creche sous sapin

Un Noël où il est question d’arbre, de crèche et de mangeoire

« La crèche n’a pas sa place à l’école, car c’est indéniablement un objet symbolique religieux par la présence de l’enfant Jésus », affirme Alain Bouquet, directeur général de l’enseignement obligatoire du canton de Vaud. « La crèche appartient donc au domaine cultuel et non pas seulement culturel, et nous refusons ce signe trop ostentatoire dans nos classes », assure-t-il dans le quotidien 24 Heures du 18 décembre 2017

Toutefois les sapins décorés ne semblent lui poser aucun problème. « C’est un vrai symbole laïque, qui fait figure d’emblème neutre de la nativité », dit-il.

Cette prise de position (personnelle, il est vrai) de ce responsable de l’enseignement a provoqué une polémique dans notre bon canton :

Voici ce qu’écrit le journaliste Philippe Barraud sur son site internet :

« Il semble que pour certains, la vue d’une crèche représentant la Nativité, voire d’une simple croix chrétienne, soit une épreuve insupportable, une apparition propre à susciter un choc psychologique irrémédiable. Il est vrai que la vision d’un bébé dans un berceau, c’est épouvantable, n’est-ce pas ? Certes, le bébé dont on parle n’est pas ordinaire… » 

 

L’arbre de Noël, un symbole laïc ?

Au Moyen Age, on représentait en Europe et plus spécialement le long de la vallée du Rhin, ce qu’on appelle : les « Mystères » du Christ. Ces « mystères », de la Passion ou de Noël, étaient joués comme une pièce de théâtre sur les parvis des églises et des cathédrales et consistaient en un résumé de toute l’histoire biblique du salut. Ils se composaient de plusieurs tableaux :

  • ils commençaient en général par la création et la chute,
  • passaient par l’annonce du Messie par les prophètes,
  • et se poursuivaient par la naissance, la mort et la résurrection de Jésus-Christ

Or pour mettre en scène le premier tableau, il fallait un arbre.

Pourquoi un arbre? Parce qu’au milieu du paradis, nous dit le premier livre biblique, il y avait deux arbres : l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal et l’arbre de Vie. Malgré l’interdiction de Dieu, Adam et Eve avaient goûté du fruit du premier.

Pour les punir de leur désobéissance, Dieu les a chassés du jardin d’Eden. Ils n’avaient plus accès à l’arbre de vie qui symbolise la communion avec Dieu.

A leur suite l’humanité est coupée de Dieu, marchant dans les ténèbres. Mais Dieu a décidé de nous donner accès à nouveau à l’arbre de Vie en choisissant un peuple d’où est issu Jésus, né de Marie et de l’Esprit saint.

En lui, l’accès à l’arbre de vie, à la communion avec Dieu est à nouveau ouvert. Jésus, lui-même, est « le bois vert », c’est à dire l’arbre de vie (Luc 23,31).

Pour figurer la scène de la désobéissance d’Adam et d’Eve et de la communion à l’arbre de vie, un arbre était donc nécessaire et le seul qui, tant à Pâques qu’à Noël restait vert était le sapin !

C’est lui qui a été choisi, on y accrochait des pommes rouges et brillantes. Au Moyen Age, on y suspendait aussi des hosties qui rappellent la Sainte Cène.

Les Alsaciens au 17e et 18e siècles firent entrer les sapins dans les maisons comme arbre de Noël et de là cette coutume s’est répandue dans le monde entier. Et ainsi le sapin est aussi entré dans l’église.

 

Une crèche pour dire « la culture du ciel »

Les santons de la crèche me touchent toujours, chaque année. Chez nous, nous avons une crèche que cinq générations ont regardée. J’aime m’arrêter devant elle, la contempler, surtout avec mes petits enfants.

Cette année je me suis rendu avec mes deux plus jeunes petits enfants à une crèche géante dans la cathédrale de Lausanne. Elle a été réalisée par des pensionnaires de l’Institution Eben-Ezer. Très touchant  !

D’autre part, dans ma paroisse du Mont sur Lausanne, une équipe d’une dizaine de personnes a confectionné des grands santons de Provence représentants les personnages de la crèche. La veille de Noël, on les a mis sous le sapin dans l’Eglise. Une première dans notre église!

Que représente pour moi la crèche ?

La crèche est un lieu de rencontre et de communion. Rencontre entre des riches et des pauvres, des étrangers (les mages venus d’Orient) et des gens d’ici (les bergers).

Rencontre entre des hommes et des animaux : la nature est réconciliée, c’est le message « écologique » de Noël.

Rencontre entre le ciel où les anges chantent la gloire de Dieu et la terre où suent les travailleurs.  

Elle exprime si bien cette « culture du ciel » que Jésus est venu apporter : une culture de la rencontre, de la communion, de l’accueil. (sur la culture du ciel, voir ici)

Peuvent la recevoir et en vivre un peu, ceux qui acceptent, un moment, de contempler cette crèche qui nous parle d’humilité et de simplicité et qui prennent le temps de regarder ce simple enfant, d’où rayonne pourtant une lumière et une vie qui renouvellera l’humanité, bien plus : le cosmos tout entier.

 

Une mangeoire pour dire l’humilité et la simplicité.

Au centre de la crèche, la mangeoire.

Qu’est-elle ? Simplement un objet où l’on met la nourriture pour les animaux : chèvres, moutons, bœufs, ânes, chevaux…

La mangeoire est un objet qu’on trouve partout, sous toutes les latitudes, dans toutes les cultures.

Allez aujourd’hui dans des fermes, vous trouverez des mangeoires en bois, en plastic, en pierre, en aluminium ou encore en d’autres matières.

La mangeoire nous parle de ce besoin universel de se nourrir.

C’est vraiment l’objet le plus « laïc » qui soit !

Elle nous parle d’humilité et de simplicité.

Elle nous dit que le Fils de Dieu né à Bethléem n’a pas été mis dans un lit de roi, mais dans un endroit où l’on nourrit les animaux.

Cette scène totalement inattendue – le Roi des rois couché dans une mangeoire – est un message qui continue à toucher notre société, malgré son matérialisme ambiant.

La mangeoire nous rappelle, où que nous soyons, que le Christ est « Emanuel », « Dieu avec nous ».

Partout où nous célébrons Noël en esprit et en vérité, Emanuel se faufile parmi nous.

Le prophète Esaïe avait annoncé, sept siècles avant, la naissance de Jésus : « Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel ». (Es 7)

A Noël nous célébrons l’accomplissement de cette prophétie. Ce bébé couché dans une mangeoire est l’Emanuel promis.

Tout l’Evangile nous montre que Jésus est celui qui est « Dieu avec nous ». Par sa mort et sa résurrection, il est désormais tous les jours avec nous (Mat 28,20). Il se manifeste comme Emanuel à ceux qui prient en son nom et qui sont unis dans son amour (Mat 18,40).

Alors n’hésitons pas de mettre dans nos maisons et dans nos églises arbres, crèches et mangeoires !

Et surtout rappelons le sens de ces objets ! Disons-le à temps et contre temps à nos contemporains !

Ils nous centrent sur l’amour de Dieu et le cœur de notre foi.

Sans eux nous saurions vivre Noël !


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