Prière à la communauté de Grandchamp, Neuchâtel.
L’Abbé Paul Couturier désirait que les monastères contemplatifs s’associent à une prière permanente pour l’unité : « Le monastère invisible est constitué par l’ensemble des âmes à qui l’Esprit saint a pu faire connaître le douloureux état des séparations entre chrétiens, et en lesquelles cette connaissance a engendré une permanente souffrance, génératrice d’une habituelle prière et pénitence. Il est invisible dans sa totalité éparse parmi toutes les confessions chrétiennes ».
Thomas Merton écrivait : « Si j’unis en moi les pensées et la piété des chrétiens d’Orient et d’Occident, des Pères grecs et latins, des mystiques russes et espagnols, je prépare dans mon âme la réunion des chrétiens séparés. De cette unité secrète et muette peut finalement sortir une unité visible et manifeste de tous les chrétiens divisés ».[1]
Les communautés de Taizé, Grandchamp, Bose, Mazille, Maldon sont des lieux d’échanges monastiques interconfessionnels. Sur le plan interreligieux le DIM (Dialogue interreligieux monastique) permet à des moines de diverses religions de découvrir des convergences.
La Communauté du Chemin Neuf, qui transmet l’héritage du Père Couturier, porte le « Monastère invisible »
Pourquoi le monachisme a-t-il une vocation œcuménique ?
– Il remonte dans le temps avant la division des Églises. C’est dans les monastères que l’on peut le mieux retrouver l’Église indivise des dix premiers siècles
– Il est animé d’un unique désir pour le Dieu d’unité ; cela entraîne l’unification de la personne et la communion avec tous
– On ne cesse de s’y nourrir de la Parole de Dieu et des vies, écrits des Pères et des saints de l’Orient et de l’Occident.
– Silence, méditation et prière sont sources de communion.
« Je confie particulièrement aux monastères de vie contemplative l’oecuménisme spirituel de la prière, de la conversion du cœur et de la charité », écrivait le pape Jean-Paul II [2]
Des communautés oecuméniques
La thèse de Matthias Wirz, Communautés monastiques interconfessionnelles, lieux d’expériences ecclésiales. Pour un œcuménisme spirituel narratif. (Genève 2024) analyse trois communautés oecuméniques : Taizé, Jesusbrusdrschaft (Gnadenthal) et la communauté de Bose.
Ces communautés ont cherché un chemin d’unité après la guerre pour Taizé et Jesusbruderschaft et après Vatican II pour Bose. Toutes ont une approche engagée, spirituelle et liturgique. Ce qui fait communion est la Bible. C’est en célébrant ensemble qu’elles font l’expérience de l’unité. Le partage de la vie spirituelle est un moyen pour grandir ensemble dans l’unité.
[1] Réflexions d’un spectateur incapable, Albin Michel, 1970, 26
[2] Jean-Paul II, Exhortation apostolique Vita consecrata, 1996, No. 101
Pour une introduction à l’œcuménisme, consulter aussi : « Histoire et dimensions de l’oecuménisme »