L’annonce faite Joseph

L’Evangile de ce dimanche parle de l’annonce faite à Joseph (Mat 1,18-24). Dans ce texte, Joseph apparaît comme le silencieux, le rêveur, le méditatif et l’actif. Voyons de plus près les quatre dimensions de ce « fils de David » à travers qui les promesses prophétiques s’accomplissent

 

Joseph, un silencieux

Il ne prononce pas un mot. A l’heure de la communication omniprésente, cela est étonnant. Celui qui ne communique pas n’existe pas me disait une fois un responsable d’Eglise. Il faut donc que tu communiques pour exister.

Joseph ne serait donc pas à l’honneur dans notre monde d’aujourd’hui, où la communication a envahi tous les domaines.

Savez-vous combien de fois en moyenne une personne en possession d’un Iphone ou d’un Smartphone le manipule : plus de 2600 fois selon une enquête réalisée sur une centaine de personnes ! Il semble que ces instruments soient devenus comme une extension de nos membres, une partie de nous-mêmes.

Joseph est donc un silencieux. Nulle part dans l’Evangile on n’entend une seule parole de lui. Il est l’homme du silence, en retrait.

Mais cela fait-il de lui quelqu’un sans caractère et personnalité ?

Je ne le crois pas. Se taire ne veut pas dire ne pas communiquer. Il y a des silences très parlants. Se taire, c’est communiquer autrement que par la parole. Dans l’Evangile, on voit que Jésus se tait à plusieurs reprises : devant les hommes qui voulaient lapider la femme adultère, Jésus se penche vers le sol, y écrit quelque chose et garde le silence. Devant le roi Hérode, Jésus garde le silence et le roi se met à le mépriser. Hérode n’a pas supporté ce silence qui révèle la sainteté et l’autorité de Jésus.

 

Joseph, un rêveur

Avant qu’il découvre la grossesse de sa fiancée Marie, Joseph rêvait d’un avenir normal, comme tous les hommes de son village, avec une jeune femme qui allait lui donner des enfants. Comme tous les jeunes de Nazareth, il rêvait d’avoir une belle famille, un bon travail, un foyer chaleureux. Un petit rêve d’une petite famille, avec une petite vie de charpentier. Un rêve normal, tout-à-fait honorable et compréhensible.

Et ce petit rêve s’effondre tout d’un coup au moment où il apprend que Marie est enceinte. Impossible de garder Marie dans son orbite, puisqu’elle l’a trompée avec un autre homme.

Mais voici qu’il fait un grand rêve : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint. Elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». 

C’est l’Évangile de Noël. Nous pourrions dire que c’est le « songe » de Noël : un enfant sauvera le monde entier de ses péchés, un enfant libèrera le monde de tout esclavage. Joseph, simple charpentier d’un petit village périphérique de l’Empire, se trouve à vivre dans un horizon nouveau et vaste, celui de Noël. Ce n’est plus un petit rêve, mais le grand songe du Seigneur, un songe d’Évangile, sans limites. Joseph s’éveille et fait comme l’ange le lui a ordonné : il prend Marie avec lui.

Et nous, avons-nous eu un grand rêve ? Un rêve qui nous a marqué et qui continue à nous nourrir ? Un rêve que nous cherchons à comprendre et à vivre, parce que nous avons la conviction que Dieu nous a parlé à travers lui ?

 

Joseph un méditatif

Si c’est le cas, nous avons à devenir méditatif comme Joseph. C’est le troisième trait de la personnalité de Joseph, le méditatif. Joseph écoute ce qui lui est dit. Il prend le temps de la réflexion et du discernement. Le temps est nécessaire pour accoucher d’une décision qui engagera toute sa vie.

Joseph le taiseux, le rêveur et le méditatif ressemble d’ailleurs à sa fiancée Marie. Elle aussi médite longuement sur les paroles qu’elle entend, depuis le début de son extraordinaire aventure où un même ange l’a visitée. Toute sa vie avec Jésus sera une méditation continuelle sur les paroles de son fils. Personne ne pourra dire la profondeur de leur dialogue dans la maison de Nazareth.

Joseph, avec Marie, nous enseigne l’importance de la patience, de la réflexion, de la méditation pour « accoucher » d’une décision.

Tant de décisions sont prises dans nos vies personnelles, dans nos vies communautaires, dans notre vie d’Eglise qui ne mènent à rien ou qui conduisent à des tensions ou des divisions, car on n’a pas pris le temps du discernement, de l’écoute profonde de toutes les nuances, car on n’a pas demandé à l’Esprit saint de nous envoyer un ange afin qu’il nous révèle ce qu’il faut faire.

Et quel sera le contenu de la méditation de Joseph ? Toute sa vie il méditera ce que l’ange lui a révélé : « Tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». Et : « Un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit Dieu avec nous ».

Joseph aura toujours ces deux noms dans son cœur et sur ses lèvres : « Jésus – Emanuel ». Il est le premier à vivre « la prière de Jésus », l’invocation continuelle du nom de Jésus. Un nom qui apaise, guérit, libère, sauve, unit.

Joseph nous invite donc sur ce chemin de la méditation du nom de Jésus.

 

Joseph, un actif

Parce que Joseph sait garder le silence, parce qu’il est à l’écoute de sa vie intérieure, parce qu’il sait méditer sur les paroles de Dieu (ce qui deviendra la « lectio divina »), Joseph devient aussi un actif.

Non seulement Joseph accueille la Parole de Dieu à travers l’ange, mais il la met tout de suite en pratique. Il vit la volonté de Dieu en se laissant guider pas après pas. Joseph est un « gardien ». Il gardera Marie et Jésus. Il met sa femme et son enfant sur un âne, comme le montre l’iconographie et se rend en Égypte, où il restera jusqu’à ce que l’ange le rappelle en Galilée.

 « En lui, nous voyons comment on répond à la vocation de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude, mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ ! Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres, pour garder la création ! », a écrit le pape François, dans son premier sermon après son élection.

Garder signifie donc aimer Dieu de tout son cœur et de toutes ses forces, mais aussi aimer son prochain comme soi-même. Pour Joseph cela impliquait de prendre des décisions radicales comme celle de protéger la vie en quittant son pays.

Pour un couple, cela veut dire garder la vive flamme de leur amour en se donnant l’un à l’autre. Pour des parents, c’est prendre soin de leurs enfants et des enfants de leurs enfants. Et pour les enfants c’est honorer leurs parents jusqu’à prendre soin d’eux dans. C’est aussi prendre soin des plus fragiles et des plus âgés.

La responsabilité de la garde ne s’arrête pas à la famille, mais concerne toutes nos relations. Également notre relation avec la nature, puisque nous avons à « cultiver et garder » le jardin de notre monde (Genèse 2).

Enfin Joseph est gardien de sa famille, car il sait « garder sur son cœur ». Il sait que de lui « jaillissent les sources de la vie » (Prov 4,23). C’est parce qu’il a une vie intérieure forte, qu’il est capable d’agir avec détermination.

Soyons donc avec Joseph des actifs qui gardent les dons de Dieu, dans un esprit de silence et de méditation et en gardant à l’esprit constamment le grand rêve que nous révèle l’Évangile, d’un Dieu qui est avec nous, qui libère et unit.

 

Prière

 

Esprit saint,

Créateur de nos mondes,

Gardien de nos vies,

Consolateur de nos cœurs,

Lumière de nos yeux,

Sans cesse tu agis et pénètres tout

Tu as parlé par les prophètes

Et au temps fixé tu as visité Marie.

L’enfant né d’elle est le Messie,

Rempli de tous tes dons,

Jésus, le Sauveur de son peuple,

L’Emanuel, à jamais au milieu de nous.

Esprit saint,

Tu guéris et tu réconcilies,

Tu libères et tu unis,

Tu pardonnes et tu purifies,

Tu appelles et tu envoies.

Donne-nous durant ce moment de silence

De nous ouvrir entièrement à toi.

Visite-nous et demeure en nous,

Eclaire-nous et conduis-nous vers la vie.


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