1925-2025 : Passé, présent, avenir – regards sur le chemin d’unité chrétienne

Le samedi 23 août 2025, la cathédrale de Stockholm a retenti du son des cloches, comme en 1925, lorsque évêques, patriarches et responsables d’Églises entrèrent en procession, lors de la première conférence Life and Work tenue dans cette ville. Vêtus de leurs habits liturgiques, ils manifestaient à la fois la diversité des traditions et leur désir d’unité.

La célébration fut structurée autour de trois temps : le passé (commémoration de la conférence de 1925), le présent (situation de l’œcuménisme aujourd’hui) et l’avenir (espérance pour le chemin à venir).

Le passé

L’évêque luthérien émérite Jonas Jonson fit mémoire de la procession de 1925, décrivant les larmes, les espérances et la fraternité naissante. Il rappela comment les murs du nationalisme et des divisions confessionnelles avaient commencé à tomber, et comment, pour la première fois, orthodoxes et protestants avaient coopéré. « Les blessures ont été pansées. Les tensions amères ont été apaisées. La responsabilité éthique des Églises s’est élargie pour englober chaque âme vivante dans le monde entier. L’unité spirituelle des chrétiens a montré qu’elle était suffisamment forte pour assumer la tâche de l’unité, de la paix et de la justice sociale. La conférence de Stockholm a marqué un tournant dans l’histoire de l’Église. »

Le présent

Sofia Camnerin, secrétaire générale du Conseil chrétien de Suède, rappela que l’unité existe déjà, enracinée dans la Trinité. L’œcuménisme n’invente pas l’unité, il la révèle. Dans un monde de violence et de division, elle souligna que l’unité et la fraternité sont des instruments de paix.

Elle affirma : « Dieu est près de nous maintenant. En ce moment même – chacun d’entre nous, où qu’il soit – Dieu continue de créer le monde, permet chaque respiration, envoie son Esprit, aime le monde au point d’y apporter l’unité et la réconciliation. Cela se passe en ce moment même, même si parfois, cela semble aller dans la direction opposée. »

L’avenir

La pasteure de l’Église libre, Lisa Fredlund, évoqua une vision poétique : le Christ venant à notre rencontre, essuyant les larmes, libérant la création. Mais elle insista : d’ici là, l’Église doit être sa présence sur terre, semant la graine de moutarde qui devient un grand arbre.
Elle exhorta : « Nous devrions trouver le courage de rencontrer d’autres personnes que nous ne rencontrons pas normalement dans nos propres cercles. Jésus n’a pas eu peur de se perdre ou de perdre sa réputation en rencontrant des gens – il est resté ferme dans sa position. Nous devons aller là où personne d’autre ne va. Nous devons y planter notre tente, pas seulement pour visiter ou jeter un coup d’œil en passant, mais pour prendre le temps de comprendre. »

Tous les intervenants convergèrent : l’œcuménisme est aujourd’hui un projet de paix. Les défis actuels – guerres, injustice économique, crise climatique, migrations, intelligence artificielle, fracture sociale – exigent une réponse chrétienne commune.

Revenir aux sources de la foi chrétienne

En cette année du 1700e anniversaire du concile de Nicée, son credo fut récité à deux reprises dans les cathédrales de Stockholm et d’Uppsala. Dans cette dernière, le patriarche Bartholomée le proclama en grec, comme l’avait fait le patriarche d’Alexandrie Photius en 1925. Ce geste unique établissait un lien entre le concile de Nicée (325) et la conférence de Stockholm. L’assemblée en fut profondément marquée : l’unité visible des Églises embrasse à la fois le temps et l’espace. Elle est l’œuvre de l’Esprit Saint.

Flávio Pace, secrétaire du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, lut le message du pape Léon XIV, rappelant que Nicée avait permis de préserver l’unité chrétienne. Si l’Église catholique n’était pas présente en 1925, elle est aujourd’hui pleinement engagée dans le mouvement œcuménique. Le pape ajouta :
« Ce qui nous unit est bien plus fort que ce qui nous divise. La volonté du Christ est que nous soyons ensemble pour témoigner de lui. Nous croyons que l’unité que le Christ veut pour son Église doit être visible, et qu’une telle unité grandit à travers le dialogue théologique, la prière commune – lorsque cela est possible – et le témoignage partagé face aux souffrances de l’humanité. »

Dans un monde marqué par la violence, où le Malin travaille à nous diviser, Flávio Pace appela les Églises à revenir aux sources de leur foi, en se rendant à Jérusalem pour le Jubilé des 2000 ans de la résurrection du Christ en 2033.

C’est aussi l’interpellation de l’archevêque luthérien Martin Modeus, dans son homélie : « Si je suis proche de Jésus ressuscité, je verrai ce qu’il voit et je pourrai faire ce qu’il fait. » Cette présence du Christ donne la force de se réconcilier « soixante-dix-sept fois sept fois », comme le dit l’Évangile de ce jour (cf. Matthieu 18,18-21).

Dans un atelier où j’ai présenté l’initiative JC2033, invitant à un chemin d’unité et de témoignage vers 2033, j’ai rappelé que la foi dans le Dieu trinitaire, révélé dans la mort et la résurrection du Christ, fonde tout engagement pour la justice et la paix. Les premières paroles du Ressuscité à ses disciples sont en effet : « La paix soit avec vous. » (Jean 20,19).

Conclusion : un chemin pour demain

En 1925, les Églises, sortant des ruines de la guerre, firent un pas décisif vers l’unité, en confessant leur péché, en proclamant la foi trinitaire et en se mettant au service de la paix.
En 2025, un siècle plus tard, des Églises plus nombreuses et plus diverses – catholiques et pentecôtistes incluses – renouvellent cet engagement.

La conférence de Stockholm fut un tournant qui fit tomber des murs et ouvrit des chemins nouveaux. Son centenaire rappelle que l’unité chrétienne n’est pas un luxe spirituel, mais une urgence missionnaire et une exigence de paix pour le monde.

Les cloches de Stockholm sonnent encore aujourd’hui pour nous rappeler l’appel du Christ :
« Que tous soient un, Père, comme toi et moi sommes un… afin que le monde croie. »

Photo: 24 août, cathédrale d’Uppsala, Photo: Hillert, COE

Autre article : Stockholm 1925-2025 : cent ans d’un chemin d’unité et de paix


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