« Que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle » ? (Luc 10,25)
C’est la demande, peut-être sur un ton angoissé, qu’un théologien demande à Jésus. Ce dernier lui demande ce qui est écrit dans la loi de Moïse. Et le théologien répond par le double commandement d’amour : aimer Dieu et son prochain.
Et Jésus lui dit alors : « Tu as bien répondu, fais cela et tu vivras » ! Puis, à la question de l’homme, il précise, en racontant la parabole du bon Samaritain, que ce prochain est tout prochain, particulièrement dans la détresse, même s’il est un ennemi ou étranger.
En racontant cette histoire, Jésus ne fait que rappeler ce que l’Ancien Testament disait déjà : « Tu aimeras l’étranger…et tu aimeras l’ennemi ».
L’association entre l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain constitue, dans la tradition juive, le cœur de la Torah. Tous les commandements doivent être lus à la lumière de l’amour.
Dans le traité sur le Tamid de la Mishna, il est dit que pendant le rituel quotidien, matin et soir dans le Temple, les prêtres récitaient le Shema Israël avec son commandement d’aimer Dieu de tout son cœur.[1] Ce texte ajoute aussi que « l’amour, la fraternité, la paix et l’amitié devaient exister entre les prêtres ». Si l’amour du prochain est absent, tout le rituel n’est qu’une cymbale qui résonne !
L’amour pour Dieu et le prochain constitue donc le cœur de la vie dans l’Alliance entre Dieu et son peuple. Et la bénédiction donnée aussi matin et soir par le grand prêtre à l’issue de ce rituel indique que le croyant a besoin de la grâce de Dieu pour l’accomplir.
Le prêtre et le lévite qui descendent de Jérusalem à Jéricho savent cette vérité qui leur est rappelée deux fois par jour pendant le culte matinal et vespéral dans le temple.
Ils savent que s’ils mettent en pratique ce double commandement, ils seront heureux et vivront dans la vraie vie, comme le dit le Proverbe : « celui qui a pitié des plus humbles connaît le bonheur » (Prov. 14,21). Mais ils sont incohérents et ferment les yeux en passant devant l’homme blessé. Comme nous le sommes tant de fois lorsque nous ne prenons pas la peine d’accueillir notre prochain !
Dans son enseignement, Jésus a conjoint l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain de manière indissociable. Et ses dernières paroles sur la croix montrent que Jésus les a vécus jusqu’au bout et de manière parfaite, comme Messie en qui l’Esprit habitait en plénitude.
Ces quelques mots de Chiara Lubich le disent de manière lumineuse :
« Dans une communauté qui veut s’inspirer de l’amour que Jésus nous a enseigné, il n’y a pas de place pour les inégalités, la marginalisation, la négligence. Tant que nous verrons dans notre prochain l’étranger, celui qui trouble notre paix et perturbe nos projets, nous ne pourrons pas dire que nous aimons Dieu de tout notre cœur ».[2]
Les fruits de la Parole vécue
Je garde aussi en mémoire une rencontre inoubliable avec C. Lubich. C’était à Morges, près de Lausanne, en 2002 après qu’elle avoir prêché à la cathédrale de Genève.
Elle avait alors parlé des fruits de la Parole vécue. Elle illustre ce que Jésus a dit au maître de la loi : « Fais cela et tu vivras ». Voici quelques-uns de ces fruits dont parle Chiara :
– La Parole de Dieu provoque un total changement de mentalité.
– Elle nous introduit dans la vie surnaturelle ;
– La parole nous rend libres. « La vérité vous fera libres ». (Jean 8)
– La Parole nous assure la joie, le bonheur, la paix, la plénitude, la lumière
– La Parole purifie.
– La Parole convertit à Dieu et suscite quantité d’appels différents à le suivre.
– La Parole de Dieu donne des œuvres concrètes.
– La Parole suscite l’union avec Dieu.
– La Parole donne l’espérance de la vie éternelle.
– La Parole nous fait un, nous porte à l’unité et crée la communauté.
Que le Seigneur nous accorde une pleine mesure de son Esprit afin que nous vivions sa Parole de vie avec fidélité et créativité, pour recevoir tous ces fruits !
Une prière
J’ai écrit cette prière après une réflexion sur la place de la parole de vie dans le Paradis de 1949. Je voudrais vous la partager suite à ma méditation sur la parole de Jésus : « Fais cela et tu vivras ». Je l’ai simplement intitulée « vivre ta Parole ».
Vivre ta Parole, Jésus,
est une divine aventure,
avec toi vers le Père,
en compagnie des anges,
dans la communion de l’Esprit !
Vivre ta Parole
change notre mentalité,
conteste l’esprit du temps,
fait mourir le « vieil homme »
et vivre « l’homme nouveau ».
Vivre ta Parole
est un rocher qui nous porte,
un miel qui adoucit,
une huile qui guérit,
un vin qui réjouit.
Vivre ta Parole
greffe en nous l’Amour,
simplifie notre style de vie,
nous transforme en toi,
amplifie la voix intérieure.
Vivre ta Parole
est un feu qui purifie,
un torrent qui rafraichit,
une nuée qui enveloppe,
un soleil qui éclaire.
Vivre ta Parole
nous vide de notre orgueil,
met en nous ton humilité.
nous unit les uns aux autres.
nous transporte dans le Paradis.
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[1] Cf MIshnah Tamid, chap. 5
[2] Chiara Lubich, Un nouvel art d’aimer, Nouvelle Cité 2006, p. 53.