Rencontrer le Christ ressuscité aujourd’hui

« Qu’est-ce qui est le plus important, demanda Big Panda, le voyage ou la destination ? » « La compagnie », répondit Tiny Dragon.

Voici le message que j’ai adressé, le 24 novembre 2025, au personnel de l’hôpital protestant de Taxila, au nord du Pakistan, dans le cadre de mes visites pour l’initiative JC2033. J’y encourageais les soignants à reconnaître et à rencontrer la présence du Christ ressuscité dans les malades qu’ils accompagnent chaque jour.

L’année 2033 marquera les 2000 ans de la résurrection de Jésus-Christ. Depuis plus de quinze ans, nous parcourons le monde pour inviter les chrétiens à se préparer ensemble à cet anniversaire. Nous avons visité plus de 70 pays, où des ambassadeurs sensibilisent les Églises à l’importance de cette date.

Au Pakistan aussi, nous rencontrons toutes les communautés chrétiennes — presbytérienne, catholique, anglicane, pentecôtiste, Armée du salut, et bien d’autres — car Jésus est mort et ressuscité pour toute l’humanité, pas seulement pour une Église en particulier.

Cette démarche souligne l’importance de l’unité des chrétiens, appelés à témoigner ensemble de la bonne nouvelle.

Après neuf ans dans ce mouvement, j’ai appris à sentir plus profondément la présence du Christ ressuscité parmi nous. C’est peut-être la plus grande grâce que j’ai reçue après toutes ces années. 

La résurrection de Jésus n’est pas seulement un événement du passé. Elle ouvre une présence, une relation, un aujourd’hui. Parce qu’il est vivant, le Christ ressuscité se laisse rencontrer, et cette rencontre transforme notre vie. Elle n’est pas réservée à une élite spirituelle ; elle est accessible à tout croyant qui ouvre son cœur.

Dans sa Parole : la voix vivante du Ressuscité

Lorsque nous lisons l’Évangile, nous ne lisons pas seulement des souvenirs ou des récits anciens. Parce que Jésus est vivant, sa Parole est vivante.

Alors, dans les pages de l’Évangile, il parle encore, comme il parlait aux femmes et aux hommes de Galilée.
Chaque fois que nous ouvrons l’Écriture, il vient à notre rencontre : il appelle et console, éclaire et corrige.

C’est une des réalités les plus belles de la foi : la Bible n’est pas seulement un livre, c’est un lieu de rencontre. Le Christ ressuscité se fait proche dans les mots mêmes qu’il a inspirés. A ce sujet, je viens de publier un livre où je partage mon expérience avec la Bible[1].

Dans le rassemblement des croyants : une présence promise

Jésus l’a promis : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Mt 18.21)

Quand nous prions ensemble et célébrons le culte, mais aussi quand nous nous accueillons les uns les autres dans la justice et la vérité, il est réellement au milieu de nous — non pas comme un souvenir ou une idée, mais comme une personne qui nous transforme et nous unit.

Cette présence enflamme notre cœur, comme pour les deux pèlerins d’Emmaüs. Elle fait de l’Église non pas une simple organisation humaine, mais le peuple vivant du Ressuscité, un peuple rassemblé par lui.

Dans notre service et notre mission : une présence qui envoie

Le Christ ressuscité ne se contente pas de nous encourager ; il nous envoie.
Là où nous servons, là où nous nous donnons aux autres, nous devenons collaborateurs de sa mission.

Quand nous soignons et soutenons, nous faisons passer quelque chose de sa lumière et de sa force. Et souvent, c’est en servant que nous le rencontrons le plus profondément.

Dans chaque être humain : le visage du Christ dans le plus petit

Enfin, Jésus nous attend dans chaque personne, de manière particulière dans les plus vulnérables. Vous qui travaillez dans un hôpital, vous connaissez ce passage de Matthieu 25 :

« J’étais malade et vous m’avez visité…
J’étais étranger et vous m’avez accueilli…
J’avais faim et vous m’avez donné à manger… »

Ce texte n’est pas une simple exhortation morale. Il est une révélation : le Christ nous attend dans les personnes dans le besoin.

Là où il y a un malade ou un pauvre, un abandonné ou un désespéré, le Ressuscité frappe à notre porte. Quand nous nous approchons d’eux, c’est lui que nous touchons.

Je peux en témoigner : chaque fois que je visite une personne malade, fragile ou triste, je repars avec plus de vie et de joie que j’en avais en arrivant.
Cette joie ne vient pas de moi ; elle vient de la rencontre avec le Christ vivant dans cette personne. Je suis sûr que vous en faites l’expérience, de manière bien plus profonde que moi !

Qui sont les « petits ? »

Dans ce même passage, Jésus dit : « Tout ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25.40) Qui étaient ses premiers « petits frères » ? Les habitants de Galilée et de Judée, les hommes, les femmes et les enfants de son peuple : le peuple juif.

Jésus est né juif, a vécu en juif, est mort en juif. C’est parmi ce peuple qu’il a enseigné, guéri, pardonné. C’est pourquoi tout antisémitisme est une contradiction, à la fois éthique — car il trahit l’amour du prochain — et théologique — car il s’attaque au peuple où Jésus a vécu et auquel il reste uni.

Respecter le peuple juif, c’est honorer une dimension essentielle de notre foi.
C’est reconnaître que notre Sauveur s’est fait solidaire d’un peuple concret avant d’ouvrir son salut à toute l’humanité. Dans cette parabole Jésus a en effet devant lui toute l’humanité (Mt 25.32). Mais son Évangile est « puissance de Dieu pour le juif d’abord, puis pour le grec » (Rm 1.16).

Une parole personnelle  

Je voudrais, avant de terminer, vous adresser une parole toute particulière d’encouragement. Vous accomplissez un service magnifique, un service qui touche le cœur de l’Évangile. Dans ce lieu où tant de souffrances passent, tant de fragilités se manifestent, vous êtes des témoins de la compassion de Dieu.

Je veux vous remercier pour tout ce que vous faites : pour la patience que vous offrez et l’humanité que vous manifestez chaque jour.

Je connais un peu votre réalité, car pendant seize ans j’ai été pasteur d’une communauté de diaconnesses (des sœurs protestantes) en Suisse. Elles ont fondé un hôpital il y a près de 180 ans. La plupart de ces femmes étaient des infirmières. Elles m’ont marqué par leur capacité à donner et par cette lumière intérieure qui les poussait à servir.

J’ai découvert que l’hôpital est un lieu saint, non pas parce qu’il est parfait ou paisible, mais parce que le Christ ressuscité y est présent dans les visages de celles et ceux que vous servez.

Et il est présent aussi en vous : dans vos mains et dans votre présence auprès des patients. Alors merci de laisser passer quelque chose de l’amour de Dieu dans vos gestes quotidiens.
Merci de porter la dignité de chaque être humain, même quand tout semble perdu.
Merci de continuer, même quand la fatigue vous pèse, même quand les ressources manquent. Votre mission est précieuse, et elle a une valeur éternelle.Que le Seigneur ressuscité vous bénisse abondamment et que sa lumière vous guide !


[1] Martin Hoegger, La Parole qui transforme et unit. Parcours au rythme de la Lectio divina et la Parole de Vie. Le Mont sur Lausanne, UNIchtus, 2026


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