Lahore 18 novembre. Cette première journée au Pakistan marque l’ouverture de plusieurs visites dans le cadre de l’initiative JC2033. Entre accueil nocturne fleuri, méditations, rencontres d’Église et célébration, elle révèle déjà les lignes de force de ce voyage.
Notre arrivée à Lahore, après un long voyage et une escale à Doha, se fait au cœur de la nuit. Il est deux heures et demie lorsque nous (Olivier Fleury, fondateur de JC2033 et moi-même – Martin Hoegger) franchissons les portes de l’aéroport. À notre grande surprise, cinq hommes nous attendent encore : parmi eux, Obeid Khokhar, secrétaire général du Conseil des Églises du Pakistan et Reuben Qamar, président de l’Église presbytérienne. Les deux sont également ambassadeurs JC2033.
Leur accueil fraternel avec de grands bouquets de roses et de glaïeuls, manifeste une attention qui nous touche. Nous ressentons immédiatement la chaleur de cette relation née lors du rassemblement JC2033 de Genève, quelques mois plus tôt. Ils nous conduisent au siège du Conseil des Églises, où nous logeons.
Joie et persévérance
Au matin, nous ouvrons la journée par une méditation sur Luc 15. Les paraboles de la brebis perdue et de la pièce retrouvée révèlent une joie qui traverse le ciel et la terre. La conversion, humble et sincère, est présentée comme la source de cette joie. Pour cheminer vers 2033 et célébrer les 2000 ans de la Résurrection, il faudra que cette fête soit portée par des vies renouvelées.
Nous évoquons aussi la persévérance. Le berger et la femme ne renoncent pas. Leur patience ouvre la voie à la joie. Nous relions cette attitude à l’accueil reçu la veille : une présence généreuse manifestée en pleine nuit. Cette attention devient pour nous un appel à marcher avec constance vers 2033, sans nous laisser décourager par la longueur du chemin, qui est aussi important que le but.
Rencontre avec le Conseil des Églises : réalités et défis
Nous rencontrons ensuite Victor Azariah et Obaid Khokhar, l’ancien et l’actuel secrétaire général du Conseil des Églises du Pakistan. Ils présentent la situation chrétienne au Pakistan. Grâce au travail éducatif mené depuis longtemps, beaucoup de chrétiens ont amélioré leur situation, mais les contrastes restent forts.
Dans les villages, où vivent la majorité des chrétiens, les familles sont pauvres, peu instruites et reléguées en périphérie, dans des zones mal desservies. Une forme de hiérarchie sociale implicite, semblable au système des castes en Inde (qui se trouve à quelques kilomètres de Lahore), subsiste. L’éducation apparaît comme un enjeu majeur. Beaucoup de pasteurs n’ont pas reçu de formation théologique et le Conseil des Églises développe une formation de disciples accessible.
En ville, la situation est différente : les chrétiens sont mieux instruits, plus conscients de leurs droits et plus intégrés. Le Conseil collabore avec toutes les traditions chrétiennes et gère un centre de retraite apprécié.
Une commission œcuménique pour la justice et le service
Nous rencontrons ensuite James Hammond, directeur de la Commission œcuménique pour le développement humain. Il présente une organisation engagée dans la justice, l’éducation, l’aide humanitaire et la dignité humaine. Leur action se concentre sur les jeunes, les enfants et les orphelins.
La Commission privilégie le soutien familial plutôt que l’institution. L’absence de structures publiques pour les orphelins crée un vide que leur mission tente de combler. Leur vision s’enracine dans Luc 4.18 où Jésus annonce une Bonne Nouvelle qui libère et relève.
Nous abordons ensuite la perspective de JC2033 dans un contexte majoritairement musulman. Jésus y est reconnu comme prophète, mais non comme crucifié et ressuscité. Cela demande discernement pour envisager une célébration nationale.
Certaines régions pourraient mettre l’accent sur la naissance de l’Église à la Pentecôte ; d’autres choisir un témoignage plus direct. L’essentiel est de permettre à l’Église locale de discerner son chemin.

Accueil dans l’Église presbytérienne Goldberg. Depuis la gauche : Martin Hoegger, Olivier Fleury et Obaid Khokhar
La Ligue pour la lecture de la Bible : un élan vers le Ressuscité
La rencontre avec Sharaz Shahzad, secrétaire de la Ligue pour la Lecture de la Bible (Scripture Union en anglais) et son équipe apporte une note vive à cette journée. Leur ministère, tourné vers les enfants et les jeunes, vise à conduire la nouvelle génération à une relation vivante avec le Christ ressuscité.
L’annonce de 2033 suscite chez eux un enthousiasme réel. Ils expriment le désir de voir l’Église du Pakistan grandir dans une foi personnelle et profonde. Ils souhaitent que les enfants découvrent Jésus non seulement dans son histoire, mais dans sa présence actuelle. Scripture Union envisage même de consacrer un thème annuel à la question : « Qui connaît le Christ ressuscité ? »
Culte dans une église presbytérienne : quelle joie !

La journée se conclut par un culte dans une Église presbytérienne à Lahore, celle de Goldberg. L’accueil est simple et chaleureux : nous sommes à nouveau fleuris et des danses par des enfants nous souhaitent la bienvenue. La liturgie conduite par le pasteur Samuel Massey exprime une foi claire dans le Dieu trinitaire. Obaid, Olivier et moi-même intervenons à tour de rôle pour encourager une assemblée déjà conquise à l’importance du chemin vers 2033.
La prière finale, portée par de jeunes filles, touche par sa simplicité et sa fraîcheur. L’ourdou semble parfois glisser vers un langage plus libre, presque céleste. Ce moment conclut la journée avec une note unique : la joie débordante !
Ainsi s’achève cette première journée, rythmée par des échanges sincères et des gestes simples qui donnent un visage concret à l’Église du Pakistan. Les jours suivants permettront de rencontrer d’autres communautés et de découvrir avec surprise et reconnaissance le chemin déjà bien tracé par nos ambassadeurs vers 2033.


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