Synodalité et œcuménisme

Castelgandolfo, 28 mars 2025. Le synode de l’Église catholique sur le thème de la « Synodalité » qui s’est tenu à Rome en octobre 2023 et 2024 a eu une dimension œcuménique par la présence de délégués d’autres Églises. Dans le cadre du Congrès du mouvement des Focolari, cinq participants à ce synode ont partagé leur expérience et l’impact qu’elle a eu sur leur propre Église. 

La présence des « délégués fraternels »

La présence de seize « délégués fraternels » d’autres Églises a été un événement. A plusieurs reprises, le pape François a déclaré qu’il n’y a « pas de synodalité sans œcuménisme ». Margaret KARRAM, la présidente du Mouvement des Focolari, a fait une expérience de l’Église universelle à travers leur présence qui a élargi son regard. Elle considère ce synode comme « un rendez-vous avec l’histoire ».  

Khajag BARSAMIAN, évêque de l’Église arménienne apostolique, a également été enrichi par les frères et sœurs en Christ de tant de contextes différents, mais unis par une foi commune. De même, la communion avec le pape François, présent tout au long du synode, a renforcé cette démarche. « Ce synode a été un moment de grâce qui a stimulé mon engagement dans l’Église et m’a rappelé que j’appartiens à une communauté vibrante en Christ », dit-il. 

Dirk LANGE a représenté la Fédération luthérienne mondiale et a été touché par la dimension communautaire du synode. « Être autour d’une table ronde nous a rassemblés et tout a été ancré dans la prière ». L’accent a été mis sur le sacerdoce de tous les croyants. Et, il est reconnaissant que les « délégués fraternels » aient pu intervenir, ce qui n’était pas le cas des « observateurs » d’autres Églises durant le Concile Vatican II. 

De gauche à droite, Elisabeth Newman, Brendan Leahy, Margaret Karram, Khajag Barsamian et la modératrice de la table ronde. Dirk Lange participait au débat par vidéo-conférence.

La méthode : la « conversation dans l’Esprit ».

Mgr Brendan LEAHY, évêque catholique de Limerick (Irlande), a été frappé que plus de mille amendements aient été apportés au document final. Les « délégués fraternels » ont aussi pu le faire. Il explique la méthode de ce synode : la « conversation dans l’Esprit-Saint ». Une méthode simple, mais profonde. Surtout, très relationnelle. Il s’agit d’abord d’invoquer l’Esprit-Saint. Que dit-il sur tel sujet : quelques minutes de silence sont prises pour l’écouter. Puis chacun est invité à dire sa perspective. Ensuite vient à nouveau un moment de silence avec la question : qu’est-ce qui vous a frappé dans la réponse de l’autre ? Les réponses viennent alors, à tour de rôle, en maximum trois minutes. Finalement, la dernière question est : où est-ce que l’Esprit nous conduit ? 

Pour Elizabeth NEWMAN, déléguée de l’Alliance baptiste mondiale, cette méthode est avant tout un processus de conversion. Ce qui nécessite du temps, car l’unité grandit à travers un pèlerinage commun, comme celui d’Emmaüs. La polarisation politique est très forte dans les Églises aux USA. Les différences ecclésiales s’estompent devant les compétitions politiques. Mais, la synodalité lui rappelle la nécessité de construire la confiance. « Quand on est ensemble en Christ, on peut se faire confiance les uns aux autres ».

Cette méthode n’est pas un processus démocratique et parlementaire, reconnaît D. LANGE. Elle a permis de trouver une autre voie, même dans des questions où l’on était en désaccord. On permet à l’Esprit-Saint d’abattre des barrières et de vivre une Église qui s’engage davantage pour la communion. « Si la conversation dans l’Esprit avait eu lieu au 16e siècle, il n’y aurait pas eu de division », s’exclame-t-il ! 

M. KARRAM note que cette méthode lui a donné de faire l’expérience d’une « Église relationnelle », où les relations se sont approfondies. Ce parcours est aussi à vivre au niveau local. L’important n’est pas d’en faire plus, mais de changer de style et de mentalité, en apprenant à collaborer davantage. Chez les Focolari, cette méthode n’est pas une nouveauté absolue. Quand Chiara Lubich parlait de « se faire un » et d’écouter la voix de l’Esprit, cela rejoint cette méthode.  

Quelle influence la méthode de ce synode a-t-elle eu sur les Églises ?

D. LANGE signale que cette expérience a inspiré la Fédération luthérienne mondiale à se demander comment elle peut mieux être une communion. Que signifie être en communion, telle est aujourd’hui la question essentielle ?

B. LEAHY a formé des personnes à la « synodalité », dans son diocèse. Il veut en vivre la dynamique : écouter, mettre de côté le jugement, accueillir, souligner ce qui est positif. Il estime qu’à l’avenir, il y aura des formes plus communautaires de discernement. Or, ceci est une nouveauté dans l’Église catholique. De plus, ce synode a mis en évidence la présence de Jésus ressuscité : « l’Église est l’espace où il se manifeste. Il faut lui ouvrir nos portes, car il agit pour sauver nos relations, pas seulement nos âmes », dit-il. 

La prière d’ouverture était très importante pour Elizabeth NEWMAN. Le fait que le président de l’Alliance baptiste mondiale soit à côté du pape François a eu un grand impact.  Elle a compris ce qu’est la « synodalité fidèle », fondée sur le fait que notre point de vue ne doit pas prévaloir. Perdre et gagner prennent une signification différente quand on se place dans le mystère du Christ qui a renoncé à lui-même pour nous réconcilier. Ce synode a été pour elle « une expérience de transformation ».

Khajag BARSAMIAN relève que le document final parle d’un « œcuménisme spirituel » et appelle à un élargissement de la mission pour affronter tant de nouveaux défis. Le respect mutuel vécu dans ce synode prépare l’avenir et une plus grande collaboration pour vivre le message d’amour du Christ. « Ce qui nous unit est le Christ ressuscité. Nous avons à le mettre au cœur de tout, et à être unis dans les choses essentielles, comme le voulait S. Augustin qui disait : « Dans les choses essentielles l’unité, dans les choses secondaires la liberté. En tout la charité », conclut-il. 

Le courage de l’espérance

Le mot de la fin de cette belle table ronde est donné à M. KARRAM, qui voit dans ce synode un signe d’espérance. La présence des « délégués fraternels » démontre la longue route que l’Église catholique a faite. Un grand pas a été fait : elle est devenue une Église relationnelle. Il faut communiquer cela tous azimuts. Cela donne l’espérance que l’unité n’est pas si lointaine. 

 « Comme chrétiens nous savons que l’espérance est une vertu. Avec la foi, elle est reliée à l’amour. Plus nous aimons, plus nous espérons. Cette rencontre est un petit signe d’espérance. Nous devons nous entraider à ne pas désespérer. Être ensemble nous donne le courage de l’espérance ».  

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