Le serpent d'airain brandi par Moïse. Tableau de Berna

Jean 3,14-21. Guérir de la morsure du Taïpan du désert !

Aujourd’hui, l’évangile de Jean nous appelle à « regarder » la croix. Il en parle de manière mystérieuse en rappelant l’épisode des serpents qui ont attaqué les israélites dans le désert.

Le serpent d’airain brandi par Moïse. Tableau de Berna

Mon petit fils Laszlo, bientôt 6 ans, est fasciné par les serpents. Une de ses grandes joies est de visiter le vivarium de Lausanne ou que je lui montre des vidéos sur les serpents les plus grands ou les plus venimeux.


Savez-vous quel est le serpent le plus dangereux ? C’est le Taïpan du désert d’Australie. On peut d’ailleurs le voir au vivarium, ce qui ne manque pas de fasciner Laszlo. Voici ce qu’en dit Wikipedia :

« La virulence du venin du Taïpan du désert et sa rapidité d’action en font le serpent terrestre le plus venimeux du monde. Son venin est 100 fois plus toxique que celui du crotale diamantin et 25 fois plus que celui du cobra. Une dose de ce venin neurotoxique est capable de tuer 100 hommes adultes ou 250 000 souris ».

Que fait celui qui est mordu par un tel serpent ? Il cherche tout de suite un sérum…mais il a très peu de temps.

Dans le récit biblique, ceux qui regardaient vers le serpent que Moïse a élevé sur une perche étaient sauvés et guéris des terribles morsures des serpents qui les avaient attaqués.

Jésus utilise cette image pour nous faire comprendre que le regard vers lui est le sérum qui peut nous sauver des morsures du mal. Il ne faut pas tarder à le faire. Au contraire, c’est urgent, comme lorsqu’on est mordu par le Taïpan du désert…Et il nous laisse aussi entendre que nous avons tous été mordus par un tel serpent !

« De même que Moïse a élevé le serpent de bronze sur une perche dans le désert, de même le Fils de l’homme doit être élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

Le Fils de l’homme doit être élevé. A travers cette image, Jésus nous fait comprendre que le salut se trouve dans un regard vers la croix de Jésus.

Qu’est-ce que la croix ?

La croix est le fruit du mal et de la haine de ceux qui ont rejeté Jésus. Mais Jésus a préféré livrer sa vie plutôt que de détruire ceux qui le rejetaient. C’est toute la différence avec les terroristes qui détruisent la vie des autres pour leur cause.

Ainsi, en renonçant à faire violence et en choisissant de livrer sa vie, l’esprit de bonté et de compassion qui habite Jésus, est devenu le chemin par où Dieu nous transmet sa miséricorde.

Sur la croix, Jésus est l’image la plus parfaite de Dieu et de son amour. Ce Dieu-Père de Jésus, qui se révèle sur la croix, est le Dieu qui n’est qu’amour. C’est un Dieu fragile, vulnérable et désarmé.

L’amour de Dieu est-il présent dans les autres religions ?

Mais aujourd’hui, alors que les religions sont présentes de plus en plus dans notre pays et où l’on commence à s’intéresser à elles, on se pose légitimement la question : l’amour de Dieu est-il présent dans celles-ci ?

Oui. Peut-être vous en souvenez-vous : j’avais donné une conférence ici-même, il y a quelques années,  sur la miséricorde de Dieu dans les autres religions.

Il y a trois semaines, j’ai participé à une rencontre entre chrétiens et musulmans sur le thème : quelles sont mes sources quand je traverse un temps de désert ? Où vais-je puiser des forces ?

J’aimerais vous partager quelques perles que l’oratrice musulmane a dites au sujet de l’amour de Dieu. Je le fais car on a vite fait de caricaturer l’Islam, alors que durant cette conférence, le vrai Islam spirituel s’est fait connaître. Les caricatures n’aident pas au dialogue, ni à la rencontre et encore moins à partager l’Evangile.

Cette théologienne musulmane a d’abord dit que souvent les musulmans oublient que le Coran insiste sur le fait que Dieu est miséricordieux. 113 sourates sur 114 commencent en effet par l’invocation au Dieu miséricordieux.

 Que signifie la miséricorde, selon elle ? Elle veut dire Amour avec A majuscule. La racine « miséricorde » (RHM) exprime la plénitude d’amour qui ne connaît aucune limite.  

Je la cite : « La seule chose que Dieu me demande est : Garde-moi en toi ! » Protège-moi en toi ! Fais l’effort que je reste en toi ! Ta part est de garder ta beauté. Dieu ne peut pas ne pas être amour. Les ombres, c’est nous qui nous nous cachons de sa lumière ».

N’est-ce pas beau ?

Il y a vraiment entre les religions monothéistes des belles convergences sur l’importance de l’amour de Dieu, qui conduit à pratiquer la miséricorde envers les uns et les autres.

Il ne faut jamais l’oublier, surtout lorsqu’on voit des hommes, au nom d’une compréhension dévoyée de leur religion, justifier les pires atrocités et violences.

Mais alors, quelle est la spécificité de l’amour de Dieu dans notre foi chrétienne ? Eh bien le texte que nous méditons ce matin le dit très clairement avec ce verset inoubliable, qui révèle le cœur de l’Evangile :

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ».

Sur la croix, sur le visage de Jésus, se révèle la profondeur de l’amour de Dieu. Le visage du Dieu en qui nous croyons, chrétiens. La croix est pour nous le cœur de notre identité et c’est pour elle que nous sommes prêts à donner notre vie et à avoir à notre lèvre le doux nom de Jésus comme ces 21 jeunes chrétiens égyptiens martyrisés récemment en Lybie.

Regarder vers la croix

Revenons maintenant à cette image énigmatique du serpent élevé sur une perche !

« De même que Moïse a élevé le serpent de bronze sur une perche dans le désert, de même le Fils de l’homme doit être élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

Dans le récit de l’Ancien testament, tous ceux qui regardaient vers lui étaient sauvés, guéris de la morsure des serpents dans le désert, symbole du mal.

Ce serpent cloué sur le bois était signe de la victoire de Dieu sur le mal, signe de son amour qui n’a de cesse de vouloir guérir et sauver tout être humain.

Déjà le livre de la Sagesse avait pressenti dans cet épisode un signe du salut et de l’amour de Dieu en décrivant le serpent de bronze comme « un signe de salut, qui leur rappelait le commandement de ta Loi. Celui qui se tournait vers ce signe était sauvé, non pas à cause de ce qu’il regardait, mais par toi, le Sauveur de tous » (16, 6-7).

De même tous ceux qui regardent à Jésus crucifié sont délivrés du mal, reçoivent la guérison de leur âme (toujours), de leur corps (parfois). Ce n’est pas pour rien que le serpent entourant la croix est devenu un des symboles des pharmacies en occident.

Regardons donc à la croix, à Jésus crucifié. Mais aussi n’oublions jamais qu’il est ressuscité. Le mot « élevé » dans l’Evangile de Jean désigne aussi Jésus ressuscité.

Quiconque est atteint par les morsures venimeuses des serpents d’aujourd’hui, qu’il tourne ses yeux vers cet homme « élevé » et il trouvera la guérison ! Jésus lui-même dit plus loin : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (12,32). Le salut ne vient pas de nous ou de nos traditions humaines. Le salut nous est donné.

L’importance de la foi

Mais notre libération, notre guérison, notre salut ne se font pas sans nous.

Notez l’insistance de ces versets sur la foi !

Elle est mentionnée six fois en six versets. Elle revient comme un leitmotiv :

       « afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

       « celui qui croit au Fils n’est pas condamné »…

Qu’est-ce la foi ? C’est ouvrir la porte pour nous exposer à la lumière. En venant parmi nous, Jésus fait briller la lumière du ciel. Il continue à la faire resplendir à travers la prédication de l’Evangile.

La lumière brille et elle frappe à ma porte et me demande une seule chose : de lui ouvrir ma porte pour pouvoir entrer chez moi. Mais jamais elle ne forcera ma porte. Elle a attend mon consentement.

Dieu ne peut et ne veut pas s’imposer, car on ne peut imposer  ou « acheter » l’amour. Dieu est au contraire un Dieu qui s’est exposé au refus de l’être humain. Un Dieu qui attend notre consentement sans jamais se lasser. Dieu veut nous sauver de notre propre destruction qui est de ne pas aimer.

Dieu : non pas une limite, non pas une menace, non pas un interdit, non pas une vengeance, mais l’Amour agenouillé qui attend le consentement de notre réponse libre et aimante. Le Bien est Quelqu’un, le Bien est une Personne, le Bien est une Vie, le Bien est Jésus.

Redisons-lui notre oui pour entrer dans cette vie qu’il promet !

Seigneur, tu connais mon cœur partagé.

Mes pensées sont à découvert devant toi.

Je ne peux me cacher loin de ta face.

Je viens donc à toi, désireux

de me rendre transparent à toi,

cherchant à être sincère.

Viens toi-même, durant se moment de silence, me révéler

ce qui en moi est amitié du monde.

Que ta Parole, comme une épée tranchante,

coupe en moi ce qui n’est pas de toi !

Que ton Esprit me rapproche de toi

et m’ouvre aux autres.

Seigneur, béni sois-tu pour ton Esprit qui accomplit des merveilles !

Baptise-nous chaque jour et chaque heure en Lui

pour que nous te cherchions et te rencontrions,

recevions ton pardon et vivions de ta liberté,

te connaissions et t’aimions,

te servions et te suivions,

témoignions de toi et prenions soin de notre prochain !

Saint Loup, 15 mars 2015.

Martin Hoegger 


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