S. Petrone liturgie

Souviens-toi

 L’Eglise de Sardes du livre de l’Apocalypse pourrait être la lointaine ancêtre de nombreuses communautés chrétiennes actuelles dans notre « vieille Europe » fatiguée par la foi chrétienne.

Le Christ l’interpelle car elle s’est attiédie au cours des ans. Elle donne l’impression d’être en bonne santé et active, mais, en fait, la force de la foi ne l’habite plus.

 Pourtant un reste fidèle demeure. Il s’agit de l’affermir, non de le décourager.

Quels sont ces appels du Christ ? Ils nous viennent à travers cinq impératifs que j’aimerais souligner : Sois vigilant ! Affermis ! Garde la Parole ! Repens-toi ! Souviens-toi !

Sur ces cinq impératifs on pourrait faire cinq méditations. Mais ce soir, je voudrai approfondir le cinquième : « Souviens-toi ! »

Se souvenir est un verbe essentiel dans la structure de la foi chrétienne.

Le peuple de Dieu est constamment appelé à se souvenir.

C’est un des dix commandements : « Souviens-toi du sabbat pour en faire un jour sacré » ! (Ex 20,8)

Dieu lui demande de se souvenir de tout l’amour qu’il lui a montré en le délivrant de l’Egypte. « Souviens-toi de ce que le Seigneur ton Dieu a fait au pharaon et à toute l’Egypte » ! (Deut 7,18)

« Souviens-toi des jours d’autrefois : considérez les années, de génération en génération. Interroge ton père et il te racontera ; tes anciens et ils te le diront » (Deut 32,7).

Nous avons à nous souvenir de la bonté de Dieu, de ses actions, protections, libérations jour et nuit : « Lorsque je me souviens de toi sur mon lit, pendant les veilles de la nuit, je médite sur toi » (Psaume 63,7).

Ce n’est pas seulement le peuple de Dieu qui doit se souvenir, mais chaque être humain créé par Dieu : « Souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse, avant que viennent les jours du malheur » (Ecclésiaste 12,1).

Quand le peuple se détourne de Dieu, les prophètes l’interpellent en son nom : « Ainsi parle le Seigneur, ô mon peuple, souviens-toi ! » (Michée 6,5)

Et, quand les temps furent accomplis, avec la venue du Messie, le peuple de Dieu doit maintenant constamment se souvenir de lui : « Souviens-toi de Jésus-Christ, qui s’est réveillé d’entre les morts et qui est issu de la descendance de David, selon ma bonne nouvelle » (2 Tim 2,8) !

Un culte ou une prédication qui ne nous invitent pas à nous souvenir de Jésus-Christ, qui n’appellent pas à tourner nos regards vers lui, ne sont pas un culte chrétien !

Et au cœur du culte et de notre vie, il y a l’invitation de Jésus à partager du pain et du vin en souvenir de lui.

Quand Jésus dit « Faites ceci en souvenir de moi », il nous invite pas seulement à considérer le passé, ce qu’il a fait sur la croix pour notre salut, mais surtout à nous tourner vers lui, le Vivant ressuscité.

Se souvenir de lui, c’est avoir confiance qu’il continue à agir aujourd’hui comme il le faisait : il enseigne de paroles de Vie, il guérit, il libère, il pardonne, il protège, il nous donne de rester dans la patience et l’espérance dans les temps d’épreuve et de souffrance.

Dans notre texte, le Christ nous appelle à nous souvenir comment nous avons reçu et écouté sa Parole.

C’est une invitation à faire mémoire de notre conversion.

Un jour une parole de l’Evangile nous a rejoints.

Peut-être était-ce un événement subi(t) : une parole qui nous a transpercé le cœur et nous a mis à genoux en nous tournant vers Dieu ?

Certains ont vécu une conversion du type « Chemin de Damas ». La grande lumière du Ressuscité nous illumine, sans crier gare, et nous détourne de notre ancien style de vie.

Peut-être était-ce un événement progressif : peu à peu les Paroles de Dieu s’éclairent et un jour nous découvrons que le Christ est vraiment le vivant, le Ressuscité ?

D’autres ont vécu une conversion du type « Chemin d’Emmaüs ». Parfois c’est après un long chemin, fait de hauts et de bas et de vallées obscures, que nous découvrons le Ressuscité.

Quoi qu’il en soit, le Christ appelle à nous souvenir de notre propre chemin. Surtout de ces moments bénis où nous avons goûté à sa bonté. Ces temps où notre cœur brûlait de son amour en nous.

Se souvenir non de manière nostalgique, mais se souvenir pour lui demander avec ardeur d’allumer le feu de sa miséricorde en nous.

Lui demander un renouveau de notre foi, afin que nous fassions tout avec amour. Car si nous n’avons pas l’amour, nous ne sommes rien, même si nous accumulons les belles œuvres. (cf 1 Cor 13)

Seigneur, je te demande la grâce de me souvenir sans cesse,

de tes œuvres dans l’histoire de ton peuple, depuis les temps anciens,

de me souvenir de ton incarnation, de ta vie sainte,

de ta mort et ta résurrection pour notre salut,

de ton intercession continuelle en notre faveur

et de ta présence parmi ceux qui t’aiment.

Donne-moi aussi de me souvenir sans cesse

de tes bontés dans ma propre vie :

comment tu es entré en moi

plus profondément que l’air dans les poumons.

Comment le cours de mon existence a changé.

Comment ce moment béni est devenu l’axe de ma vie.

Qu’il soit toujours présent à mon esprit,

enflamme mon cœur

et me donne l’élan pour vivre ton Evangile avec tous !


Publié

dans

par

Étiquettes :