« Je vous appelle mes amis si vous faites ce que je vous commande ». (Jean 15,2-17)
Ce verset est tiré de ce grand texte de l’Evangile de Jean que nous connaissons par cœur et qui est si central dans la spiritualité de l’unité que C. Lubich nous a laissé et que nous avons approfondi lors d’une récente retraite spirituelle. Au centre, Jésus donne son commandement en lequel il résume tous les autres : « Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimiez les uns les autres ».
Ce commandement, il l’appelle « son » commandement, tant il lui tient à cœur. Et il l’appelle aussi « nouveau » après avoir lavé les pieds de ses disciples.
Puis, il nous appelle « ses » amis si nous faisons ce qu’il nous commande.
Nous le savons : Jésus prend toujours l’initiative et frappe à notre porte, il n’attend pas que nous aimions pour nous aimer. Non, Dieu est amour toujours et envers contre tout. Nous l’avons vu lors de la première journée de cette retraite.
Mais Jésus attend aussi notre réponse. Et ce texte nous le dit : nous sommes les amis si nous faisons ce qu’il nous commande, c’est-à-dire si nous nous rendons proches de l’autre.
Le lundi de Pâques, j’ai marché sur le chemin d’Emmaüs – le vrai – depuis Jérusalem. La moitié du trajet, à savoir 18 km. A la fin, j’étais vraiment fatigué. Et dans la dernière montée, j’étais exténué. Mais un jeune qui s’appelait aussi Martin a marché à mon rythme, m’a accompagné et marché à mon rythme. Je lui ai dit : « Martin, tu es pour moi comme le manteau de Martin ». J’ai compris que le vrai pèlerin est celui qui marche au rythme du plus lent. C’est le secret de l’encouragement
Une main sur mon épaule
J’aimerais vous faire part d’une autre expérience marquante au sujet de ce texte. Expérience que j’ai vécue à la communauté de Saint Loup, il y a quelques années.
C’était lors d’une retraite animée par un chrétien ougandais, Michael Kimuli, durant laquelle j’ai reçu une grande grâce ! La surprise d’une « visite du Verbe », qui m’a conduit à une prise de conscience plus profonde de la proximité de Jésus.
J’ai perçu son amitié d’une manière toute particulière. Ce passage où Jésus nous dit que nous sommes ses amis a pris un relief tout particulier pour moi. Comment cela s’est-il passé ?
A la fin d’une session, une personne qui était derrière moi s’approche de moi pour me dire qu’elle a quelque chose d’important à me dire. Pendant un chant, elle a eu une vision. Elle a vu Jésus à côté de moi, qui mettait ma main sur mon épaule et me disait qu’il est toujours à mes côtés, qu’il est mon ami, sur lequel je peux m’appuyer. Je ne sais pas si elle connaissait l’icône copte de l’amitié, popularisée par la communauté de Taizé, mais j’ai pensé à elle quand elle m’a parlé.
Quand j’ai dit cela à Chantal, mon épouse, elle m’a demandé, intriguée, si Jésus était aussi à côté d’elle. La prenait-elle aussi dans ses bras ? Cela m’a fait réfléchir. J’étais à côté de mon épouse. Cela veut dire que si Jésus est avec moi, il sera aussi présent avec elle et avec tous ceux que je rencontre.
Il sera au milieu de nous, dans la mesure où je ne l’éloigne pas de moi par mes incohérences ou mes transgressions.
Tout est dans le « SI ».
En relisant ensuite le texte de Jean, j’ai découvert que Jésus nous déclare ses amis, juste après son commandement nouveau de l’amour réciproque. Il nous assure qu’il nous appellera ses amis si nous vivons ce commandement : « Je vous appelle mes amis si vous faites ce que je vous commande ».
Michael Kimuli a insisté sur le sens de ces « si » qui jalonnent l’Évangile. Pour que Jésus nous fasse sentir son amitié et nous donne le don immense de sa présence, il y a une condition. Laquelle ? Tout simplement celle de vivre dans son amour.
Ailleurs, il est dit que « Si mon peuple s’humilie…Je l’exaucerai des cieux… » Le premier commandement de Jésus n’est pas de prier, mais de nous aimer avec humilité en cherchant sa volonté. Et le vrai amour se met à genoux. Cela veut aussi dire demander pardon à Dieu d’abord et à notre prochain ensuite.
Jésus devient tout proche de nous et notre tendre ami SI.
Gardons donc ce « SI » bien en mémoire !
Devenir des encourageurs
L’amour fraternel nous fait entrer dans la vraie vie, comme le dit Jean : « Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort dans la vie, puisque nous aimons nos frères. » (1Jn 3,14) Cette « Parole de Vie » commentée par C. Lubich le dit avec force.
Comme nous avons été consolés et encouragés par l’amour de Dieu, notre vocation est de consoler les autres. Après avoir rendu grâce au Dieu qui nous console et nous encourage dans nos détresses, Paul ajoute en effet : « afin que, par l’encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, nous puissions encourager ceux qui sont dans toutes sortes de détresses !» (2 Corinthiens 1:4)
Notre vocation et d’être des « Barnabas », des « fils et des filles de l’encouragement ». Et en encourageant, nous recevons une lumière ; Dieu se manifeste à nous.
Nous pouvons nous poser cette question : Comment ai-je pu consoler autrui ? Comme ai-je été un homme ou une femme de l’encouragement, un « Barnabas » ?