Chiara et Niwano

Le dialogue interreligieux dans la pensée et la pratique de Chiara Lubich. La fraternité, chemin et but du dialogue.

Chiara Lubich et N. NiwanoAu lendemain des attentats du 11 septembre 2001, une radio a interviewé Chiara Lubich. Une des questions portait sur le sentiment anti-islamique croissant. Que peut-on faire pour éviter ces divisions ?

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Réponse : « Depuis longtemps, dans notre mouvement – mais il n’est pas le seul – nous avons construit une unité profonde en Dieu avec les musulmans, et aux Etats-Unis précisément, avec un vaste mouvement musulman afro-américain. J’ai su qu’en ce moment, cela les aide beaucoup d’être unis à nous, chrétiens, dans le même engagement à porter dans le monde la fraternité universelle. Chrétiens et musulmans, nous devons nous reconnaître frères et soeurs. Nous sommes tous enfants de Dieu. Aussi, nous chrétiens, comportons-nous ainsi. C’est cela le chemin ».[1]

Assise, 24 janvier 2002. Quelques mois après ce funeste jour de septembre où le monde entier retint son souffle devant le déchaînement de la violence du terrorisme, les représentants des religions sont rassemblés dans la ville du Poveretto. Pour témoigner devant le monde que les religions ont vocation de créer des ponts de convivialité plutôt que d’ériger des murs de haine. Devant un parterre – en majorité masculine – une femme prend la parole au nom de l’Eglise catholique : Chiara Lubich, fondatrice d’un mouvement né dans l’Eglise catholique, qui compte également en son sein des membres d’autres Eglises (plus de 350 Eglises) et des croyants d’autres religions. « Pour nous chrétiens, dit-elle, Jésus est le Dieu de la Paix. C’est pourquoi l’Eglise catholique fait de la paix l’un de ses objectifs les plus sincères » (Lubich, 2002a, p. 149).

Remarquée pour ses dialogues qui font grandir la paix entre Eglises et entre grandes religions, elle a reçu plusieurs distinctions dont le prix de l’UNESCO pour l’éducation à la paix, en 1996. A cette occasion, le président du jury de ce prix dit : « A une époque où les différences ethniques et religieuses mènent trop souvent à de violents conflits, la diffusion du Mouvement des Focolari a contribué à un dialogue constructif …entre personnes de différentes provenances culturelles et fois religieuses, un dialogue qui est tout à fait en harmonie avec la mission de l’UNESCO ». (Smoker, 1996, p.7)

Les religions peuvent-elles s’unir en vue de la paix ? Beaucoup en doutent et voient dans les actes terroristes, la guerre en Irak et les tensions au Moyen Orient un « conflit de civilisations » alimenté par les religions. Les religions feraient davantage partie du problème que de la solution. Dans ce pessimisme ambiant, Chiara Lubich est de celles qui, loin de se laisser décourager par les usages pervers de la religion, s’engagent pour une « stratégie de fraternité » : « Nous sommes ici, dit-elle lors de la Conférence mondiale des religions pour la paix, à Amman en 1999, parce que nous sommes profondément convaincus que travailler pour la paix correspond à notre vocation la plus intime, aux aspirations les plus profondes du cœur humain et, en un mot, à notre être de femmes et d’hommes de religion ». (Lubich, 1999b)

Le terrorisme, dont les causes sont, à ses yeux, à rechercher dans les déchirures insupportables entre mondes riches et pauvres, est-il un mal qu’on peut simplement combattre avec les moyens humains de la politique et de la diplomatie ? Non, dit Chiara – c’est sous ce nom familier qu’elle est connue et que je la nommerai dans ces pages – il y a un élément spirituel, dont toutes les religions doivent prendre conscience : « On voudrait un peu plus d’égalité, de solidarité, un plus juste partage des ressources. Mais les ressources ne bougent pas d’elles-mêmes, ce sont les cœurs qu’il faut changer. Ce sont les cœurs qui doivent communier ». (Lubich, 2003b, p.1)

Aussi les religions doivent d’abord prier, mais la prière ne suffit pas, il faut chercher à créer un courant de fraternité en Dieu : « Seule cette fraternité peut constituer le cœur et la base d’une plus juste répartition des richesses entre les peuples et les Etats, car c’est son absence qui est la cause la plus profonde du terrorisme », dit-elle lors d’une rencontre avec des amis musulmans. (Lubich, 2002d, p.2). « Face à la stratégie de mort et de haine, la seule réponse valide est l’édification de la paix dans la justice. Mais sans la fraternité il n’y a pas de paix. Seule la fraternité entre les individus et les peuples peut assurer un avenir pacifique ». (Lubich, 2003b, p.2)

La fraternité entre religions est-elle donc possible ? Sur quoi se base la note résolument optimiste de Chiara ? Quels sont l’historique, les fondements et la spiritualité du dialogue de Chiara Lubich avec les membres d’autres religions en vue de la fraternité ? Quelle est sa contribution au « mouvement dialogique » – mouvement qui prend de plus en plus d’ampleur, mais qui rencontre aussi des résistances de toutes sortes? La réponse à ces quelques questions constituera les différentes parties de ce travail.

 

1) Historique du dialogue.

L’événement fondateur de l’entrée du mouvement des Focolari dans le dialogue interreligieux fut la remise à Chiara du prix Templeton pour « le progrès de la religion », en 1977 à Londres. Elle raconte son expérience devant des personnalités appartenant à différentes religions. Son discours suscite un écho imprévisible parmi l’assistance et toute la salle vit une forte expérience d’unité. « Il me sembla, écrit-elle que cette occasion donnait une nouvelle ouverture au Mouvement. Dès lors nous essayerions d’apporter notre esprit, notre vie, non seulement aux autres Eglises ou communautés chrétiennes, mais aussi à nos frères et sœurs d’autres fois ». (Lubich, 1992, p. 22)

Dialogue avec les Bouddhistes.

Le premier dialogue à se développer est avec le Bouddhisme. Les contacts remontent à 1979, lorsque Chiara rencontre Nikkyo Niwano, qui fut observateur au concile de Vatican II, président et fondateur d’un vaste mouvement laïc de renouvellement bouddhiste – la Rissho Kosei-kai, qui compte 6 millions et demi d’adhérents – et l’un des initiateurs de la Conférence mondiale des religions pour la paix.

En 1981, il invite Chiara à venir à Tokyo parler de son expérience chrétienne devant 12 000 bouddhistes. C’est une ouverture aux valeurs réciproques et le début d’une collaboration fructueuse dans le domaine humanitaire (Lubich, 1986). Dans différents pays d’Asie, des contacts sont noués entre Focolari et bouddhistes. Une école pour le dialogue interreligieux est fondée à Tagaytay, près de Manille, aux Philippines. C’est un centre de rencontres avec des fidèles d’autres religions pour toute l’Asie. Ce « dialogue de la vie », discret et persévérant prépare la deuxième étape importante du dialogue avec le bouddhisme.

En Thaïlande, en janvier 1997, Chiara parle de son expérience à 800 moines, moniales et laïcs, à l’université bouddhiste de Mahachulongkorn et dans un monastère bouddhiste de Chiang Mai. C’est la première fois qu’une femme, laïque et chrétienne, s’adresse à des moines bouddhistes. Elle est présentée ainsi par Ajahn Thong, grand maître de la méditation vipassana (concentration), qui l’a invitée : « Le sage n’est ni homme, ni femme, ni enfant, ni adulte… Quand quelqu’un allume une lumière dans l’obscurité, on ne lui demande pas qui il est. Chiara est ici pour nous donner sa lumière » (Coda, 1997, p. 54). Elle rencontre aussi le patriarche suprême du bouddhisme thaïlandais Somdet Phra Nyanasamvara, qui donne son approbation au dialogue et lui dit « les fidèles de toutes les religions doivent coopérer, bien unis, pour la paix, parce qu’ils ont en commun la volonté du bien » (Coda, 1997, p.34)

Dialogue avec les musulmans.

En 1966, une communauté Focolare s’installe en Algérie, à Tlemcen; un groupe de jeunes musulmans entre alors en contact avec la spiritualité du mouvement. Dans d’autres pays des contacts se nouent également, en particulier au Pakistan avec la construction d’un centre de témoignage islamo-chrétien, à Dalwal (Fondi, 2003, p. 391s). Mais c’est aux Etats-Unis, en mai 1997, dans la mosquée du fameux Malcolm X de Harlem (New York) que le dialogue avec les musulmans prend véritablement son envol (Coda, 1997b).

Chiara est invitée par l’imam Warith Deen Mohammed, président de l’American Muslim Society, qui compte deux millions de musulmans noirs américains, à parler de sa spiritualité devant 3 000 musulmans. « Aujourd’hui est un grand jour pour nous. Une page de l’histoire a été écrite ici, déclare ce dernier…Dieu veut que tous ensemble nous répandions le bien dans le monde, afin que l’humanité suive le plan que Dieu veut ». (Lubich, 1997, p.25). Dès lors, chaque année à Castel Gandolfo dans un des centres du mouvement, un congrès international des musulmans amis des Focolari rassemble des participants de tous les continents.

Un grand rassemblement à Washington permet à 5 000 chrétiens et musulmans noirs américains de la Muslim American Society de faire une expérience de fraternité. Chiara et W.D. Mohammed y prennent la parole (Lubich, 2000). Dans plusieurs villes des Etats-Unis commence un approfondissement des points communs entre la spiritualité de l’unité et l’Islam (Lemarié, 2003). Enfin, préparé par un voyage en Iran de Piero Coda, théologien membre du mouvement, un dialogue avec le shiisme iranien se noue (Coda, 1998b). En septembre 2001,Muhammad Khamenei, frère du plus haut responsable religieux de ce pays, rencontre Chiara à Rome. Il voit dans « l’amour concret et mystique une base importante du dialogue entre l’Islam et le Christianisme » (Fondi, 2003, p. 401).

Dialogue avec les juifs

La communauté juive de Rome offre un olivier à Chiara, en signe de reconnaissance pour son dialogue avec le peuple de la Menorah. C’était en 1995 et l’année suivante les amis juifs des Focolari se rencontrent pour un congrès dans cette même ville; congrès dès lors devenu annuel. En 1997, le rabbin Jack Bemporad, directeur du centre pour la compréhension entre chrétiens et juifs à l’université du Sacré Cœur du Connecticut (USA), est à l’initiative de la remise à Chiara d’un doctorat honoris causa.

En 1998, à Buenos Aires, invitée par la Benai Berith, Chiara rencontre des membres de la communauté juive d’Argentine et d’Uruguay. En allumant un chandelier à sept branches, Chiara et le président de la Benai Berith, Jaime Kopec, scellent un pacte d’amitié. Ce dernier l’explique comme « un pacte de bienveillance, de foi pour regarder vers le futur et pour enterrer les siècles d’intolérance ». (Coda, 1998a, p. 133).

Dès lors chaque année, une journée de la paix est célébrée dans ce pays, dans plusieurs villes, mais en particulier au centre de O’Higgins. (Fondi, 2003, p. 397) Le Mouvement des Focolari collabore dans plusieurs pays avec les Amitiés judéo-chrétiennes. En 2002 le Mouvement des Focolari reçoit le statut d’observateur de l’Association internationale (International council of christians and jews).

Dialogue avec les hindous.

Le dialogue avec l’hindouisme reçoit une impulsion déterminante lors d’un voyage en Inde, en janvier 2001. A Coimbatore, le prix « Défenseur de la paix » est remis à Chiara par deux institutions gandhiennes, le Shanti Ashram et le mouvement Sarvodaya. L’intéressante motivation – rédigée par deux Hindous – de ce prix dit entre autres : « Chiara Lubich, utilisant la force humaine la plus puissante, celle de l’amour, avec une forte foi dans l’unité de toute l’humanité, telle qu’elle est embrassée dans les enseignements de Jésus-Christ, a été choisie pour jouer un rôle infatigable en semant des semences de paix et d’amour parmi les peuples » (Defender, 2001).

Lors de la cérémonie, en présence de 500 hindous et membres d’autres religions, Chiara parle de son expérience spirituelle en mettant en valeur des éléments communs entre l’Evangile et les écrits hindous. Puis, à Mumbai, elle intervient lors d’une rencontre avec le Centre culturel Bharatiya Sanskriti Peetham. Chiara dialogue aussi personnellement avec des personnalités de haut niveau de l’hindouisme, comme des prêtres sortis de leur temple. (Zanzucchi, 2001, pp. 40s, 56s).

Résumant l’esprit de cette visite dans l’Inde mystérieuse, Srimati Minoti Aram, fille du Dr. Aram, personnalité de premier plan dans l’hindouisme, que Chiara avait connu dans le cadre de la Conférence mondiale des religions pour la paix, dit : « J’ai longtemps prié pour que ce jour advienne. En esprit, nous sommes une seule famille : vous en grand, nous en petit, nous développons la même mission. L’unique pensée qui nous anime est de défaire la   violence et de mettre dans les cœurs la semence de la paix. (Zanzucchi, 2001 p. 32) Enfin au début de l’année 2003, Chiara retourne en Inde où elle établit des relations avec un important mouvement, le Swadhyaya, dont le but – l’unité dans la diversité, la fraternité et la propagation du message de l’amour pour Dieu et les autres – ressemble à celui de son mouvement.

Le Mouvement des Focolari préfère les « duo », les dialogues bilatéraux entre le christianisme et les autres religions. Cependant il est aussi présent dans des manifestations interreligieuses, comme lors de l’Assemblée générale de la Conférence mondiale des Religions pour la paix, dont le Mouvement des Focolari est membre. Lors de la 7e Assemblée à Amman en 1999, Chiara, l’une des présidentes honoraires depuis 1994, y fait une intervention sur le thème : « Spiritualité pour vivre ensemble », devant 600 délégués de 60 pays et de plusieurs religions.

En 1999, le mouvement est engagé dans l’Assemblée interreligieuse, qui se termine sur la place S. Pierre à Rome, avec des représentants de 25 religions. Aujourd’hui, plus de 30 000 jeunes et adultes appartenant à d’autres religions que le christianisme, dont 6000 musulmans, s’engagent dans le Mouvement des Focolari en travaillant pour les mêmes buts et en vivant la spiritualité de l’unité autant qu’il leur est possible.

 

2. Les fondements théologiques du dialogue

Quelles sont les racines spirituelles qui donnent sève au dialogue avec des membres d’autres religions ? Pourquoi les chrétiens sont-ils appelés à s’engager sur ce chemin ? Les réponses à ces questions sont variées, voire contrastées. C’est pourquoi, il est d’autant plus important de bien creuser, d’aller aux racines : à la conception que l’on a de la relation entre Dieu et les êtres humains, entre le Christ et les religions.

Une humanité au soleil d’un seul Amour

En se référant à la Bible, les nouvelles lignes directrices sur le dialogue interreligieux du Conseil oecuménique des Eglises, affirment une « humanité commune » devant Dieu. (WCC, 2003, N. 10). Dieu est le Créateur de toutes choses et maintient la création en vie : « Au Seigneur, la terre et ses richesses, le monde et ses habitants ! » (Ps 24,1). Dieu d’Israël, il est aussi le Dieu de toutes les nations (Ex 19,5-6) et n’a jamais cessé de donner des témoignages en tout temps et à tout peuple, « en remplissant leurs cœurs de joie » (Ac 14,17).

De même, la déclaration Nostra aetate (N. 2) de Vatican II voyait dans l’unité d’origine et de finalité de la famille humaine la base du dialogue interreligieux. Il n’est donc pas question d’unifier les religions, mais de réconcilier des personnes, en étant conscient qu’elles appartiennent à une même famille. (Gonçalves, 1977, p. 389).

Le dialogue interreligieux était déjà contenu en germe dans l’expérience de l’amour de Dieu que Chiara a fait lorsque sa ville de Trente était bombardée. Dans les abris, à la lumière des bougies l’Evangile était lu avec ses compagnes et donnait sens à leur vie. Elles ont connu l’amour que Dieu a eu pour elles (1 Jn 4,16) et elles voyaient chaque personne objet de cet amour, ce qui les poussait à s’approcher de chacun, particulièrement des plus pauvres et des plus éprouvés par la guerre. « Tous les êtres humains sont candidats à l’unité, écrit-elle en 1946…Nous devons, avant tout, fixer notre regard sur l’unique Père de tant de fils. Puis regarder toutes les créatures comme des enfants de cet unique Père. Dépasser sans cesse par la pensée et le coeur toutes les limites iomposées par la vie humaine et prendre l’habitude de tendre constamment à la fraternité universelle en un seul Père, qui est Dieu » (Lubich, 1985, p.14).

Unité d’origine en Dieu, racine de la fraternité universelle, Chiara verra cette idée confirmée, à deux reprises, par une expérience d’ordre mystique. La première, dans les années 1960, lors d’une visite chez la tribu des Bangwa au Cameroun, au cours d’une fête, en voyant les danses et les chants, qui lui étaient offerts, Chiara raconte : « J’ai éprouvé l’impression très forte que Dieu, tel un immense soleil, nous étreignait tous dans son amour immense. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’intuition que nous aurions quelque chose à faire avec des personnes de tradition non chrétienne. » (Lubich, 2003, p. 419).

Après la remise du prix Templeton en 1977, devant un parterre de représentants de grandes religions du monde, à qui elle venait de s’adresser, Chiara fait cette réflexion : « J’ai eu pour la seconde fois la forte sensation que l’amour de Dieu nous enveloppait, comme un immense soleil, dans la diversité de nos croyances » (Lubich, 2003, p. 419). Ainsi dialoguer avec une personne d’une autre foi, c’est aller à la rencontre de cette joie déposée dans le cœur de chacune, de ce rayon de soleil, qui réchauffe chacun (cf. Mt. 5,45).

Des « semences du Verbe ».

Dès les premières lignes de l’Evangile, on découvre un lien entre le Christ et la création : « Au commencement était la Parole….toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui existe n’a été fait sans elle » (Jn 1,1,3). Cette Parole – ou selon des traductions plus anciennes, « le Verbe » – est aussi « la vraie lumière », qui « éclaire tous les êtres humains » (Jn 1,9). D’une façon ou d’une autre, selon l’Ecriture, il y a une relation entre cette Parole, qui est le Christ et chaque personne : « En lui ont été créées toutes choses », dit Paul (Col. 1,15).

Sur cette base, les Pères de l’Eglise parlaient d’une « préparation évangélique » (Eusèbe de Césarée) et des « semences du Logos » (Justin) chez les païens, dont les écrits reflétaient cette présence du Logos et les préparaient à accueillir l’Evangile. Calvin parlait du « sentiment de divinité » que Dieu a « imprimé » dans le coeur de l’homme, qu’il a appelé aussi « semence de religion ». Celle-ci une « persuasion…enracinée en leurs entrailles …et qui ne se peut effacer de l’entendement de l’homme ».[2]

Le Concile Vatican II parle d’une grâce à l’œuvre en l’humanité « due à une secrète présence de Dieu » (Ad Gentes N. 9), qu’il nomme « semences du Verbe » (N.11). Les religions non chrétiennes « apportent souvent un rayon de la Vérité » (Nostra Aetate N. 2) que le Christ a révélée. Ces rayons de vérité qui traversent les religions sont un reflet de la vraie Lumière, qui illumine chaque être humain et qui a rayonné dans la chair de Jésus-Christ lors de sa transfiguration.  Cette « présence cachée mais active du Christ dans les autres traditions religieuses » est considérée comme le fondement théologique du dialogue interreligieux dans un document officiel du Vatican.[3] .

Tout en reconnaissant que cette question reste ouverte à clarification, les textes de la conférence sur la Mission et l’Evangélisation à Salvador de Bahia en 1996 parlent des « signes de la présence de l’Esprit » tels que l’humilité, l’ouverture à Dieu et vers les autres, les engagements en faveur de la justice et la solidarité. Galates 5,22s, qui parle du fruit de l’Esprit fut cité comme un critère de discernement. Plus récemment, le document « Mission et évangélisation dans l’unité » du COE, reconnait également des « lueurs de la présence et de l’activité de Dieu parmi les peuples d’autres traditions religieuses » (WCC, 2000, No. 59-61)

C’est aussi sur cette base que Chiara aborde les personnes d’une autre religion, ouverte à découvrir ce que Dieu a semé dans les cœurs. A un groupe de moines bouddhistes thaïlandais, qui lui demandaient ce qu’elle trouve dans d’autres religions que la sienne, elle répond : « Dieu n’a abandonné aucun peuple de la terre et il a disséminé dans chaque culture des semences de l’unique vérité, comme nous le disons, nous chrétiens…Je suis très intéressée de les découvrir…dans vos croyances, vos rites et prières, dans la conduite si riche en vertus de votre vie » (Coda, 1997a, p.22s).

Il s’agit de mettre en évidence ces semences. En le faisant, elles deviennent de plus en grandes, mûres, et mettent au deuxième plan des choses secondaires dans les religions. « On va droit à l’essence qu’est l’amour. Parce qu’eux aussi croient à l’amour », dit Chiara lors d’une interview.[4] L’ouverture à l’autre, l’accueil de l’autre sont les conditions pour découvrir et cultiver les semences de la présence du Christ.

En un mot, il faut aimer, d’un amour de service. Seule la bienveillance permet de discerner en chaque personne, de quelque religion qu’elle soit, la présence cachée du Christ, en particulier chez les plus petits (cf. Mat. 25,40) : « Nous n’avons qu’un seul droit, dit Chiara, celui de servir chacun, car en chacun nous servons Dieu…Si nous, chrétiens, aimons comme nous l’enseigne cette spiritualité, nous pourrons mieux percevoir et découvrir les semences du Verbe dans les autres religions… Une telle découverte nous rapprochera et la compréhension réciproque en sera facilitée ». (Lubich, 2003a, p. 417)

La « règle d’or ».

Un élément caractéristique dans la spiritualité de Chiara est la centralité de l’amour évangélique : amour de Dieu pour nous, en Christ et par l’Esprit Saint répandu dans nos cœurs, auquel nous sommes invités à croire et à répondre par notre amour, en le mettant à la première place dans nos vies et en aimant notre prochain comme nous-mêmes. Or cette exigence de l’amour se rencontre dans la plupart des religions sous la forme de la « règle d’or ».  

Pour les chrétiens elle se traduit dans ces paroles : « Comme vous voulez que les hommes agissent envers vous, agissez de même envers eux » (Luc 6,31). Cette règle est une de ces semences – la plus évidente – que l’Esprit Saint a répandu dans le cœur de chaque être humain et dans les traditions religieuses (Lubich, 2003a, p. 422).

Chiara la mentionne dans quasiment toutes ses interventions dans un contexte interreligieux, ainsi par exemple, lors d’une autre rencontre avec la Muslim American Society : « Je suis convaincue que si nous voulons travailler pour la fraternité universelle – ce à quoi j’invite chaque personne ici présente – nous devons nous concentrer d’abord sur ce qu’on appelle la Règle d’or »(Lubich, 2000, p. 5). Dans son allocution à Assise en janvier 2002, Chiara souligne également le fait que cette règle constitue la base sur laquelle un dialogue entre religions peut s’instaurer, car « soulignant le devoir d’aimer ses frères et sœurs, elle crée des espaces de fraternité universelle dans lesquels règne la paix ». (Lubich, 2002a, p. 149)  

Cette parole de l’Evangile est comme un abrégé de toute la révélation de Dieu, à la fois générale et spéciale. « Elle récapitule tout ce que nous avons à faire dans la vie. Elle résume toute loi inscrite par Dieu en chaque être humain…C’est le Christ qui l’a prononcée, mais elle était déjà connue universellement…Cela nous dit combien elle tient au cœur de Dieu, combien il désire que tous les hommes en fassent leur règle de vie » (Lubich, 2003a, p. 175). [5]

Chez Chiara habite cette conviction qu’au cœur de chaque être humain, donc de chaque religion existe une vocation à l’amour, « un amour inscrit dans les gènes de tout homme et de toute femme, créés à l’image de Dieu-Amour, de Dieu-Père » (Lubich, 2003b, p. 3). Les chrétiens le confessent Dieu comme Trinité vivant en elle-même une relation dans l’unité et la distinction, sans aucune détermination. Créés à l’image de ce Dieu-Amour, l’homme et la femme, comme toute la création, reflètent cette unité-distinction et se réalisent dans leur libre relation à la fois verticale et horizontale, dans leur communion avec Dieu, entre eux et avec le cosmos.

La règle d’or résume tout ce que l’être humain est appelé à vivre dans les relations horizontales. Elle est, dit Chiara, « un condensé de tous les commandements de Dieu. Il faut donc lui faire une large place dans le dialogue interreligieux. De cette règle…découle une norme qui, si elle était appliquée, pourrait être à elle seule un puissant moteur pour l’harmonie entre les individus et les groupes » (Lubich, 2003b, p. 3). Cette règle d’or, dit-elle en citant le Hadith de la tradition musulmane (cf note 5) lors de son discours dans la Mosquée de Malcom X, « suffit à garantir notre lien d’amour avec tout prochain, et cet amour suffirait pour faire de l’humanité une seule famille. » (Lubich, 1997b, p. 23)

 

3. Un art du dialogue

Comment dialoguer ? Le « comment » du dialogue est tout aussi important que le «pourquoi » du dialogue. Jésus se reliait aux personnes d’une autre foi que la sienne de manière dialogique. Il n’était pas homme de cabinet, mais marchait sur les routes et allait à la rencontre des personnes, se laissait aborder, alors que ses disciples auraient voulu éviter certains importuns. Il s’intéressait aux personnes, les écoutait, leur posait des questions, acceptait de changer son avis et les interpellait. Avec certains il parlait de son intériorité, de sa relation privilégiée avec celui qu’il appelait « Père ». L’apôtre Paul invite les chrétiens à avoir entre eux « les dispositions qui sont en Jésus-Christ » (Phil. 2,5).

Ceci signifie chercher ce qui unit, estimer les autres comme supérieurs à soi-même, s’intéresser aux autres comme le faisait Jésus (2,2-4) mais aussi partager nos expériences de vie et notre intériorité avec l’autre (2,20). Dire que le dialogue est un « art » signifie qu’il conduit aussi à nouer de vraies relations avec des fidèles d’autres religions. Il ne se limite pas à un partage de connaissances sur les religions. Par le dialogue patient et persévérant, on tisse des relations de confiance et d’amitié.

Un document du COE sur le dialogue interreligieux insiste sur ce point (Cf. WCC, 2003, No. 21, 28). Tout comme Chiara, qui ne manque pas de rappeler dans ses interventions qu’un art, ou une spiritualité du dialogue est nécessaire pour que le dialogue soit utile, pour que la « semence de vérité » germe et porte du fruit.

Quelles sont les lignes de cette spiritualité du dialogue définie et vécue par Chiara? Certainement, c’est presque un truisme, le dialogue commence par une attitude d’écoute, qui prend le temps non seulement de connaître les contours de l’autre religion, mais aussi recevoir ce qui tient le plus à coeur à ses adhérents. « Dialoguer, dit-elle, signifie avant tout se mettre sur le même niveau; ne pas se croire meilleur que les autres. Cela signifie aussi écouter ce que l’autre a dans le coeur. Cela signifie suspendre toutes nos pensées, toutes les affections du coeur, les attachements. Suspendre tout pour pouvoir « entrer dans l’autre » (Fondi, 2003, p. 400).

Cette disposition à l’accueil de l’autre, rendue possible par le silence intérieur, permet de se mettre en face d’un monde religieux différent du nôtre, pas toujours facile à déchiffrer. Mais c’est aussi ouvrir un écrin à bijoux, débordant de trésors spirituels. La seconde attitude est donc celle de l’étonnement devant l’oeuvre de Dieu dans les autres religions. « Ce trésor, écrit Chiara à propos de son contact avec l’hindouisme, ne peut être ouvert que par ceux qui l’approchent avec respect, avec amour et, par dessus-tout, avec la conviction que Dieu a beaucoup à nous dire à travers cette ancienne culture. Dans notre monde contemporain tourmenté et difficile, cette culture offre une parole essentielle et vitale, qui met en lumière la primauté de la vie intérieure » (Lubich, 2001a, p. 238).

Ecoute et étonnement sont donc les deux premiers piliers de l’art du dialogue. Chiara en plante encore trois autres qui appartiennent à « l’art d’aimer », expression qu’elle reprend du psychologue Eric Fromm.[6] Chiara propose cet art parce qu’au fil du temps, une conviction naît en elle : ce que les fidèles des autres religions attendent des chrétiens, c’est d’abord un témoignage concret de l’amour puisé dans l’Evangile : « Tous l’accueillent comme s’ils reconnaissaient la réponse à cette vocation à l’amour que tout être humain porte inscrite dans sa nature même » (Lubich, 2003a, p. 423). Aussi tous sont appelés à mettre en pratique cet ars amoris. En quoi consiste-t-il ?

D’abord à ne pas faire de distinction, comme Dieu ne fait pas de distinction entre les personnes. « Nous ne devons pas faire de préférence entre gens sympathiques ou non, laids ou beaux, compatriotes ou étrangers, blancs ou noirs, européens ou américains, africains ou asiatiques, chrétiens ou juifs, musulmans ou hindous. L’amour ne connaît aucune forme de discrimination, » dit Chiara lors d’une rencontre avec des amis musulmans (Lubich, 2002d, p. 4) Ceci est particulièrement valable pour les religions qui se réclament d’Abraham et qui affirment l’unité de tout le genre humain. En confessant que Dieu se soucie de tous, elles affirment aussi la vocation de chaque personne de correspondre à son amour en agissant avec miséricorde envers tous.[7]

Un autre pilier, c’est de faire le premier pas, c’est-à-dire, de ne pas attendre que l’autre fasse le premier pas, d’être le premier, de prendre l’initiative, à l’image de Dieu, qui est celui qui toujours prend l’initiative d’aimer. « Nous avons été créés pour être un cadeau les uns pour les autres, dit Chiara en 1999 à Amman, cela se réalise quand nous nous efforçons d’aimer nos frères et sœurs avec un amour disposé à faire le premier pas sans attendre d’être aimé en retour. C’est ce que les grands fondateurs de religion nous enseignent par leur vie. Bouddha par exemple « n’a pas seulement enseigné la non-violence et la paix. Il s’est dressé sur le champ de bataille et s’est entreposé personnellement pour éviter la guerre entre peuples et religions ». Jésus a illustré cela quand il a dit : « pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15.13) et il a effectivement donné sa vie » (Lubich, 1999b).

Il existe un dernier point, le plus important pour Chiara : Se faire un avec l’autre. Allusion à la célèbre parole de l’apôtre Paul, qui s’est « fait tout pour tous », en cherchant à rejoindre chacun : « avec les Juifs, j’ai été comme les Juifs, … avec ceux qui sans loi, comme sans loi,…j’ai été faible avec les faibles… » (1 Cor. 9,20-22). Se faire un signifie deux choses, cela demande d’abord de désemcombrer notre tête de ce qui la remplit, essayer de faire le vide en soi, comme Chiara l’écrivait déjà en 1946: « On ne peut arriver à comprendre un frère, à le connaître, à partager ses souffrances, si notre esprit est riche d’une préoccupation, d’un jugement, d’une pensée…ou quoi que ce soit d’autre. Pour se faire un il faut des esprits pauvres, des pauvres en esprit. L’unité n’est possible qu’avec eux » (Lubich, 1985, p. 93).Puis « se faire un » consiste à sortir de soi-même pour rencontrer l’autre en entrant dans son expérience religieuse, en essayant de comprendre sa vision du monde. « Se faire un avec les autres, cela veut dire faire sien les soucis, les pensées, les souffrances, les joies des autres Se faire un s’applique avant tout au dialogue interreligieux. On a écrit que « pour connaître la religion de l’autre, il faut marcher avec ses chaussures, voir le monde comme il ou elle le voit, comprendre ce que cela signifie pour l’autre d’être bouddhiste, musulman, hindou, etc ».[8] (Lubich, 1999b, p. 4)

Si Paul a pu « se faire juif avec les juifs », « paiens avec les paiens », à l’image du Christ qui s’est fait un avec nous, en se vidant de lui-même (la Kénose, transcription du mot grec que l’apôtre utilise en Phil. 2,7), nous pourrions dire aujourd’hui « boudhiste avec les bouddhistes », « musulman avec les musulmans ». Ce « vivre l’autre » est le secret d’un dialogue pouvant conduire à une profonde rencontre, dans laquelle on ne partage pas seulement des informations mais aussi des expériences de vie et une partie de notre intériorité. Ouvrir ainsi consciemment son coeur à l’autre donne la base la plus solide pour construire des relations empruntes de respect, de confiance et de fraternité. Ouvrir son cœur, c’est aussi partager son expérience spirituelle. Pour le chrétien, il s’agit de dire l’espérance qui l’habite (Act. 4,20 ; 1 Pierre 3, 15). Chiara raconte alors sa rencontre avec le Dieu d’amour qui s’est manifesté si fortement à elle et à ses compagnes lorsque sa ville natale, Trente, était bombardée. « Nous parlons de la vie … et la vie plaît toujours », dit-elle souvent.

Ce simple « art d’aimer  » a été considéré par la 7e Conférence mondiale des Religions pour la paix à Amman, 1999 comme une sorte de plus petit démominateur commun, apte à créer des ponts de compréhension et de fraternité entre membres de différentes religions. (Fondi, 2003, p. 387) Il suscite cette « culture de la paix », qui permet, comme le dit la déclaration finale de cette Conférence « d’affirmer et célébrer la diversité des cultures et des traditions, tout autant qu’on reconnaît, partage et célèbre des points communs » (Lubich, 1999b).

En octobre 2002, Konrad Raiser, secrétaire général du COE et Chiara Lubich ont signé une déclaration commune, suite à la visite au COE de celle-ci. Elle affirme la pertinence pour le cheminement oecuménique d’une « spiritualité de communion » enracinée dans notre propre Kénose à la suite de celle du Christ. Ce qui y est dit de la démarche entre chrétiens de différentes Eglises peut également, à mon sens, s’appliquer au dialogue entre personnes de fois différentes : « Alors que nous nous dépouillons de fausses sécurités, trouvant en Dieu notre vraie et seule identité, osant être ouverts et vulnérables les uns aux autres, nous commencerons à vivre comme pèlerins en marche. Nous découvrirons le Dieu des surprises, qui nous conduit sur des chemins nouveaux pour nous et sur lesquels nous trouverons de nouveaux compagnons ».[9] (WCC, 2002)

Ces chemins nouveaux ne sont-ils pas ceux de la fraternité où Chiara marche résolument ? Bien plus, son expérience ne témoigne-t-elle pas qu’il est déjà possible de la vivre et qu’en la vivant nous pouvons donner une place à Dieu, seul capable de ressusciter les cœurs à une espérance vivante dans le pessimisme actuel. Cette union avec Dieu, fruit d’une fraternité déjà réelle, vécue avec des membres d’autres religions ouvre, pour eux comme pour les chrétiens, un chemin nouveau vers Jésus, notre frère.(cf Jean 20,17) Depuis que je connais le mouvement des Focolari, j’ai pu, par la grâce de Dieu, commencer à marcher sur quelques uns de ces chemins. Telle est à mon sens, la contribution originale de Chiara Lubich au dialogue interreligieux.

Martin Hoegger, Institut oecuménique de Bossey, 24 décembre 2003

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[1] Interview par Radio-Vatican, 17.9.2001

[2] Institution de la Religion Chrétienne, I,3,1.

[3] Secretarius pro Non Christianis, L’attegiamento della Chiesa di fronte ai seguaci di altre religioni, 1984, N. 13.

[4] Interview pour Radio Vatican, 8.1.2001.

[5] Cette règle d’or, sous sa forme positive ou négative, n’est pas une règle spécifiquement religieuse. On la trouve également dans la philosophie antique, elle fait partie de l’héritage moral de l’humanité (cf. H. Merklein, Die Gottesherrschaft als Handlungsprinzip. Untersuche zur Ethik Jesu. Wüurzburg, 1980, p. 243). Dans le judaïsme l’amour du prochain est le « grand principe de la Torah » (Rabbi Akiba) : Dieu a créé l’homme à son image, et tout ce que l’on fait à un homme, c’est comme si c’était fait à Dieu lui-même. Dans la tradition islamique, on trouve cette « règle d’or » : « Nul d’entre vous n’est un vrai croyant, s’il ne désire pas pour son frère ce qu’il désire pour lui-même » (Hadith 13, selon Al-Bukhari.) Dans l’hindouisme, la « règle d’or » s’exprime ainsi : « Voici l’essentiel du devoir : ne fais pas à autrui ce qui, à toi-même, te ferait du mal » (Mhabharata) et Gandhi dira : « Toi et moi, nous ne formons qu’un. Je ne peux te blesser sans me faire du mal à moi-même ».

[6] « Notre civilisation, écrit Fromm, cherche très rarement à apprendre l’art d’aimer ; en dépit d’une recherche désespérée d’amour, tout le reste est considéré comme plus important : succès, prestige, argent, puissance. Nous usons presque toute notre énergie à poursuivre ces objectifs et très peu à apprendre l’art d’aimer « . (L’arte di amare. Milan, 1971, p. 18)

[7] « Dieu pardonne cent fois, mais il réserve sa plus grande miséricorde à ceux qui ont épargné la plus petite de ses créatures », dit une parole musulmane (G.M.Guzzetti, Islam in preghiera, Rome, 1991, p.136), qui rejoint d’ailleurs la compassion enseignée par le Bouddha : « Oh ! Moines, vous devriez travailler pour le bien-être de beaucoup, pour leur bonheur, mus par la compassion pour le monde, pour le bien-être… de l’humanité ! ».

[8]F.Whaling, Christian Theology and World Religions. A Global Approach. London, 1966, p.130-131

[9] Spirituality of Unity. Joint Message of Chiara Lubich and Konrad Raiser, Genève, 28.10.2002.Les différents points de cette spiritualité ont été présentés dans la conférence de Chiara, Vers une Spiritualité de l’Unité, à l’Institut oecuménique de Bossey, le 26.10.2002, Cf. http://www.wcc-coe.org/wcc/what/ecumenical/wcc-focolare.html consulté le 23.12.03


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