Croix de camague

Pour une année 2021 ancrée dans l’espérance !

Il y a une grande différence entre l’espoir et l’espérance. L’espoir se nourrit de projets humains pour un futur meilleur. L’espérance s’enracine dans la confiance en Dieu pour un avenir qu’il prépare. Elle est une « ancre pour l’âme, ferme et sûre » (Hébr 6,19) qui nous amarre solidement dans l’amour de Dieu. Son modèle biblique est Abraham, lequel a « espéré contre toute espérance » (Rom 4,18).

La rencontre des jeunes organisée par la communauté de Taizé, cette année, a eu lieu sur le thème de l’espérance, repris par la lettre de son prieur, frère Alois : « Espérer à temps et à contre temps ».

Que cette année soit « ancrée » dans l’espérance, tels sont aussi mes vœux de bonne – de meilleure ! – année !

Mais comment garder l’espérance dans cette pandémie quand beaucoup ont dû consentir à des pertes et des renoncements ? Comment traverser les problèmes de santé et les souffrances psychiques et spirituelles en restant debout ? Quelles conséquences aura la crise socio-économique actuelle ?

Quelles ressources puisons-nous dans notre foi quand elle est mise à l’épreuve, quand nos prières pour mettre fin à l’épidémie semblent rester sans réponse ? Comment nos communautés chrétiennes vont-elles rester unies alors que nous ne pouvons pas nous réunir concrètement ?

Dans le canton de Vaud, l’interdiction de chanter dans nos cultes a été douloureux, particulièrement pour les Églises protestantes pour qui le chant d’assemblée est si important.  Chanter c’est prier deux fois; cette interdiction coupe les ailes de la prière.

La situation actuelle a révélé la petitesse de nos efforts dans la lutte contre un minuscule virus. Elle nous oblige à un examen de conscience et à aller aux sources de l’espérance, comme nous y invite la communauté de Taizé.   

La personne d’Abraham nous rejoint, lui qui « espéra contre toute espérance…» quand Dieu lui a promis un enfant alors que lui et sa femme étaient très âgés (Rm 4,18-22).

 

Une ancre pour l’âme

Son exemple nous montre que l’espérance s’enracine dans la confiance en Dieu. Pourquoi est-elle une « ancre pour l’âme, ferme et sûre » (Hébr 6,9) ? Je vois au moins quatre raisons.  

D’abord, elle est une ancre pour la personne qui vit la Parole de Dieu. Faire sa volonté rend notre vie solide. Elle ne met pas son espérance ultime dans des programmes politiques, ni dans des progrès de la science, mais dans la promesse de Dieu qui nous veut heureux, comme le dit le prophète Jérémie :

« Car moi, le Seigneur, je sais bien quels projets je forme pour vous ; et je vous l’affirme : ce ne sont pas des projets de malheur mais des projets de bonheur. Je veux vous donner un avenir à espérer. » (Jér 29,11)

Deuxièmement, notre espérance est une ancre, car elle se fonde sur l’exemple de Jésus qui était animé, durant toute sa vie et sa passion par la conviction que Dieu le ressusciterait trois jours après sa mort si cruelle.

Ainsi quand nous sommes confrontés à la dureté de la mort, de l’injustice ou de quelque autre adversité, ne désespérons jamais ! Vivons-la devant Jésus qui a traversé toute sombre vallée dans l’espérance ! Et continuons à aimer notre prochain comme lui l’a fait jusqu’au bout, jusqu’au pardon !

Troisièmement, notre espérance est une ancre, car notre vie est cachée en Christ ressuscité : il est parmi nous et entend nos cris et nos prières. Il nous accompagne sur nos chemins, où, comme les disciples d’Emmaüs, nous ne comprenons pas, dans un premier temps, ce qui nous arrive.

Enfin, notre espérance est une ancre, car l’Esprit saint a été répandu dans notre cœur. L’espérance ne trompe pas, dit aussi Paul, car l’amour de Dieu habite notre cœur par l’Esprit saint qui a été versé en nous.  Notre cœur ne nous trompe pas car l’Esprit le transforme. (Rom 5,5)

Écoutons l’Esprit saint dans nos cœurs, comme nous l’écoutons nous parler à travers sa Parole, comme il nous parle aussi à travers nos sœurs et frères, en particulier à travers les plus petits!

Le poète Charles Péguy parlait de la « petite espérance » … « La petite fille de rien du tout ».

Pour lui l’espérance est « source de vie, parce qu’elle ne cesse de détruire l’habitude. Elle est semence de toute naissance spirituelle ».

Frère Alois, le prieur de Taizé a dit aux jeunes, ces jours-ci : « L’espérance selon l’Évangile, loin d’être une confiance naïve, est une invitation à changer notre regard, à faire renaître cette confiance qui nous vient du Christ : il a partagé notre condition humaine jusqu’à l’extrême souffrance de la croix, ouvrant ainsi un chemin de vie.

Par sa résurrection, le Christ nous ouvre un nouvel horizon, audelà des catastrophes sanitaires et environnementales qui pèsent si durement sur notre humanité. Sauronsnous discerner ce nouvel horizon ? » (méditation du 30.12.2020)

Oui, l’espérance est une ancre pour notre âme, car elle est arrimée à l’amour de Dieu manifesté en Jésus. Amour qui est un style de vie à vivre pas à pas, dans la confiance que l’Esprit saint nous accompagne jusque dans nos plus sombres vallées. 

Notre vocation de chrétiens est d’être témoins de cette espérance : « Soyez toujours prêts à présenter votre défense devant quiconque vous demande de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 Pierre 3,15).

Que cette nouvelle année soit donc ancrée dans l’espérance, soutenue par la foi et l’amour, comme le représente si bien la Croix de Camargue !

Et pour vous que signifie l’espérance ?

Pour commencer cette année je vous propose un temps de prière en trois étapes où nous pouvons dire les petits mots de la prière : « merci », « pardon », « s’il te plaît ».

1. Merci au Seigneur pour l’action de sa grâce, même dans les circonstances difficiles de l’année écoulée.

2. Pardon pour tout ce qui n’a pas été vécu dans son Esprit, pour toutes les fois où nous n’avons pas agi en « témoins de l’espérance« , en « collaborateurs de la vérité » (3 Jn 8).

3. Et enfin lui dire s’il te plaît en lui demandant que la force de l’espérance soit le phare qui illumine notre chemin, en priant pour ce qui nous tient à cœur, dans nos vies, l’Église, le monde.  

Martin Hoegger

Leysin, 31 décembre 2020 et 1er janvier 2021

 

 


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