Matthias Grunewald Resurrection

Nous en sommes témoins ! (Actes 3,13-19)

Avez-vous déjà fait l’expérience de prendre la parole dans un groupe alors que vous sentez une hostilité ? Que de courage il nous faut parfois pour surmonter nos craintes ! Que de force d’âme nous avons besoin pour ne pas aller dans le sens du courant ! Toutefois quand nous sommes habités par une conviction forte, nous ne pouvons nous taire. Sinon les pierres crieraient !

 Cette expérience a été celle des apôtres et des premiers chrétiens qui ont dû témoigner de la résurrection du Christ, durant tout les temps des persécutions, c’est à dire presque trois cent ans !

Qu’est-ce qui leur donné cette force et ce courage de témoigner de Jésus, alors qu’ils risquaient le martyre ?

Ce soir nous voyons l’exemple de Pierre devant les responsables de Jérusalem.

Qu’est-ce qui lui a donné l’énergie non seulement d’annoncer la résurrection de Jésus mais aussi de dénoncer l’injustice dont il a été la victime ?

« Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez tué le prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins ». (Actes 3,17)

Ainsi l’annonce de la résurrection va de pair avec la dénonciation de l’injustice.

Voici ce que m’écrivait Nidal un ami chrétien de Bethléem, le jour de Pâques : « Pâques parle de Résurrection et de triomphe sur la mort, le mal, l’oppresion et les injustices. Pâques nous parle de l’amour absolu de Dieu pour les êtres humains, de l’espérance et de l’action pour mettre fin à la souffrance humaine ».  

Les apôtres ont su qu’après sa mort Jésus était vivant, car il s’est rendu présent à eux de façon privilégiée. C’est ce qu’on appelle les « apparitions ». Tous les récits d’apparitions dans l’Evangile expriment deux aspects. D’abord, la présence de Jésus est absolument réelle. Puis elle est un mystère qui introduit Jésus dans la vie de Dieu, en dehors du temps et de l’espace.

Commençons par le premier aspect : à savoir le caractère historique et spatio-temporel de la résurrection de Jésus. C’est bien dans notre histoire que Jésus est revenu à la vie et qu’il a rencontré les apôtres : « Regarde-moi, je ne suis pas un fantôme, un fantôme n’a pas de corps.» « Regardez mes plaies, c’est bien moi..» « Avez-vous du pain et du poisson ?..»

 

Pinchas Lapide sur la résurrection 

Pinchas Lapide, un grand savant juif a été frappé par cette conviction des disciples de Jésus qui les a conduits au martyre.

Il a donc étudié leurs témoignages et il est parvenu à cette affirmation surprenante : « J’accepte la résurrection de Jésus non comme une invention de la communauté des disciples, mais comme un événement historique ».

Pour lui ce qui explique le mieux la persévérance des chrétiens jusqu’au martyre pendant tant d’années est le fait historique qu’ils ont rencontré Jésus ressuscité.

Ce n’est pas leur foi qui a créé le récit de la résurrection de Jésus. Mais c’est la rencontre avec le Ressuscité qui est la cause de leur foi, de leur témoignage et de leur courage jusqu’à la persécution.

Quand un juif orthodoxe de premier plan fait une telle déclaration, sa signification peut difficilement être surestimée. Pinchas Lapide est un rabbin et un théologien spécialisé dans l’étude du Nouveau Testament.

Dans son livre intitulé « La résurrection de Jésus. Une perspective juive », il montre de manière convaincante qu’un minimum d’expérience irréductible sous-tend le récit de la résurrection dans le Nouveau Testament.

Il soutient que la vie après la mort fait partie de l’expérience de la foi juive, et que c’est la messianité de Jésus, et non sa résurrection, qui marque la division entre le christianisme et le judaïsme.

Toutefois, pour nous chrétiens, la résurrection de Jésus n’est pas simple retour à la vie antérieure. C’est son deuxième aspect. Elle est passage définitif d’un homme en Dieu. Et celui-ci est plus qu’un homme, mais il est le Messie qui a reçu l’Esprit de Dieu sans mesure. Il est avec nous jusqu’à la fin et se manifeste à ceux qui le mettent au coeur de la vie, en les remplissant du même Esprit qui l’avait habité.

Celui qui a reçu l’Esprit sans mesure le donne maintenant sans mesure afin que nous aussi ayons le courage de témoigner La présence de Jésus reste absolument mystérieuse : Marie-Madeleine le prend pour le jardinier. Les disciples d’Emmaüs marchent avec lui sans le reconnaître et Jésus leur échappe au moment même où il se laisse entrevoir.

C’est pour dire cela que les premiers chrétiens employaient des expressions comme: « Il a été exalté… Dieu l’a glorifié… Il est assis à la droite de Dieu… Il est le Seigneur »

Telle était la foi des apôtres. Même si c’était mystérieux pour eux, nous savons que c’était bien réel. Ils ont préféré – l’un après l’autre – mourir plutôt que de renoncer à ce qu’ils croyaient : Jésus est vraiment ressuscité et il est le Messie qui a reçu de Dieu l’Esprit sans mesure. (Jean 3,34)

Seigneur, donne-nous ton Esprit saint qui a animé toute ta vie.

Donne-nous l’Esprit pour que nous soyons des témoins courageux

pour dénoncer l’injustice et chercher d’abord ton Royaume !

Donne-nous l’Esprit sans mesure à nous aussi

pour que nous soyons de vrais disciples à ta suite,

tournés vers ton Père dans la foi

et vers notre prochain dans l’amour !

 

Tableau: Matthias Grünewald: La résurrection de Jésus sur le retable d’Issenheim


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