Icone des martyrs. S. Egidio. Reduit

« Martyrs dans le seul Martyr » Luc 9,18-24

      Icône des martyrs de la communauté de S. Egidio. En cette « Veillée de prière en souvenir de ceux qui offert leur vie pour l’Evangile » au cours de ces dernières années, je remercie la communauté de Saint Egidio de Lausanne pour cette belle initiative.

Nous sommes ici dans la chapelle de la Maladière, à Lausanne. Elle a été consacrée au Moyen Age à Lazare, le patron des lépreux. Ce lieu est le témoin de nombreuses léproseries, d’hommes et de femmes chassés de la rue. Elle est actuellement un lieu pour les gens de la rue.

En ce mercredi saint, nous sommes en chemin vers la Pâque du Seigneur. Lui, comme les lépreux de son temps a été rejeté. Il a rejoint la longue liste de tous ceux qui ont été renvoyés dans les marges.

« Lui, n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions,
ni apparence telle que nous le recherchions.

Il était méprisé, laissé de côté par les hommes,
homme de douleurs, familier de la souffrance,
tel celui devant qui l’on cache son visage ;
oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement ».
(Esaïe 53,2s)

En lui nous pouvons rencontrer tous ceux qui aujourd’hui aussi vivent et souffrent dans les périphéries existentielles de notre monde. Tout ce que nous faisons aux plus petits, c’est à lui que nous le faisons. (Mat 25,40)

En lui, nous faisons aussi mémoire de tous les martyrs de notre temps, de tous ceux qui ont donné leur vie parce qu’ils ont voulu suivre le chemin ouvert par Jésus.

 

Etre disciples

Il y a deux semaines j’ai participé à la Conférence missionnaire mondiale du Conseil œcuménique des Eglises, à Arusha en Tanzanie. Le thème était centré sur l’appel à être disciples de Jésus, dans la force de l’Esprit saint.

Un appel qui peut aller jusqu’à s’identifier à Jésus qui a aimé jusqu’au bout, jusqu’au don de sa vie. Un appel à « embrasser la croix », comme en a témoigné le patriarche de l’Eglise syriaque, Ignace Mor Aphrem qui a parlé du martyre des chrétiens en Syrie actuellement.

« Etre disciple du Christ signifie se donner entièrement à lui en se rappelant que s’il a été persécuté, nous le serons aussi. En effet le christianisme n’est pas le bienvenu car il remet en question les idées du monde », a-t-il dit.

Mais que signifie être disciple à la lumière du texte de l’Evangile de ce soir ?

 

Confesser le nom de Jésus

« Tu es le Christ de Dieu » ! répond Pierre à la demande de Jésus : « Et vous, qui dites-vous que je suis ». (Luc 9,20)

Etre disciple, c’est d’abord aimer le nom de Jésus : Il est le « Dieu qui sauve », sens du nom de Jésus. Il est le Messie rempli de l’Esprit saint, qui donne maintenant l’Esprit à tous ceux qui le reconnaissent. Il est le Saint, le Juste, vrai Dieu et vrai Homme. Nul homme n’a parlé comme lui : il est unique et indépassable, révélation définitive sur Dieu, l’humain et le monde.

Parce qu’il s’est présenté ainsi, Jésus a été rejeté et condamné. Aujourd’hui comme il y a bientôt deux mille ans, la confession du nom de Jésus ne laisse pas indifférent. Elle peut provoquer des réactions de rejet, jusqu’au martyre.

 

Suivre Jésus dans sa mort et sa résurrection

Puis être disciple signifie le suivre sur son chemin. Tout de suite après la confession de Pierre Jésus annonce sa mort et sa résurrection. Et il invite ses disciples « à prendre sa croix chaque jour et à le suivre ». (9,23)

Le disciple est avant tout celui qui suit Jésus. En tant que chrétiens, nous suivons une personne, pas des règles ni des principes. Au centre de notre foi, il y a Jésus mort et ressuscité.

Etre disciple c’est aimer Jésus et le suivre. Ce n’est pas mettre un avant une éthique particulière, ni des valeurs.

C’est la relation avec lui qui est décisive ; plus nous sommes proches de lui, mieux nous le comprenons.

C’est dans notre relation avec lui que résident notre authenticité et notre autorité. En lui seul, nous pouvons pratiquer toutes les valeurs qui l’ont toujours animé.

En lui toutes les valeurs, par lesquelles l’Esprit saint illumine tout homme (Jean 1,9), prennent sens et vie.

 

Scandale et folie des Béatitudes

Or suivre un Messie crucifié et ressuscité est « scandale et folie », comme l’affirme Saint Paul. (1 Cor 1,23)

Si Jésus n’a fait qu’aimer jusqu’au bout, son amour remet en cause toutes les formes d’injustice et d’impiété, de violence et de mensonge, d’exclusion et de mépris.

Nous allons faire mémoire de chrétiens qui ont suivi ce chemin d’amour de Jésus. Ils sont devenus « martyrs dans le seul Martyr », le Christ qui nous appelle tous sur un chemin de disciples.

En son nom ils ont vécu la Béatitude de la justice en prenant la défense des innocents : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés ».

En son nom ils ont vécu la Béatitude de la miséricorde, en se faisant proche des malades au risque de tomber eux-mêmes malades et de mourir : « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde ».

En son nom ils ont vécu la Béatitude de la douceur, en cherchant d’autres voies que la violence ou le harcèlement. « Heureux les doux, ils hériteront la terre ».

En son nom ils ont vécu la Béatitude de la pauvreté, en rencontrant le Christ dans les plus démunis et en défendant l’intégrité de la vie dès sa conception jusqu’à sa fin naturelle. « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux ».

En son nom ils ont vécu la Béatitude de la pureté, en s’opposant à la corruption et en rappelant la sainteté du mariage et de la famille. « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ».

En son nom ils ont vécu la Béatitude de la paix, en pratiquant l’hospitalité et la simplicité qui ont toujours animé Jésus. « Heureux les ouvriers de paix, ils seront appelés fils de Dieu ».

Oui, nous allons faire mémoire de quelques uns qui ont accueilli la lumière du Christ. Parce qu’ils l’ont reflétée, ils ont provoqué une réaction des ténèbres qui se cachent la face devant cette lumière.

Nous en faisons aussi l’expérience quand nous avons le courage de vivre ces Béatitudes.

Que l’Esprit saint nous donne redonne chaque jour ce courage !


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