Jeûnes en cas de crises nationales, guerres, catastrophes.

Image: Jonas prêche à Ninive et suscite le jeûne et la repentance

Dans l’Ancien Testament une des raisons qui conduit le peuple de Dieu à jeûner est le désir de prévenir ou de mettre fin à une calamité, une guerre, en priant pour que Dieu soit miséricordieux et pour recevoir son pardon. Voici quelques épisodes de jeûnes en case de crises nationales, guerres et catastrophes

Jeûne des Israélites après des défaites militaires

Après deux défaites infligées par la tribu de Benjamin, les israélites jeunèrent puis obtinrent la victoire.

« Tous les Israélites et toute l’armée se rendirent à Béthel. Ils s’assirent en présence du Seigneur pour se lamenter et, ce jour-là, ils jeûnèrent jusqu’au soir. Ils présentèrent au Seigneur des sacrifices complets et des sacrifices de paix ». (Juges 20,26).

Quelques décennies plus tard, alors que le peuple est opprimé par les Philistins, Samuel proclame un jeûne d’un jour en l’appelant à rejeter les idoles vers lesquels le peuple était retourné : « Samuel leur dit : « Si c’est de tout votre cœur que vous revenez au Seigneur, cessez d’adorer les idoles d’Astarté et de tous les autres dieux étrangers ; attachez-vous au Seigneur et servez-le, lui seul ; alors il vous sauvera du pouvoir des Philistins… Les Israélites se rassemblèrent à Mispa. Ils puisèrent de l’eau, la répandirent sur le sol devant le Seigneur et jeûnèrent ce jour-là. Enfin ils confessèrent qu’ils étaient coupables envers le Seigneur. » (1 Samuel 7,3,6)

La présence de l’idolâtrie est constante dans l’histoire d’Israël. Elle suscite, chez les prophètes la prophétie du jugement. Mais toujours à nouveau les promesses de l’Alliance de Dieu avec son peuple l’emportent…jusqu’à aujourd’hui.

Suite à la catastrophe du 7 octobre 2023, où le Hamas a trucidé plus de 1200 personnes, plusieurs responsables juifs reconnaissant en Yeshoua le Messie d’Israël ont appelé à un jeûne de trois jours, du 25 au 27 février 2024. Voici leur déclaration :

« Nous nous tiendrons ensemble devant Dieu pour les nombreux péchés de notre nation, conformément à l’appel de Joël 2,12-19. (« Revenez à moi. Faites-le de tout votre cœur : jeûnez, pleurez et suppliez-moi. Il ne suffit pas de déchirer vos vêtements, c’est votre cœur qu’il faut changer… Sonnez de la trompette à Sion, ordonnez un temps de jeûne, convoquez une assemblée »!) Nous implorons Dieu d’avoir pitié et de pardonner à notre peuple nos péchés, le fait que nous nous soyons détournés de Lui, le Dieu vivant d’Israël…Nous lui présenterons les péchés de notre nation, nous lui rappellerons les promesses de son alliance avec Israël et nous prierons pour que son nom soit honoré et que sa gloire soit révélée parmi nous ».

Le jeûne de Josaphat.

Le royaume de Juda est attaqué, et le roi Josaphat proclame un jeûne collectif, hommes, femmes et enfants :

« Par la suite, les Moabites et les Ammonites, renforcés par des Méounites, entrèrent en guerre contre Josaphat. On vint l’annoncer au roi : « Une armée nombreuse marche contre toi, lui dit-on. Elle est venue depuis l’autre côté de la mer Morte, du pays d’Édom, et se trouve maintenant à Hassasson-Tamar, c’est-à-dire En-Guédi. » Pris de peur, Josaphat décida de consulter le Seigneur et imposa un jeûne à tout le royaume de Juda. Les membres de la tribu de Juda vinrent de toutes les villes du pays et se rassemblèrent pour implorer l’aide du Seigneur » (2 Chroniques 20 : 1…13)

Quel impact aura cet appel au jeûne ?  Dieu répond par le Saint-Esprit : « En pleine assemblée, l’Esprit du Seigneur s’empara de Yaziel » (v. 14) et il invite à la confiance : « Ainsi parle le Seigneur : Ne craignez rien, n’ayez pas peur de cette armée nombreuse ! L’issue de ce combat ne dépend pas de vous, mais de moi, votre Dieu » (v. 15). Cette intervention de l’Esprit de Dieu conduit le roi et le peuple à s’agenouiller, à reconnaître la présence du Seigneur et à le louer : « Josaphat s’inclina jusqu’à terre devant le Seigneur. Tous les habitants de Jérusalem et les membres de la tribu de Juda se prosternèrent aussi pour adorer le Seigneur. Ensuite les lévites des clans de Quéhath et de Coré se relevèrent et acclamèrent à pleine voix le Seigneur, le Dieu d’Israël ». (v. 18-19). 

Alors Dieu suscita la confusion entre les Moabites les Ammonites et les Méounites, qui s’entretuèrent (v. 22-24). A la fin du récit, cette victoire donnée par le Seigneur suscite l’étonnement des nations alentour : « Lorsque, dans les royaumes étrangers, on apprit que le Seigneur Dieu avait combattu contre les ennemis d’Israël, tout le monde fut frappé de crainte à son égard ». (v.29)

Ce texte montre quatre effets effets du jeûne :

  • L’Esprit saint agit dans nos vies
  • Des dons spirituels se manifestent et des paroles du Seigneur sont données
  • Il unit les personnes qui se rassemblent
  • Dieu agit et libère

Pour Josaphat, les armes spirituelles dans une situation de détresse ont été le jeûne collectif, la prière, l’accueil des dons du Saint-Esprit, la louange et l’adoration.

Le jeûne d’Esdras

Il est l’un des Judéens déportés de l’exil à Babylone, capitale de l’empire de Perse sous le règne d’Artaxersès. Ce roi veut permettre le retour des Judéens à Jérusalem pour reconstruire son temple. Avant de commencer son long voyage avec ses compagnons avec les objets précieux du temple, il décide de prier et de jeûner, car il est convaincu que la protection divine vaut bien mieux que celle des soldats du roi:

« Là, au bord du canal d’Ahava, j’ai décidé que nous devions tous jeûner et manifester ainsi notre humble soumission à notre Dieu, afin qu’il nous accorde un voyage paisible, à nous et à nos familles, avec nos biens. J’aurais eu honte de demander au roi de nous fournir une escorte de soldats et de cavaliers pour nous protéger en cours de route contre nos ennemis ; en effet, nous lui avions affirmé : « Notre Dieu étend sa main protectrice sur tous ceux qui le cherchent, mais sa colère éclate avec force contre tous ceux qui l’abandonnent. » Nous avons donc jeûné, nous avons demandé à notre Dieu de nous protéger, et il a exaucé notre prière ». (Esdras 8,21-23).

Mettre Dieu en premier, lui faire confiance plutôt qu’aux stratégies humaines, c’est l’abc de la foi…et le jeûne le renforce:

« Mieux vaut trouver refuge auprès du Seigneur

que de compter sur les êtres humains !

Mieux vaut trouver refuge auprès du Seigneur

que de compter sur des gens influents » ! (Psaume 118 : 8-9)

Le jeûne d’Esther.

Le peuple d’Israël est déporté à Suse, capitale de l’Assyrie. Esther, jeune fille juive, est devenue l’épouse du roi Assuérus. Son oncle et tuteur, Mardochée, la conseille. Cependant Hamman, haut fonctionnaire du palais, a décidé d’influencer le roi pour exterminer totalement le peuple juif. (Esther 3,6).

Esther appelle alors son peuple à jeûner pendant trois jours pour que Dieu sauver son peuple. Un jeune intégral sans eau ni pain!

 « Esther envoya ce message à Mardochée : « Va rassembler tous les Juifs qui se trouvent à Suse, et observez un jeûne en ma faveur. Pendant trois jours et trois nuits ne prenez ni nourriture ni boisson. Mes servantes et moi, nous ferons de même. Puis je me rendrai auprès du roi, bien que ce soit contraire à la loi, et si je dois mourir, je mourrai ! » (Esther 4,15-16).

L’avenir de la reine Esther et du peuple Juif s’est joué en quelques secondes lorsque le roi Assuérus a tendu son sceptre vers Esther. Je vous invite à lire ou à relire ce récit dans le livre d’Esther dans la Bible.

L’intervention de Dieu a été tellement marquante qu’aujourd’hui les Juifs la célèbrent encore avec la fête du Pourim. La veille est un jour de jeûne, en souvenir du jeûne d’Esther. On a réduit à un jour les trois jours de jeûne absolu qu’Esther avait promulgués.

Bien d’autres dirigeants à la suite d’Hamman ont essayé cette même éradication, mais Dieu veille encore aujourd’hui sur son peuple Israël comme sur la prunelle de ses yeux. (Zacharie 2,8)

La grande leçon de ce livre est que dans une situation difficile, voire désespérée, nous pouvons mettre en pratique le jeûne et la prière, rechercher Dieu en nous attendant à sa délivrance.

Le jeûne de Jonas.

Dieu envoie Jonas à Ninive en Assyrie pour dénoncer l’état de péché de ses habitants et annoncer le jugement de Dieu. En entendant le message délivré par Jonas, les habitants, roi en tête, s’humilient devant Dieu, implorent son pardon et proclament un jeûne collectif qui ne se limite pas qu’aux humains mais aussi aux animaux :

« Les habitants de la ville crurent en Dieu. Ils décidèrent de jeûner et chacun, du plus grand au plus petit, revêtit la tenue de deuil. Quand le roi de Ninive fut informé de ce qui se passait, il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un habit de deuil et s’assit sur de la cendre. Puis il fit proclamer dans Ninive ce décret : « Par ordre du roi et de ses ministres, que les êtres humains ainsi que le gros et le petit bétail ne mangent ni ne boivent quoi que ce soit ! Les êtres humains et les bêtes doivent se couvrir d’habits de deuil. Que chacun appelle Dieu au secours de toutes ses forces, que chacun renonce à ses mauvaises actions et à la violence qui colle à ses mains. Peut-être qu’ainsi Dieu reviendra sur sa décision, renoncera à sa grande colère et ne nous fera pas mourir. » (Jonas 3,5-9)

La réponse de Dieu et la conséquence sont immédiates : « Dieu vit comment les Ninivites réagissaient : il constata qu’ils renonçaient à leurs mauvaises actions. Il revint alors sur sa décision et n’accomplit pas le malheur dont il les avait menacés ». (v. 10)

Cette histoire de Jonas est lue à Yom Kippour dans les synagogues. Elle nous enseigne sur la force du jeûne, de la prière et d’une sincère repentance communautaire. En principe chaque culte ou messe devrait commencer par un temps pénitentiel.


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