Yom Kippour et la logique des fêtes juives d’automne

Visionner le culte où cette prédication est donnée (à partir de la minute 40)

Le vendredi 11 octobre 2024, au coucher du soleil jusqu’au soir du 12 octobre, le peuple juif a observé le jour le plus saint de son calendrier, Yom Kippour, le jour du Pardon. Ce jour fait partie des « fêtes d’automne » avec le « Jour des Trompettes » et la « Fête des huttes (ou des cabanes) », qui sont reliées par une logique spirituelle que je vous invite à découvrir. Et qui nous parlent aussi à nous chrétiens…parce que « toute Ecriture est inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Timothée 3,16)

Pour la première fois, j’ai participé à la prière de la veille de Yom Kippour, à la synagogue de Lausanne et j’ai été édifié par son intensité. Ce jour-là, le peuple juif cherche le pardon de Dieu pour les péchés qu’il a commis contre lui. C’est un jour de purification et de réconciliation. Le livre du Lévitique dit en effet : « c’est le jour solennel où l’on effectuera sur vous l’expiation, devant moi, le Seigneur votre Dieu ». (16:30)

A Yom Kippour, Dieu promet de couvrir les péchés commis contre lui. Cependant, nous devons également demander pardon aux autres pour les fautes que nous avons commis contre eux et pardonner à ceux qui nous ont offensés. Dans les jours qui précèdent Yom Kippour, il s’agit de se tourner vers son prochain, puis, le jour de Yom Kippour, de se tourner vers Dieu. Comme l’a écrit Eliezer Shai di Martino, rabbin de la communauté juive de Lausanne, à l’occasion de la célébration de cette année: « Yom Kippour reste un message d’espoir. Espoir que même les pires pécheurs puissent se repentir, et que notre propre douleur soit apaisée par la prière et la « Techouva » (la repentance). Que ce jour nous aide à guérir et qu’il nous donne la force de pardonner » .

La logique des trois fêtes d’automne

Yom Kippour est en effet une des trois fêtes de l’automne qui ne sont pas isolées les unes des autres, mais ont une logique spirituelle. Elles sont présentées l’une après l’autre dans le chapitre 23 du livre du Lévitique et au chapitre 29 du livre des Nombres.

La première fête est Yom Terouah, la fête des Trompettes, le jour où l’on sonne le shofar, à savoir le cor, afin d’appeler à la vigilance. Elle est aussi appelée Rosh Hashana, c’est-à-dire le début de l’année:
« Le premier jour du septième mois, il y aura pour vous convocation sacrée : vous ne ferez aucun travail servile. Ce sera pour vous un jour de sonnerie (du shofar) » (Nombres 29,1)

Puis dix jours plus tard, c’est Yom Kippour, le jour du pardon.
« Le septième mois, le 10 du mois, vous vous réunirez pour m’adorer, moi, le Seigneur. Vous jeûnerez et vous ne ferez pas votre travail ordinaire…C’est le grand jour du Pardon des péchés. On les ajoutera aussi au sacrifice complet de chaque jour et aux offrandes de farine et de vin faites avec lui. » (Nombres 29,7,11)

Et, cinq jours après Yom Kippour, c’est Sukkot, la fête des huttes.

« Le quinzième jour du septième mois, il y aura la fête des Huttes pour le Seigneur – pendant sept jours. » (Lév. 23,33)

Ces trois fêtes sont reliées les unes autres : Yom Terouah (ou Rosh Hashanah), Yom Kippour et Sukkot, ou bien en français : les fêtes des trompettes, du pardon et des cabanes.

Le shofar – la trompette

A la fête des trompettes (ou Rosh Hashanah, le son du cor ou shofar en hébreu est un appel à réveiller nos consciences, dix jours avant Yom Kippour.

Le shofar est bien plus qu’une simple trompette. Tout au long de la Bible, il est utilisé pour signaler des événements majeurs – appeler Israël à la bataille, annoncer une victoire ou proclamer le couronnement d’un roi. Le son du shofar attire l’attention ; c’est un appel au réveil spirituel. Mais pour nous, en tant que croyants en Jésus, il annonce aussi quelque chose de bien plus grand : le retour de Jésus.

Dans le Nouveau Testament, nous lisons en effet, que lorsque Jésus reviendra, le shofar sonnera et les cieux s’ouvriront:

 « Le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. » (1 Thessaloniciens 4,16) 

Lorsque nous entendons le shofar, nous ne nous souvenons pas seulement de quelque chose du passé – nous percevons l’avenir. Il nous est rappelé qu’il y a encore un shofar ultime à souffler, un dernier coup qui signalera le retour de Jésus. Le son du shofar, à Yom Terouah et à d’autres occasions, est non seulement un appel à se réveiller pour se réconcilier en Dieu, en se tournant vers son prochain, mais aussi à se préparer pour ce jour où Jésus reviendra pour établir Son Royaume éternel.

Dix jours pour se réconcilier

Les dix jours qui séparent Yom Terouah (ou Rosh Hashanah) de Yom Kippour sont connus sous le nom de « jours redoutables ». Pendant ces jours, l’intention est de demander pardon à ceux que nous avons offensé et blessé.

Demander pardon ou pardonner à notre prochain est difficile. Pourtant Jésus nous invite à le faire même envers nos ennemis.

Il est intéressant de voir que Dieu donne dix jours pour restaurer les relations entre personnes et un seul jour pour restaurer notre relation avec lui, à Yom Kippour. Cela montre à quel point les relations sont importantes pour Dieu. Il faut pour cela une vigilance constante que la sonnerie du Shofar symbolise.

Dans le Notre Père, Jésus ne dit pas autre chose quand il relie le pardon donné par Dieu au pardon que nous avons à donner notre prochain :

« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » Et après avoir proposé cette prière, il ajoute, comme pour bien enfoncer le clou :

« En effet, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos fautes » (Mat 6,14-15)

Nous le voyons aussi dans ce même Évangile de Matthieu, où Jésus nous dit que si tu apportes une offrande à l’autel et qu’il y a un problème avec ton prochain, laisse l’offrande et va faire la paix avec lui avant de rendre un culte au Seigneur. (Mat 5,23s).

Il n’est pas facile de pardonner ou de demander pardon. De manière pédagogique, les fêtes d’automne prescrites par le Seigneur nous donnent dix jours pour pardonner. Si nous ne réussissons pas le premier jour, nous avons du temps devant nous pour réessayer. «Recommencer» est un des plus beaux mots de la vie spirituelle.

Jésus enseigne aussi que le pardon doit venir du cœur, « de tout son cœur », dit-il (Matthieu 18:35). Ce n’est qu’une fois que nous avons expurgé de notre cœur toute colère ou velléité de vengeance, que nous pouvons nous approcher de Dieu de manière sincère et qu’il nous écoutera.

Ce texte du livre du Siracide le dit avec force :

« Pardonne à ton prochain ses torts envers toi-même ; alors, quand tu prieras, le Seigneur effacera tes propres fautes.

Si tu gardes ta colère contre quelqu’un, comment peux-tu demander au Seigneur qu’il t’accorde sa grâce ?

Comment peux-tu prier qu’il pardonne tes fautes, si tu es sans pitié pour l’homme, ton semblable ? » (Siracide 28:3-4) 

La fête des trompettes nous prépare à demander pardon et à pardonner aux autres et à rechercher la réconciliation. Cette préparation se poursuit par le jour de jeûne de Yom Kippour, au cours duquel nous reconnaissons nos fautes devant Dieu. Et Dieu est fidèle et prêt à nous pardonner si nous nous tournons avec sincérité vers lui, en regrettant nos fautes.

Yom Kippour, c’est maintenant

Yom Kippour est un jour pour se placer avec sincérité devant Dieu, un jour pour examiner nos actions à la lumière de la parole de Dieu. C’est un temps où nous reconnaissons nos défauts devant Dieu qui voit tout et où nous recevons le pardon et la libération offerts par Jésus-Christ.

Pour nous, disciples de Jésus, Yom Kippour annonce en effet que Jésus est celui qui, par sa mort a accompli l’expiation, comme le dit le Nouveau Testament :

« C’est lui que Dieu a destiné à servir d’expiation par son sang, par le moyen de la foi » (Romains 3,25).

«Jésus-Christ…nous aime et nous a délivrés de nos péchés par son sang. » (Apocalypse 1.5)

Et, puisque Jésus est ressuscité, il est notre contemporain, alors le temps favorable pour recevoir son grand pardon et sa libération, n’est pas seulement un jour du calendrier dans l’année, mais chaque jour, et même chaque instant.

C’est maintenant que nous avons part au Christ et recevons toutes ses bénédictions « si nous gardons fermement, jusqu’à la fin, la confiance que nous avons eue au commencement ». (Hébreux 3,14)

Soukkot – La fête des cabanes

Enfin durant les sept jours de la fête de Sukkot ou des cabanes, Dieu vient habiter parmi nous, comme il l’a fait durant le temps de l’Exode du peuple d’Israël, où celui-ci a vécu dans des tentes pendant 40 ans. Et, au milieu de ces tentes se trouvait la « tente de la rencontre » où Dieu habitait parmi son peuple.

Pour nous chrétiens, Sukkot annonce que Dieu vient « planter sa tente au milieu de nous » (Jean 1,14). Depuis sa résurrection, Jésus est en effet « Emmanuel », Dieu avec nous. Et, à ceux qui se tournent vers Lui et vers les autres, dans le pardon et l’attention réciproque, il promet sa présence « là où deux ou trois sont réunis en son nom » (Mat 18,21).

*

En ces jours, laissons-nous illuminer par la Parole de Dieu. Qu’elle éclaire les secrets de nos cœurs. Approchons-nous avec humilité de Jésus dont le sang nous purifie de tout péché.

Approchons-nous aussi des personnes que nous avons offensées et demandons leur pardon. Nous ferons ainsi l’expérience de la paix et de la joie pour laquelle Dieu nous a créés.

Et le Seigneur s’infiltrera au milieu de nous comme il le promet!

À vous de jouer !

Y a-t-il une personne avec qui vous devez clarifier votre relation, en ce moment ? Recherchez cette personne afin de recevoir ce que Dieu promet.


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Commentaires

Une réponse à “Yom Kippour et la logique des fêtes juives d’automne”

  1. Avatar de Marie-Louise Zurkinden
    Marie-Louise Zurkinden

    Merci, cher Martin,
    Très beau commentaire… inspiré et apprécié!
    Alles Liebe und Gute Dir!
    Bien à toi,
    Perga

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