Burnand Paques

Pâques : « Ils courent, ils courent »!

Ils courent, ils courent. Marie Madeleine, Pierre et le disciple que Jésus aimait. Le jour de Pâques commence par une course. Marie-Madeleine revient du tombeau en hâte et annonce aux deux apôtres ce qu’elle a vu, lesquels se mettent aussi à courir.

Pierre et l’autre disciple s’élancent vers le tombeau, comme le peint Eugène Burnand avec ce tableau si expressif (Jean 20,1-9). L’un court plus vite que l’autre. Le disciple que Jésus aimait arrive en premier au tombeau.

Mais il s’arrête net à l’entrée, alors que Pierre venu après, y pénètre et regarde.
Puis Jean entre, il voit et nous dit le texte: il crut.
Courir et croire. Voici les deux verbes qui me sont apparus en particulier à la relecture de ce texte.
Qu’est-ce qui a conduit les disciples à courir ainsi vers le tombeau?
Qu’y avait-il dans l’esprit de Pierre et du disciple que Jésus aimait lorsqu’ils courraient?

Notre monde court aussi, mais sans but
Mais où court-il? On a l’impression qu’il a perdu la boussole?
Dans quelle direction court-il ? On pu décrire notre époque comme le triomphe de la « dictature du relativisme ». Dieu est oublié. La foi s’érode lentement mais sûrement, effritée par les boues du consumérisme.
Il ne reste plus que les signes extérieurs de la foi, les cathédrales de pierre, mais les cathédrales intérieures, nos consciences, s’écroulent par le rejet de la foi.
Alors que nous sommes ici rassemblés à l’aube de ce grand jour, combien de familles, combien d’enfants se lèveront ce matin sans entendre la bonne nouvelle de Pâques.
On se lève non pour courir à cause de la joie de la résurrection, mais pour « faire ses courses », faire du footing, acheter les croissants du dimanche, ou bien s’engouffrer sur les routes du sud, où on attendra de longues heures sur les autoroutes surchargées.
Notre monde court, mais il a perdu sa boussole. Notre monde civilisé produit l’égoïsme, la violence et l’injustice. Beaucoup en souffrent et éprouvent un profond sentiment d’abandon.
Notre occident a tout sur le plan matériel, mais il est le plus pauvre en foi. Le cœur n’y est plus. La consommation à outrance ne peut le satisfaire.
En fait plus notre ventre, nos yeux, nos sensations sont stimulés, plus nous ressentons un vide en nous. Un vide qui nous dévore et nous conduit à consommer encore plus. Mais à un certain moment nous prenons conscience que c’est notre cœur qui a besoin d’être transformé.
Alors s’allume en nous ce désir d’un cœur nouveau, libéré des pièges et des séductions de la consommation.

Notre boussole dans la course
Sur le mur qui sépare Bethléem de Jérusalem, on peut lire ce graffiti: « Y a-t-il quelqu’un ici »? Les paroles de Jésus sur la croix nous reviennent alors à l’esprit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
En les criant, Jésus s’est identifié à nous tous. Nous en prenons conscience lorsque nous avons couru en vain, lorsque nous sommes confrontés à l’échec, au pied d’un mur infranchissable.
Jésus abandonné sur la croix est devenu notre boussole. En le contemplant nous découvrons que ce qui compte est de pardonner à ses ennemis, de marcher humblement avec Dieu, d’être attentionné envers tous, de tout faire avec le cœur.
Alors nous pouvons courir sur ce chemin nouveau que nous ouvre l’Evangile de Pâques.
Courir et croire ne seront plus deux verbes antagonistes. Comme si ceux qui croient seraient des gens inactifs, perdus dans leurs prières, isolés dans leurs églises.
Nous courrons avec un esprit de foi. La vie chrétienne devient une course divine, où notre boussole est Jésus ressuscité.
Après ce grand matin de la première Pâques, Marie-Madeleine, Pierre et Jean ont couru à travers le monde entier. Ils continuent à courir aujourd’hui à travers l’Eglise fidèle.
Marie-Madeleine, Pierre, Jean et nous.
Dans notre course, soyons animés par ce que Jésus nous a laissé avant de donner sa vie : le commandement nouveau, l’amour des ennemis, le pain vivant de la cène, la prière pour l’unité. Ces cadeaux de Jésus sont les boussoles qui nous indiquent la voie à suivre.
Cherchons à les vivre aujourd’hui autant que possible.
Et pour les vivre tournons-nous vers Jésus ressuscité. Renouvelons notre foi en lui, demandons-lui de la rendre sûre, quasiment certaine.
Alors que grandira notre foi, grandira aussi l’amour entre nous.
Alors, peut-être que Jésus nous fera la grâce de venir parmi nous comme nous ne l’avons jamais éprouvé.

Prière
Viens au milieu de nous, Seigneur ressuscité,
Comme tu l’as fait au jour de Pâques.
Viens pour nous ici réunis et pour tous
Ceux qui se rassemblent en ton nom !
Viens et donne la foi, la joie et la paix,
Donne aussi le pardon et la force de pardonner !

Verse en nous l’Esprit de sainteté,
Toi qui contient tous ses dons !
Envoie-nous dans ce monde
En commençant là où nous vivons !

Ote de nos cœurs toute peur, tout repliement !
Renouvelle-les entièrement !
Gonfle nos voiles du vent de ton Souffle,
Sois le capitaine de notre navire et vers le port
Conduis-le par les océans agités !

Réflexions et méditations sur la résurrection du Christ

Tableau: Eugène Burnand, Les disciples Jean et Pierre accourant au sépulcre le matin de la résurrection, 1898,
huile sur toile, H. 0,870 m ; L. 1,340 m,. Paris, Musée d’Orsay.


Publié

dans

par

Étiquettes :