d’or et toutes sortes de perles. Mais la chose la plus précieuse ce sont des paroles qui instruisent ».
Et puis souvenons-nous que les perles ne sont que des pierres. Elles n’ont pas de valeur particulière, sinon une force d’évocation symbolique.
Perle jaune : jade, aventurine jaune
Perle rouge : corail, cornaline, obsidienne, agate
Perle bleue : quartz bleu, sodalite, turquoise
Perle blanche : howlite, agate, jade, corail blanc
Perle verte : malachite, agate
Perle du coeur: crystal naturel
1. Les perles blanches de ma confiance
Quelle est ma confiance ?
Le blanc est un symbole universel de pureté, d’innocence. Montrer un drapeau blanc marque la fin des hostilités. La personne qui le porte a confiance qu’on ne lui fera pas de mal.
« Si la confiance du cœur était au commencement de tout » (Frère Roger, Taizé)
Je peux faire confiance à Dieu. Il est en paix avec moi, il m’accueille. Il n’a jamais fait de mal à personne. Cela fait bientôt 40 ans que je le connais et il ne m’a jamais déçu.
Dieu amour, Dieu Père : Avec cette perle, je lui dis que je fais confiance à son amour. Il est le Bien Aimé qui toujours vient à ma rencontre pour éveiller mon amour (Cantique des cantiques 2,10-14). C’est le premier article du Credo.
Je peux lui dire le premier petit mot essentiel de la prière : merci !
2. La perle rouge de mes blessures
Quelles sont mes blessures ?
Rouge, couleur sang, couleur des martyrs. Couleur de la terre aussi. Il y a tant de blessures dans notre monde !
Moi aussi j’ai reçu des blessures. Il y a les blessures de ma santé, quand je suis malade ou accidenté. Parfois elles provoquent des conséquences irréversibles.
Il y a les blessures que j’ai reçues par d’autres personnes quand elles m’ont fait du mal, m’ont jugé ou exclu.
Il y a les blessures que je me suis fait à moi-même par mes fermetures à l’amour, mes transgressions ou mes avidités.
Il y a encore les blessures que j’ai infligées à d’autres personnes par mes manques d’attention.
Et puis il y a toutes les blessures inimaginables que l’humanité non réconciliée s’inflige à travers les guerres, les génocides, les massacres.
Et celles que l’humanité provoque à la nature, par sa voracité. Blessures qui en retour provoquent des conséquences imprévisibles sur la vie humaine.
Et comme nous sommes tous créés à l’image de Dieu, c’est finalement lui que nous blessons.
Jésus, lui aussi a été terriblement blessé. Moralement et physiquement. Mais il est resté jusqu’au bout dans l’amour, sans jamais rendre le mal pour le mal. « Ses blessures nous ont guéris », dit Pierre à propos de Jésus crucifié (1 Pierre 2,24).
Jésus est la miséricorde qui se penche sur la misère.
Il est le bon Samaritain devant l’humanité blessée.
Je me centre sur Jésus crucifié et abandonné : je m’abandonne à lui avec cette perle rouge ! C’est la première partie du deuxième article du Credo : le Fils de Dieu est devenu un homme pour vivre et mourir avec et pour nous.
Avec cette perle je peux dire à Jésus cet autre mois essentiel de la prière : pardon!
3. La perle jaune de ma lumière
Quelle est ma lumière ?
Après le rouge, le jaune est la deuxième couleur fondamentale.
Il y a fort longtemps, j’ai grimpé sur le mont Sinaï pour le lever du soleil. Là j’ai été frappé de voir uniquement les trois couleurs fondamentales. La terre était rouge, le ciel bleu et le soleil jaune.
Le jaune est la couleur du soleil. Il symbolise la lumière.
Nulle couleur n’est plus joyeuse, chaleureuse et stimulante que le jaune. Couleur du soleil, de la fête et de la joie, elle permet d’égayer un univers et de le faire rayonner. Tout comme le soleil qui diffuse ses rayons porteurs de vie sur terre, le jaune est la couleur de la vie et du mouvement.
Elle me dit que Jésus est « la lumière du monde » (Jean 8,11), qui est venu nous délivrer. Il est ressuscité, il est parmi nous.
« Ma lumière et mon salut, c’est le Seigneur »
Je me consacre et me donne à Lui. Je peux lui dire ce quatrième petit mot essentiel de la prière : s’il te plaît!
Jésus ressuscité est au milieu de nous : Cette perle jaune me le redit. C’est la deuxième partie du deuxième article du Credo.
4. La perle bleue de mon chemin
Quel est mon chemin ?
Le bleu est la couleur du ciel ou de la mer. Elle ouvre les horizons, invite au désir, au voyage.
Elle est aussi symbole de vérité et de sagesse, comme l’eau transparente qui ne peut rien cacher.
Dans la cathédrale de Chartres, le « bleu de Chartres » est la Couleur du ciel, de l’Esprit, qui remplit la Vierge Marie à l’Annonciation.
Le bleu me rappelle que la vie est un voyage, une marche à vivre avec la force de l’Esprit saint. « Un saint voyage » vers Dieu. Il est aussi la couleur du paradis.
« Si nous vivons par l’Esprit, marchons sous l’impulsion de l’Esprit », dit Paul (Galates 5,25). Nous accomplirons ainsi la loi d’amour du Christ.
La couleur bleue me dit que Jésus est mon chemin, ma loi, mon style de vie.
Marie fut la première à prendre ce chemin. La perle bleue me parle aussi d’elle
Je veux lui ressembler et marcher avec elle sur la route de Jésus, dans la force de l’Esprit, par reconnaissance de ce qu’il a fait pour moi.
En invoquant l’Esprit saint, j’apprends le quatrième mot essentiel de la prière. A chacun de le trouver!
La perle bleue me parle de l’Esprit saint, qui habite le croyant et l’Eglise. C’est le troisième article du Credo.
5. Les perles vertes de l’écoute
Comment est-ce que j’écoute ?
La couleur verte a plusieurs significations. Elle est avant tout la couleur de la nature. « Avoir la main verte » signifie faire bien pousser les plantes. Des partis politiques l’ont adoptée comme symbole de protection de l’environnement.
Dans la Bible, le vert signifie que tout est appelé à croître :
« Dieu dit : Que la terre verdisse de verdure, d’herbes portant semences et d’arbres donnant des fruits. Il en fut ainsi. La terre verdit de verdure, les herbes portèrent semence et les arbres donnèrent des fruits, chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. » (Gen 1, 11-13).
Le vert est la couleur des feuilles naissantes, des bourgeons, de la verdure du printemps. Alors il est aussi symbole des commencements, de l’enfance et de la jeunesse, donc de l’espérance. Il faut encourager « le jour des petits commencements » (Zach 4,10).
Le sens de la vie est de grandir, de porter du fruit. Dieu désire multiplier, faire grandir. Pour cela il faut beaucoup d’espérance.
Dans l’Evangile, il y a lien étroit entre l’écoute et la croissance spirituelle. Plusieurs paraboles en parlent. La parabole du semeur se termine ainsi : « Celui qui a été ensemencé dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit et produit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente » (Mat 13,23).
Jésus donne cet avertissement pour nous rendre attentif l’importance de bien écouter pour grandir dans la foi : Faites donc bien attention à la manière dont vous écoutez, car on donnera à celui qui a, mais à celui qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il croit avoir » (Luc 8,18). Puis il déclare : «Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ».(Luc 8,21)
Tout commence par l’écoute. « Ecoute Israël, le Seigneur est Dieu » (Deut 6,1). Toute vraie relation, toute vraie communication commence par l’écoute.
Ainsi en va-t-il aussi de la prière.
Les perles longilignes vertes marquent une pause, un silence d’écoute dans la prière. C’est un temps d’écoute profonde, où je me laisse rejoindre par Jésus, me laisse traverser sa vie. Ecouter en profondeur la Parole, mon cœur, l’autre, l’Esprit.
6. La perle du coeur
Elle signifie que ma prière s’adresse à Dieu amour. Dans l’Ecriture, le coeur est le siège de l’écoute profonde.
« Donne à ton serviteur un cœur qui écoute » (1 Rois 3,9), telle est la prière de Salomon. Sans doute une des plus belles de la Bible.
Le cœur signifie aussi que la vraie prière ne peut être superficielle. Elle se vit du plus profond du moi.
Le cœur me rappelle que l’important n’est pas tant la quantité de choses que l’on fait, mais la manière de les faire. Tout faire avec amour, et en particulier la prière, ce moment où j’entre dans la présence de Dieu. « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien »… (I Corinthiens 13,2)
La perle du coeur est transparente. Etre en prière devant Dieu, c’est chercher à se rendre transparent à lui, s’ouvrir avec sincérité.
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