Karen et Jaïr Sagström, coordinateurs du parcours Alpha
Cette soirée « Alpha Israël » à la salle de paroisse de Corsier, près de Vevey, le 3 décembre 2025, est née presque par surprise. De passage à Jérusalem, David Bouillon, professeur à la Haute École de Théologie de Suisse Romande, rencontre un pasteur allemand qui lui annonce la venue, à la frontière germano-suisse, d’un couple responsable des parcours Alpha pour l’Europe et le Moyen-Orient. L’idée surgit aussitôt : pourquoi ne pas les faire venir aussi en Suisse romande ? En toile de fond, une intuition : ce qui se vit avec Alpha en Israël peut encourager nos Églises parfois fatiguées et en déclin, en leur rappelant que Dieu agit à l’échelle de la planète.
Alpha en Israël
Karen Sagström présente son engagement pour Alpha en Israël. Elle est accompagnée par son mari Jaïr Sagström, lui-même coordinateur du parcours Alpha pour l’Europe, l’Afrique du Nord et le Moyen Orient. Karen, allemande, vit en Israël depuis l’adolescence, a étudié à l’Université hébraïque et travaille depuis des années parmi les jeunes et les communautés juives messianiques. Ils décrivent un pays d’environ 9 millions d’habitants où la société est jeune, complexe, et aujourd’hui ébranlée par les événements du 7 octobre 2023 et la guerre.
Une particularité d’Israël est la présence d’un grand nombre de juifs issus de l’ex-Union soviétique. Beaucoup ont découvert Alpha en Ukraine ou en Russie et l’ont emporté avec eux en Israël. Des groupes Alpha sont ainsi nés dans des communautés russophones, puis une demande forte est venue pour traduire le matériel en hébreu pour la nouvelle génération, désormais pleinement israélienne. Cette dynamique a conduit à la création d’Alpha Israël, avec plusieurs objectifs : développer Alpha dans les différentes régions du pays, former les Églises à l’hospitalité missionnaire, et produire un matériel audiovisuel de qualité en hébreu moderne.
Au fil des témoignages, on voit se dessiner une Église en croissance. Un jeune responsable d’une trentaine d’années a déjà fondé plusieurs communautés ; une maison à Tel Aviv se remplit de personnes trop traumatisées pour retourner chez elles après le 7 octobre ; des parcours Alpha se déroulent jusque dans des abris anti-bombes. Beaucoup de participants sont des immigrants récents, ouverts à l’Évangile parce qu’ils ont éprouvé la solidarité concrète des communautés chrétiennes.
L’esprit d’Alpha : repas, annonce, écoute
Karen et Jaïr rappellent la simplicité du « modèle Alpha » : un repas qui crée un climat amical, un enseignement clair sur les bases de la foi (qui est Jésus, pourquoi est-il mort, quel est le sens de la vie, qui est l’Esprit Saint…), puis un temps en petits groupes où chacun peut s’exprimer librement. Les questions, les doutes, les résistances sont accueillis sans jugement. C’est souvent là, au fil des rencontres, que l’Esprit Saint vient toucher les cœurs.
Dans plusieurs pays européens, on observe aujourd’hui un phénomène étonnant : des jeunes dont les parents n’ont jamais fréquenté l’Église frappent à la porte des communautés parce qu’ils ont entendu parler de Jésus sur les réseaux sociaux. Ils viennent avec leurs propres questions, souvent très profondes. Alpha apparaît alors comme un espace adapté à cette quête, par son climat d’écoute et de liberté.
Un outil de réconciliation entre Juifs et Palestiniens
Un aspect particulièrement fort du témoignage concerne la dimension de réconciliation. Au Jardin de la Tombe à Jérusalem, lieu cher à de nombreux protestants, l’équipe est composée pour moitié de chrétiens palestiniens et pour moitié d’Israéliens juifs messianiques. Après le 7 octobre, les tensions et les blessures étaient immenses des deux côtés.
Comme il n’y avait plus de touristes, le directeur a proposé que l’équipe suive un parcours Alpha en interne. Pour plusieurs, ce fut une expérience décisive : le passage d’un christianisme surtout « traditionnel » à une rencontre personnelle avec Jésus, Sauveur et ami. Une jeune femme de Bethléem, issue d’une famille pratiquante (père prêtre orthodoxe, mère catholique), témoigne ainsi avoir découvert qu’elle pouvait parler à Jésus comme à un ami, lui confier ce qu’elle ne peut dire à personne. Transformée, elle a ensuite lancé un Alpha à Bethléem.
Un appel aussi pour nos Églises
La soirée se conclut par une prière pour Israël, pour les Églises du Moyen-Orient, mais aussi pour la communauté locale de la Riviera vaudoise. Le rêve n’est pas d’ajouter une activité de plus, mais de devenir une Église qui rayonne, qui ouvre ses maisons et ses cœurs, qui crée des « tables » où des personnes en recherche peuvent être accueillies. Investir dans Alpha en Israël – par la prière, par le soutien financier, par la diffusion – c’est participer à un mouvement plus large où des hommes et des femmes découvrent un Dieu vivant, qui sauve et qui rassemble.
L’enjeu n’est pas seulement la croissance numérique, mais la transformation des vies et la réconciliation dans un contexte marqué par la violence et la peur. Là où la haine divise, l’Évangile reste une bonne nouvelle. En Israël comme en Suisse, Alpha devient alors un chemin concret pour faire mémoire de l’amour de Dieu… en actes.


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