Arcabas Passion du Christ

Le roi du cœur des hommes

Savez-vous quel dimanche nous vivons ? Le dernier ! Pourtant nous ne sommes pas le 31 décembre !

Nous sommes le dernier dimanche de l’année liturgique de l’Eglise. Alors notre regard se porte vers le retour du Christ.

Ce dimanche nous rappelle que tout passe ici-bas, que notre vie et notre monde auront une fin.

 Et que cette fin n’est pas la déflagration de l’univers et le non sens, mais la rencontre avec une personne qui est amour : Jésus, le ressuscité, le vivant !

Les deux textes du Nouveau Testament le disent : un jour Jésus, le roi du cœur des hommes et de l’univers reviendra juger le monde.

Il est celui qui vient, l’Alpha et l’Omega et il jugera toutes les nations de la terre (Apoc 1,5-8).

Il est le roi qui nous jugera sur l’amour que nous avons eu envers les plus petits (Matthieu 25,31-40).

Mais quel est l’idéal du roi dans les Ecritures ? Et, partant, de tous ceux qui exercent une responsabilité politique.

Pour cela je vous invite à lire le texte du livre des Rois, où nous assistons à la construction du temple et du palais du roi Salomon.

Il est riche en enseignements sur les tentations liées au pouvoir.

Je vous invite plus précisément à lire la page de I Rois 7,1-22

 

Pouvoir royal et humilité divine.

Ce chapitre montre le palais avec toutes ses dépendances que Salomon se construit. Un peu plus loin il est dit qu’il l’a construit « selon son bon plaisir », et non sur un ordre du Seigneur (9,1).

A partir de ce texte, je vous inviterai à nous poser quelques questions.

Ce palais, avec ses dépendances, est cinq fois plus grand que le temple. Le roi y consacre deux fois plus de temps que pour le temple (13 ans au lieu de 7 ans). C’est dire qu’il y a mis le double d’énergie.

1e question 

Où est ce que je mets mon énergie : pour mon bon plaisir – ou pour celui de Dieu ?

Il y a donc, à côté du Temple, un symbole puissant du pouvoir royal. Chaque état a besoin de signes visibles de son gouvernement et il est compréhensible que Salomon ait pensé à se construire un imposant palais.

Cependant la suite de l’histoire de Salomon et de celle de ses successeurs sera sans cesse marquée par l’ambivalence de mettre autre chose à côté (ou au-dessus) du Dieu de l’alliance : pouvoir de l’état et des forces armées, idoles des peuples environnants.

2e question

Qu’est-ce que je mets à côté de la volonté de Dieu ?

 

 

Relativité du pouvoir royal

La fin de ce texte parle des deux colonnes de bronze du temple réalisées par Hiram.

Leur nom est tout un programme : « Dieu affermit » et « En Dieu est la force ».

Elles sont comme un rappel permanent de la relativité du pouvoir royal. La description de leur construction, juste après celle du palais royal peut être comprise comme un avertissement : ce n’est pas par la puissance, ni par la force armée, mais c’est par la douceur de son Esprit, qu’agira le Seigneur. (cf. Zacharie 4,6).

Ces colonnes sont appel à la confiance en Dieu. En définitive, c’est en Lui que le cœur du roi doit se confier tout entier.

Mais, hélas, Salomon fera le choix de la magnificence plutôt que de la modestie, ce qui le conduira à la déraison et à l’idolâtrie (11,4ss).

3e question

Qu’est ce que je recherche ? Le prestige, le paraître…ou être proche des autres, en particulier de ceux qui peinent ?

 

 

L’idéal du roi

Dans l’Ancien Testament, l’idéal du roi, est clairement représenté par la seconde alternative : le vrai roi est celui qui défend la veuve et l’orphelin, prend soin des pauvres et des malades, ne méprise pas l’étranger, voit en chacun une créature à l’image de Dieu, digne de respect et de protection.

Un idéal magnifique, que de nombreux psaumes chantent !

Mais, hélas, en réalité les rois sont bien en dessous de cet idéal. Même le grand Salomon a été piégé par les tentations du pouvoir.

Peu à peu naîtra l’attente d’un roi messie, qui incarnera cet idéal.

Ce roi est Jésus qui accomplit l’espérance messianique d’une manière totalement inattendue.

Jésus ne ressemble pas aux rois avec leur luxe et leur protocole. Il est né sur la paille d’une étable. Il travaillait le bois de ses mains à Nazareth. Il touchait les lépreux et mangeait à la table des pécheurs.

Son « triomphe » a été d’entrer à Jérusalem monté sur un petit âne.

Et sa couronne était faite d’épines.

« Es-tu le roi des Juifs ? » lui demande Pilate. La réponse de Jésus lève toute ambiguïté : « Mon royaume n’est pas de ce monde »

Pourtant Jésus montre le chemin de la royauté et du vrai exercice des responsabilités politiques.

 

Le roi au service des plus petits

Dans le texte étonnant du jugement dernier de l’Evangile de Matthieu (25.31-40), Jésus est le roi qui nous jugera sur l’amour envers les plus petits.

C’est en eux que nous le rencontrons tous les jours : j’étais malade, prisonnier, étranger, nu…et vous avez pris soin de moi.

« Tout ce que vous avez fait au plus petit de mes frères et sœurs, c’est à moi que vous l’avez fait » (25,40)

Nous connaissons ce texte par cœur.

Mais j’aimerais ce matin vous proposer une autre interprétation.

Jésus est non seulement celui qu’on rencontre dans les pauvres, mais aussi ce roi qui prend soin d’eux.

En fait, il est le seul qui ait totalement réalisé cet idéal du roi à la fois doux et humble de cœur et plein d’autorité.

Il est celui qui prend soin du pauvre, du malade, de l’étranger, du prisonnier…

En mettant les plus petits au centre, il est l’inspirateur de toute vraie politique sociale, de la santé, de l’intégration, de l’éducation, de la défense, etc…

Mais en même temps Jésus n’est pas roi tout seul. Il ne veut pas l’être sans nous.

Par notre foi et notre baptême, nous sommes aussi « rois et prêtres » (Apoc 1,6).

Nous aussi avons cette responsabilité de prendre soin les uns des autres, en particulier des plus petits et de les défendre, depuis le sein maternel jusqu’à la mort naturelle.

L’état ne peut pas tout faire. Et il ne doit pas tout monopoliser, comme cela se faisait dans les dictatures communistes qui interdisaient les associations caritatives.

Nous avons chacun, à notre niveau, notre part de responsabilité.

 

Honorer notre roi

 

Comment t’honorer, Jésus, le roi doux et humble ?

T’honorer ce n’est pas fêter ta victoire comme une armée qui défile.

Garde-nous de tout triomphalisme !

Te rendre honneur, c’est écouter ta voix.

Donne-nous de faire taire en nous la vanité de ce monde !

T’honorer, c’est conformer notre vie personnelle, familiale, professionnelle, sociale, à ta vérité.

Donne-nous le courage d’en témoigner !

T’honorer c’est t’imiter, toi qui n’est que le «témoin fidèle », serviteur d’un Dieu humble.

Donne-nous l’esprit de service !

T’honorer c’est aller aux marges, comme toi, pour rencontrer les plus petits de nos frères.

Donne-nous l’élan pour sortir de nos habitudes !

Ne laisse pas ces « rois » de pacotille que sont l’argent, le confort, la vie superficielle, le succès mondain envahir nos cœurs à la place toi !

Toi dont le règne n’est qu’amour !

Toi le roi de notre cœur que nous voulons aimer de toutes nos forces !

 

Tableau: Arcabas: le Christ Roi


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