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La semence, un symbole de résurrection

« Celui qui a semé dans les larmes, moissonne dans la joie ». Pourquoi le semeur du Psaume 126 pleure-t-il en semant ? Dans les Ecritures, les semailles symbolisent un temps d’épreuve. Le temps que nous vivons en est un. Mais il y a la promesse de la moisson.

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Les semaille présupposent le travail de la terre, souvent pénible, dans un pays caillouteux. Le semeur vide son sac : cela implique un détachement, une perte. Certaines graines sont étouffées par les cailloux et les ronces, d’autres mangées par les oiseaux. Dans les Écritures le temps des semailles est un temps d’épreuve. La moisson un temps de joie.

« En utilisant la comparaison des semailles et de la moisson, le psaume suggère implicitement que l’épreuve, comme le grain qui meurt, peut porter du fruit et causer la joie…De tous les revers de l’histoire, si tragiques soient-ils, Dieu peut toujours faire sortir des lendemains heureux (cf Jean 16,20 ».)[1]

L’épreuve de la pandémie du Coronavirus est un temps de détachement et de pleurs, comme le temps des semailles. Certains doivent se détacher d’un être cher emporté par la maladie, d’autres d’un travail ou d’une entreprise. Beaucoup de manifestations sont tombés à l’eau, ainsi que des compétitions sportives.

Ces détachements sont, dans un premier temps, douloureux.

Mais si nous les vivons dans la confiance et l’espérance en Dieu et dans l’amour envers notre prochain, je suis sûr qu’ils seront le prélude à une moisson.

Ce psaume est proche du livre de Joël, comme le note Vesco[2] : après l’épreuve de son peuple, Dieu « fera de grandes choses » (Joël 2,21 ; Ps. 126,2-3. Cette expression ne se trouve que dans ces deux textes.

Lire le livre de Joel, avec en regard l’épreuve du Coronavirus, est frappant d’actualité. En remplaçant, au chapitre premier, l’invasion d’insectes par celle de ce virus on croirait entendre le journal télévisé du soir !

L’épreuve de l’invasion des insectes conduit à l’appel à revenir à Dieu, à jeûner et supplier Dieu (2,12-14). Elle est un appel à « changer notre cœur » (2,13) pour revenir au Seigneur, patient et d’un immense amour.

Dieu aura alors pitié de son peuple et répandra son Esprit. (2,14-3,5). Après la destruction des sauterelles, il y aura une grande moisson et vendange (2,24 ; 4,18 ; cf Ps 126,5-6).

Cela sera un temps de révélation : « alors vous comprendrez que je suis présent au milieu de vous » (2,37).

 

Si le grain ne meurt…

Avec l’image du grain qui meurt (Jean12,23-26) et porte beaucoup de fruits, Jésus parle du mystère de sa mort et de sa résurrection.

Il est le grand semeur semant l’amour de Dieu dans l’humanité. Un amour qui se donne jusqu’à l’extrême, dans les pleurs et les cris. Le détachement vécu par Jésus dans son cruel abandon sur une croix est le prélude de la résurrection et du don de l’Esprit. « Ne fallait-il pas que le Christ souffre ainsi avant d’entrer dans sa gloire ? » (Luc 24,26) Pas de résurrection et de vie dans l’Esprit sans la croix. Pas de Pâques et de Pentecôte sans Vendredi saint.

Jésus, le Vivant parmi nous, est celui qui a vécu le détachement le plus radical. Nous pouvons alors vivre les nôtres avec lui. Il comprend et entend nos pleurs, nous encourage et nous relève.

Chaque souffrance peut être vécue dans la communion avec le Ressuscité, toujours avec nous et présent parmi ceux qui s’unissent en son nom, lui qui a pris sur lui toutes nos blessures. Chaque détachement vécu dans sa communion et en accueillant avec confiance sa volonté est une porte ouverte à l’Esprit saint.

 

La graine, la résurrection du Christ et la nôtre

Dans un chapitre consacré à la résurrection, Paul rappelle le cœur de la foi chrétienne : le Christ est mort selon les Écritures et il est ressuscité trois jours après (1 Cor 15,3). Il est apparu à plusieurs apôtres et disciples (v. 5-8). Notre foi se fonde sur leur témoignage. Et il ajoute : « si le Christ n’est pas ressuscité, nous n’avons rien à proclamer et vous n’avez rien à croire » (v. 14). « La foi des chrétiens, c’est la résurrection » a dit Tertullien, un éminent chrétien du 3e siècle.  

Puis Paul utilise le symbole de la graine pour parler de la résurrection de notre corps :

« Ce que tu sèmes est une simple graine, peut-être un grain de blé ou une autre semence, et non la plante elle-même qui va pousser. Ensuite, Dieu accorde à cette graine de donner corps à la plante qu’il veut ; à chaque graine correspond la plante qui lui est propre…

Il en sera ainsi lorsque les morts ressusciteront. Quand le corps est mis en terre, il est corruptible ; quand il ressuscitera, il sera incorruptible » (v. 37-38, 42)

Ce que Paul dit de notre propre corps promis à la résurrection concerne d’abord le corps du Christ mort et ressuscité. La résurrection de Jésus est l’anticipation de notre propre résurrection. Tel il est, tels nous serons.

 

Prières

I.

Nous voulons vivre devant toi

ces temps de grand détachement.

Jésus, le Vivant, tu es avec nous

jusqu’à la fin des temps,

présent parmi ceux et celles

qui s’unissent en ton nom.

Rien ne pourra nous séparer

de toi et les uns des autres.

Tu connais les renoncements

auxquels nous devons consentir

durant cette crise du Coronavirus.

Tu les as toi-même éprouvés,

à l’extrême et de manière radicale,

dans ton cruel abandon sur une croix.

C’est pourquoi nous venons à toi

pour renouveler notre confiance en toi

et nous accueillir réciproquement en toi.

Donne à chacune et chacun de trouver

une confiance et une paix en toi !

Fais-nous revenir à toi, le bienveillant,

plein de tendresse et d’une immense bonté !

Suscite un vaste courant de responsabilité et de solidarité !

Aie compassion de nous et mets fin à cette pandémie !

II.

Depuis ce premier jour de semaine

où l’ange roula la pierre du tombeau,

le temps qui s’écoule inexorablement

est racheté.

En toi, Jésus, se trouvent déjà, par anticipation,

les énergies de l’avenir :

la création nouvelle sur laquelle

la morsure du temps n’a plus de prise.

 

Quand nous nous rassemblons à deux ou trois,

en ton nom, donne-nous, Jésus,

d’en reprendre conscience.

Tu es là, ressuscité,

avec la force et l’éclat de ta divinité.

Tu t’élances vers nos cœurs d’un pas agile

pour nous encourager et nous envoyer

dans ce monde qui passe,

comme témoins de ce qui demeure

à jamais : ta vive charité.

III.

Tu nous veux debout devant toi,

les yeux fixés sur toi.

Tu es au milieu de nous, vivant.

Là où deux ou trois se réunissent dans ton amour,

tu te manifestes et redonnes dignité et liberté.

 

Tu nous veux debout devant les hommes,

Pour les rencontrer dans un face à face sincère.

Qu’aucun jugement ne nous abatte !

Transforme la malveillance en bienveillance

pour que nous nous encouragions

et te ressemblions de plus en plus !

 

Quand tu passes parmi nous

tu ne nous laisse plus comme avant.

Le regard se convertit ou se durcit.

La parole jaillit en louange ou en jugement.

L’esprit se pénètre de bienveillance ou de malveillance.

 

Toi le cep, sans toi les sarments se dessèchent.

Toi la tête, sans toi le corps dépérit.

Toi la lumière, sans toi l’intelligence s’obscurcit.

Viens toi-même nous visiter, vivifier, nous enseigner !

[1] Jean-Luc Vesco, Le Psautier de David II, Le Cerf, Paris, 2006, p. 1204.

[2] Ibidem

 

Voir d’autres méditations sur le thème : « Je récolte ce que je sème »

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